dimanche 27 décembre 2015

ULTHA - Pain Cleanses Every Doubt

ULTHA


Pain Cleanses Every Doubt






Black metal
Date de sortie: 31 juillet 2015
Label: Ecocentric Records / Tartarus Records / Vendetta Records



Tracklist:
1. Crystalline Pyre
2. Perpetual Resurrection
3. Death Created Time To Grow The Things It Kills
4. You Exist For Nothing








De glauques sépultures aux stèles se dressant vers un ciel crépusculaire où même l'astre lunaire reste dissimulé derrière une masse nuageuse menaçante et drapant un logo que seul un oeil averti parviendra à déchiffrer, voilà un visuel qui ne laisse que peu de place au contenu de cet album, le premier pour ce quartet originaire de Cologne. Ah, l'Allemagne et son black metal! Je retrouve souvent dans cette scène cette faculté d'insuffler des ambiances moroses, un désespoir presque palpable dans un black metal pourtant racé, brutal et épique. Drautran, Lunar Aurora ou même Antlers chroniqué précédemment pour ne citer que quelques noms, ces groupes n'ont pas forcément le même son ni une direction musicale tout à fait similaire mais partagent le même talent pour créer un metal noir dans tous les sens du terme, sépulcral, désolant et pénétrant à la fois avec l'énergie du désespoir comme moteur et une furieuse amertume comme carburant.
Formé l'année dernière par d'ex-membres de Planks, Goldust ou Atka donc issus d'univers assez différents, Ultha façonne également son premier album sur ces critères généraux auxquels s'additionnent diverses influences, USBM contemporain (Xasthur ou Ash Borer cités en référence), black scandinave plus traditionnel (le Shining période III n'est jamais très loin) ou encore réminiscences de ce que Ralph Schmidt, sobrement dénommé R ici, pouvait faire dans son précédent groupe avec quelques incursions post-metal. Si ce dernier assure une partie du chant, c'est surtout au bassiste C que revient la tenue principale du micro dans un registre très proche d'un depressive black metal, sans jamais totalement sombrer dans les travers inhérent à ce style, sa voix torturée perçant une section instrumentale vindicative comme un éclair puissant déchirerait une nuit noire d'encre.

La musique développée par Ultha n'est ainsi jamais plaintive. Elle se matérialise autour d'une mélancolie profondément ancrée et qui ne quitte jamais l'album mais s'en sert comme d'un élan cathartique et salvateur, elle crache sa haine d'un monde injuste, misérable et dégoûtant, elle prend au tripes avec force et détermination plutôt que de se laisser aller à une résignation contre-productive. Les allemands se transcendent dans cet exercice et répondent à la part sombre de l'existence avec hargne, se montrant plus sombre et plus fort encore. Cette mélancolie est admirablement mêlée à un sentiment d'urgence omniprésent. Les 2 guitaristes abattent un boulot incroyable, construisant méticuleusement un véritable mur de son dans lequel les différentes lignes se superposent, se mélangent, se répondent et finissent par former un tout dense et profond. "Perpetual Resurrection" en est sans aucun doute le meilleur exemple avec sa longue instrumentation et ses sons qui sortent d'un peu partout en milieu de course, prenant l'auditeur par surprise lors de changements brutaux, de rythme ou d'ambiance.
Poussant l'exploration de ces idées noires plus loin encore, le morceau suivant "Death Created Time To Grow The Things It Kills" voit le quartet ralentir considérablement le rythme. On serait presque tenté de se lancer dans une comparaison avec un funeral doom bien plombant avant de se raviser devant la montée en puissance qui suit. Cette nouvelle approche ajoute une corde à l'arc des allemands, aérant (si j'ose dire...) un peu l'espace toujours aussi désolé avant de replonger dans le tumulte le plus total et de terminer en apothéose sur "You Exist For Nothing" au titre évocateur et au violent constat. Le morceau le plus court est aussi le plus haineux et apporte la conclusion qu'il fallait, s'abattant durement et froidement sur un auditeur probablement bien retourné s'il a tenu jusque là.

