dimanche 27 décembre 2015

ULTHA - Pain Cleanses Every Doubt

ULTHA


Pain Cleanses Every Doubt






Black metal
Date de sortie: 31 juillet 2015
Label: Ecocentric Records / Tartarus Records / Vendetta Records



Tracklist:
1. Crystalline Pyre
2. Perpetual Resurrection
3. Death Created Time To Grow The Things It Kills
4. You Exist For Nothing








De glauques sépultures aux stèles se dressant vers un ciel crépusculaire où même l'astre lunaire reste dissimulé derrière une masse nuageuse menaçante et drapant un logo que seul un oeil averti parviendra à déchiffrer, voilà un visuel qui ne laisse que peu de place au contenu de cet album, le premier pour ce quartet originaire de Cologne. Ah, l'Allemagne et son black metal! Je retrouve souvent dans cette scène cette faculté d'insuffler des ambiances moroses, un désespoir presque palpable dans un black metal pourtant racé, brutal et épique. Drautran, Lunar Aurora ou même Antlers chroniqué précédemment pour ne citer que quelques noms, ces groupes n'ont pas forcément le même son ni une direction musicale tout à fait similaire mais partagent le même talent pour créer un metal noir dans tous les sens du terme, sépulcral, désolant et pénétrant à la fois avec l'énergie du désespoir comme moteur et une furieuse amertume comme carburant.
Formé l'année dernière par d'ex-membres de Planks, Goldust ou Atka donc issus d'univers assez différents, Ultha façonne également son premier album sur ces critères généraux auxquels s'additionnent diverses influences, USBM contemporain (Xasthur ou Ash Borer cités en référence), black scandinave plus traditionnel (le Shining période III n'est jamais très loin) ou encore réminiscences de ce que Ralph Schmidt, sobrement dénommé R ici, pouvait faire dans son précédent groupe avec quelques incursions post-metal. Si ce dernier assure une partie du chant, c'est surtout au bassiste C que revient la tenue principale du micro dans un registre très proche d'un depressive black metal, sans jamais totalement sombrer dans les travers inhérent à ce style, sa voix torturée perçant une section instrumentale vindicative comme un éclair puissant déchirerait une nuit noire d'encre.

La musique développée par Ultha n'est ainsi jamais plaintive. Elle se matérialise autour d'une mélancolie profondément ancrée et qui ne quitte jamais l'album mais s'en sert comme d'un élan cathartique et salvateur, elle crache sa haine d'un monde injuste, misérable et dégoûtant, elle prend au tripes avec force et détermination plutôt que de se laisser aller à une résignation contre-productive. Les allemands se transcendent dans cet exercice et répondent à la part sombre de l'existence avec hargne, se montrant plus sombre et plus fort encore. Cette mélancolie est admirablement mêlée à un sentiment d'urgence omniprésent. Les 2 guitaristes abattent un boulot incroyable, construisant méticuleusement un véritable mur de son dans lequel les différentes lignes se superposent, se mélangent, se répondent et finissent par former un tout dense et profond. "Perpetual Resurrection" en est sans aucun doute le meilleur exemple avec sa longue instrumentation et ses sons qui sortent d'un peu partout en milieu de course, prenant l'auditeur par surprise lors de changements brutaux, de rythme ou d'ambiance.
Poussant l'exploration de ces idées noires plus loin encore, le morceau suivant "Death Created Time To Grow The Things It Kills" voit le quartet ralentir considérablement le rythme. On serait presque tenté de se lancer dans une comparaison avec un funeral doom bien plombant avant de se raviser devant la montée en puissance qui suit. Cette nouvelle approche ajoute une corde à l'arc des allemands, aérant (si j'ose dire...) un peu l'espace toujours aussi désolé avant de replonger dans le tumulte le plus total et de terminer en apothéose sur "You Exist For Nothing" au titre évocateur et au violent constat. Le morceau le plus court est aussi le plus haineux et apporte la conclusion qu'il fallait, s'abattant durement et froidement sur un auditeur probablement bien retourné s'il a tenu jusque là.

The Pain Cleanses Every Doubt, de ses 4 titres pour presque 40 minutes est un album qui malgré des premiers aspects assez traditionnels reste finalement difficile à appréhender. Nul doute que le groupe lui-même à fait preuve d'une certaine introspection lors de la composition, livrant une musique personnelle mais dans laquelle les fans des groupes précités se retrouveront sans doute assez facilement. Indubitablement black metal, Ultha démontre qu'il est encore possible de créer en apportant quelques nouveautés au style sans pour autant s'entourer d'artifices. Guitare, basse, batterie et rien de plus mais c'est dans la construction elle-même des morceaux que réside le talent du groupe. L'album donne ainsi une réelle impression d'unité, d'un véritable effort commun et surtout révèle déjà une belle maturité ce qui est assez étonnant pour un groupe formé il y a tout juste plus d'un an et dont les musiciens sont issus de genres musicaux très différents les uns des autres. 










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