mercredi 3 août 2016

PALE FROM SUNLIGHT - THE FAMILARITY OF LOSS




PALE FROM SUNLIGHT


- The Familarity of Loss






Genre : Depressive / Atmospheric Black Metal
Label : Great Plain Depression Records 
Date : 15 Juillet 2016

Tracklist :
1. The Mourning Rain
2. Dismal Dreaming
3. With Veins of Ice
4. Screaming the Eulogy
5. Hopeless Lament
6. Time Heals Nothing
7. Hope Just To Sin
8. My Light Has Burned Out






  Après un premier pas timide mais enthousiaste, en l’objet de 3 productions au fil de l’année dernière (l’une d’entre elles n’est certes qu’une reprise parue à part, pais il serait injuste au vu de sa qualité de l’exclure au compteur), Pale of Sunlight remet le couvert cet été avec son EP le plus conséquent, « The Familarity of Loss ». Encore une autre étape dans la carrière, discrète mais non moins sincère, de la formation qui place à chaque nouvelle sortie la barre plus haut et ne déçoit en rien; une marche peut être prudente, mais qui du même coup ne s’emballe pas et prend garde à ne pas trébucher. 
  En effet, la composition des morceaux, déjà auparavant astucieuse et bien à côté des clichés surfaits du DSBM coutumier, se fait de plus en plus mature et habile, mesurée et juste, loin de l’exagération d’une déprime plastique aux symptômes usagers que l’on rencontre malheureusement trop souvent dans le genre. Pale of Sunlight a d’original et de talentueux ce à quoi peu peuvent prétendre atteindre. « The Familarity of Loss » est un éclatant exemple d’une synergie parfaite entre guitare, basse, chant, claviers et percussions, chaque instrument offrant le meilleur de son panel de sonorités et d’émotions exprimables tour à tour, dans un ballet virtuose qui ne laisse, les oreilles sinon le coeur de l’auditeur, se reposer à aucun instant. Si les guitares viennent à s’estomper, après les témoignages d’une orageuse dépression commis par un riffing rugueux et grave, dans de discrètes mélodies d’arrière-fond, déjà presque oubliées, le vocaliste ou le batteur sauront s’évertuer à garder l’auditeur en haleine, proposant une tout autre émotion par des hurlements au timbre assez large pour de nouveau occuper le terrain, ou une entrée en jeu du percussioniste décidément habile, qui sait jouer de ses avantages et toutefois rester sagement à sa place de batteur de black metal atmosphérique/depressive. 
  Les musicens sont assez habiles pour se renouveller quasi perpétuellement (à chaque fois qu’une partie est finie, en fait) pour proposer une tout autre construction sonore, l’importance des rôles des différents instruments ne cessant de changer pour approfondir sans cesse l’un ou l’autre aspect de leur entité musicale, Pale of Sunlight, titre d’un DSBM mélancholique, perdu dans les affres d’une douleur acceptée, loin d’un désespoir qui regrette l’aube d’un bonheur passé, mais plutôt soeur d’une tenace lassitude remplacée uniquement par une lancinante souffrance de l’agonie qu’est devenue cette vie résignée.
  En parlant tout à l’heure de coeur, il peut paraître risqué pour la formation d’aborder avec franchise le sujet d’un amour perdu et déséspéré plutôt que d’un misanthropisme bien plus usuel dans le genre, peut paraître risqué pour le groupe (et oui, même ici, on aime souvent jouer les gros durs). Mais détrompez-vous, loin de l’emo/goth de 14 ans et demi déprimé par sa première déception amoureuse, les deux musiciens masqués proposent une approche très mature d’une représentation complète du déséspoir, du dégoût et de la tristesse humaine, comme peut y parvienne, loin de l’idéalisme idyllique généralisé, et tout de même à côté du cynisme dégoûté indécrottable, et très certainement saoulant au bout d’un moment. 
  La pièce est souvent composée d’entrées en matières faites de sonorités naturelles, de la pluie, du vent ou du simple silence peuplé d’interférences sonores à peines perceptibles, qui enflent doucement en de lentes processions de mélodies linéaires noyées de reverb, pour passer plus tard à un dégoût de soi balbutiant de rage, ou tout au contraire perdurer tout le long du titre pour mourir dans le souffle torturé du vocaliste à l’article de la mort. Ce dernier est d’ailleurs à féliciter, sa faculté à camper différentes émotions et les traduire par sa voix est d’une rare efficacité et justesse dans le propos, encore une fois, de concert avec l’oeuvre toute entière, c’est-à-dire mesurée. Capable de s’écorcher les cordes vocales dans un reverb vide et caverneuse à la fin d’un riff en crescendo, autant que de proférer d’infâmes plaintes éraillées, que de lancer des hurlements stridents et aiguisés palpitants de noire tristesse, le dénommé Vemetrith enchaîne une technique à l’autre, s’époumonant dans des cris growl doté d’un coffre surprenant, versant d’amers sanglots teintés d’une inexorable douleur, et lançant des hurlements stridents et aiguisés palpitants de noire tristesse. 
  Si ce sont bien les mêmes thématiques et grosso modo la même atmosphère que nombres des innombrables formations de depressive/atmospheric black metal proposent, elles sont amenées avec bien plus de justesse que la plupart de celles-ci ne le font. Bien à côté des émotifs qui se regardent dans leur douleur (si véridique soit-elle), c’est un travail de véritables virtuoses livré ici, doté de suffisamment de sentiments pour persuader, mais aussi d’assez de maturité, de procédés musicaux et d’orchestration pour convaincre, chose bien plus rare.






- Pestifer