The Pain Cleanses Every Doubt, de ses 4 titres pour presque 40 minutes est un album qui malgré des premiers aspects assez traditionnels reste finalement difficile à appréhender. Nul doute que le groupe lui-même à fait preuve d'une certaine introspection lors de la composition, livrant une musique personnelle mais dans laquelle les fans des groupes précités se retrouveront sans doute assez facilement. Indubitablement black metal, Ultha démontre qu'il est encore possible de créer en apportant quelques nouveautés au style sans pour autant s'entourer d'artifices. Guitare, basse, batterie et rien de plus mais c'est dans la construction elle-même des morceaux que réside le talent du groupe. L'album donne ainsi une réelle impression d'unité, d'un véritable effort commun et surtout révèle déjà une belle maturité ce qui est assez étonnant pour un groupe formé il y a tout juste plus d'un an et dont les musiciens sont issus de genres musicaux très différents les uns des autres. 










vendredi 25 décembre 2015

NO RETURN + DEFICIENCY + TEMNEIN + INSOLVENCY 05/12/15 Chapelle Argence, Troyes




Une nouvelle assoc’ sur Troyes, on ne va sûrement pas dire non. Faut dire qu’à part TCPC, c’est un peu le désert par ici. Et pour une première, Les Enfants Terribles ont mis les petits plats dans les grands. Pas moins de 4 groupes investiront les planches de la Chapelle Argence malgré la défection de 2 groupes initialement prévus aussitôt remplacés (les danois d’Aphyxion et les tchèques de Pandemia, dommage pour moi, je suis ces derniers depuis plusieurs années sans avoir encore eu la chance de les voir sur scène). 
Mesures de sécurité renforcées obligent, j’arrive un peu en avance devant l’entrée où vous une petite assemblée de metalleux patiente déjà. Après la palpation réglementaire, direction la bar où le choix nous est proposé: bière allemande ou belge sans plus de précision… arf, bah on goûtera les 2 hein! 

Après un petit mot de Pierre en présentation de la soirée, ce sont les locaux d’Insolvency qui ouvrent le bal. La formation, plutôt jeune, livre une prestation déjà bien rodée et remue bien le public déjà en nombre. Leur metal moderne où s’entrecroisent metalcore, quelques riffs melodeath et thrash relevé de leads assez chiadés fait mouche et les 2 vocalistes se chargent d’apporter chacun leur touche personnelle. Quelques larsens désagréables viennent malgré tout troubler un peu la fête mais mission accomplie quand même pour Insolvency. 

C’est devant un salle bien chauffée que Temnein peut prendre la suite. Autant dire que les nancéiens ont fait du chemin depuis leur première démo: signature avec le label danois Mighty Music, un premier album et des dates à n’en plus finir y compris une tournée au Japon en compagnie de Beyond Creation et Mors Principium Est. 404 BC m’avait déjà tapé dans l’œil, restait à confirmer sur scène. Fort de son expérience scénique, le groupe occupe parfaitement l’espace et s’en donne à coeur-joie pour nous envoyer dans les oreilles son death mélodique puisant aussi bien chez les ténors scandinaves du genre qu’outre-Atlantique. On assiste donc à un show parfois groovy, parfois plus progressif, réhaussé de duels de guitares comme on les aime. Plusieurs extraits du prochain album sont joués et il me semble que si Temnein ne se défait pas totalement de ses influences premières, il s’oriente désormais vers une approche plus directe, comme ce “Panoptical” qui a tout de la machine de guerre pour remuer la fosse. Un agréable moment qui me donne franchement envie d’en savoir plus sur le prochain LP. À suivre! 

Deficiency a maintenant la lourde tâche de remplacer Pandemia. Le death metal des bouchers tchèques cède donc sa place à un thrash moderne mais franchement couillu. Quand il s’agit de thrash, je me dirige d’habitude plus naturellement vers la bonne vieille école, je dois pourtant reconnaître que Deficiency met le paquet et n’a aucun mal à me faire entrer dans son show. Si une comparaison doit être faite, je dirais que je pense parfois à Machine Head pour la modernité, Testament pour le pétage de gueule même si les lorrains parviennent à marquer leur empreinte sur leurs compos. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas pour me déplaire dans les 2 cas. Là encore l’expérience parle, le groupe ayant déjà ouvert entre autres pour Machine Head, Testament (justement!) Exodus et même Belphegor et le résultat est bien là: du gros riff, des morceaux efficaces que je ne demande qu’à redécouvrir en version studio, une patate d’enfer et la bonne humeur communicative en prime. Quand je sors fumer ma clope pendant l'entracte, les commentaires vont bon train: Deficiency, tout comme Temnein, a marqué les esprits. 

Vient le moment tant attendu et la légende du death hexagonal No Return investit les planches troyennes pour la première fois de son histoire. Nouveau chanteur, un guitariste pas si nouveau puisque Ben Antonio reprend du service, le groupe est accueilli par un public compact, de jeunes et de moins jeunes entièrement dévoués à sa cause. Plutôt normal après tant d’années de carrière mais qu’en est-il vraiment de ce No Return nouvelle mouture et de son petit dernier Fearless Walk To Rise? Autant le dire tout de suite, cet album m’a plu mais sans plus, me laissant l’impression que le groupe reste sur ses acquis. L’aspect mélodique y est certes plus développé mais sans déborder d’originalité pour autant. Cela étant dit, ces compositions passent le live à merveille et l’ambiance est à son comble. Autant de bonnes raisons de réitérer l’expérience de l’album sur lequel l’accent est évidemment mis et, preuve du succès de la soirée, on nous annonce bientôt que le stock de binouze est épuisé. Mais le No Return que je préfère, c’est celui du début des années 2000 et comble du bonheur, 3 morceaux de cette période nous sont envoyés en pleine poire comme une conclusion brutale à cette soirée, dont l’énormissimeVirus” qui me laisse définitivement à genou. 

250 entrées, bilan plus qu’honorable pour les Enfants Terribles pour une première dont nous ne pouvons que saluer la réactivité suite à l’annulation de 2 groupes. Une prochaine soirée est d’ors et déjà programmée pour le 9 avril afin de fêter dignement les 20 ans de nos fers de lance à nous que sont Visceral Dissection et Embryonic Cells. Rendez-vous est pris!


dimanche 20 décembre 2015

OLDD WVRMS - NØT

OLDD WVRMS




NØT






Doom / sludge
Date de sortie: 17 septembre 2015
Label: Indépendant



Tracklist:
1. Corrosive
2. Crawling Things
3. She Stands Behind
4. Erath







Tandis que Pantheist s’est délocalisé outre-Manche et se fait depuis plutôt rare tout en s’éloignant de plus en plus de son univers musical original, qu’Amenra n’a plus tellement besoin de présentation et poursuit sa pente ascendante, nous assistons depuis quelques temps à l’émergence d’une nouvelle scène belge se réclamant du doom / sludge avec, je dois, le dire, un certain talent. Nous pourrions par exemple citer Deuil ou encore Bathsheba dont le premier EP sorti plus tôt dans l’année est plus que prometteur mais intéressons nous aujourd’hui à Oldd Wvrms
Formée seulement l’année dernière au coeur des Ardennes belges, la formation ne tarde pas à ouvrir sa discographie avec Mater Serpentium paru en juillet soit à peine 2 mois avant NØT et devant la qualité de ce 4 titres, c’est tant mieux si le groupe se montre si prolifique sachant qu’il planche déjà sur un premier long play. Puisant son inspiration des vieilles légendes locales incluants sorcières et rituels oubliés, Oldd Wvrms se démarque des groupes précités en combinant à son doom / sludge les atmosphères funestes tirées du black metal mais aussi des influences plus old school, le types de riffs pachydermiques et groovy à la fois que l’on retrouve chez Electric Wizard voire Black Sabbath. 


Passé l’artwork signé Cryptworm qui en dit déjà long sur le contenu, doom et occultisme sont bien au rendez-vous, nous entrons dans le vif du sujet avec "Corrosive". Son intro parlée (les amateurs reconnaîtront un extrait de la série True Detective) annonce la couleur et impose déjà une pesanteur teintée de mysticisme mais ce n’est encore rien comparé à l’instant qui suit. Oldd Wvrms s’écrase de toute sa masse à l’aide d’une section rythmique percutante appuyant lourdement la guitare accordée au plus bas. Musicalement, un gros coup de massue. Et vocalement? La voix arrachée de Vince fait des merveilles. Sans être nécessairement très originale, celle-ci s’adapte parfaitement à cette atmosphère poisseuse et torturée. Une excellente entrée en matière, je suis déjà conquis.
"Crawling Things" poursuit le bal de sa lente montée en puissance. Ce morceau offre déjà une nouvelle facette du groupe et c’est cette fois la basse qui mène en grande partie la danse et donne tout son sens au titre. Tapie dans l’ombre, rampante, elle installe une aura malfaisante qui perdurera tout le long du morceau. S’ajoutent alors guitares lancinantes et chants clairs, proches d’un chant liturgique maudit se mêlant parfaitement au chant hurlé principal. L’association est assez surprenante, plus encore quand une voix féminine intervient de manière totalement imprévisible sur la fin du morceau mais fonctionne sans problème. Oldd Wvrms se montre décidément bien habile lorsqu’il s’agit de créer des ambiances envoûtantes. 
"She Stands Behind" reprend plus ou moins la même recette tout en ralentissant encore la chose. Evoquant des images de cimetières brumeux, de rituels occultes au clair de lune, plus lourd encore que les précédents, ce morceau nous ramène immanquablement, si ce n’est la voix, à ces ténors du genre mentionnés plus haut.
Oldd Wvrms conclut finalement sur une outro ambient aux sonorités aquatiques avec "Erath" ouvrant un peu plus le champs des possibles quant aux directions futures prises par le quartet.
Ce 4 titres étant d’une grande qualité et témoignant d’une maturité indéniable malgré la variété des influences qui le composent, je resterais très attentif quant aux prochaines sorties du groupe. Un album complet leur permettra sans doute de poursuivre leurs explorations musicales tout en développant au maximum toutes leurs capacités, déjà très séduisantes. Quand on se rappelle que le groupe n’a qu’un an derrière lui, on est clairement en droit de se demander de quel genre de monstre il va accoucher.


Si cet EP, de même que Mare Serpentium, est en "name your price" sur bandcamp, je ne saurais que trop conseiller à ceux qui préfèrent une copie physique de se dépêcher de s’offrir la cassette (old school jusqu’au bout!) sortie via Fear Of Gun, celle-ci étant limitée à 50 exemplaires seulement.


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mercredi 16 décembre 2015

BLACK ARTS CEREMONY IV - 17/10/15 Jack Jack, Lyon





Créée en 2010 afin de promouvoir en particulier la scène black metal sur la région lyonnaise, l’association Wintermoon Productions lance la même année la première mouture d’un festival au nom évocateur, le Black Arts Ceremony. Il faudra malgré tout attendre 2012 pour qu’une seconde édition voit le jour et l’événement est depuis devenu annuel, nous sommes en droit de nous poser la question de sa pérennité vue la faible affluence de cette année (à peine plus de 150 entrées le vendredi, même pas 200 le samedi). Bien que très underground, l’affiche avait pourtant de quoi allécher mais pas assez visiblement pour attirer les curieux. Pas mal de gens ont fait le déplacement d’assez loin, à commencer par votre serviteur, des régions voisines mais aussi des pays frontaliers, reste donc à savoir si le public présent ce week-end sera fidélisé. Pour ma part, je reviendrais avec plaisir l’année prochaine. 
Le Black Arts Ceremony fait en tout cas un pas en avant se déroulant désormais sur 2 jours. Point de CCO de Villeurbanne, cette fois c’est au Jack Jack de Bron, soit à quelques kilomètres de là qu’il faut se rendre, salle de très bonne qualité semble-t-il, les conditions acoustiques étaient en tout cas exemplaires d’un bout à l’autre. Seule l’infrastructure du lieu aura de quoi dérouter au début avec ses escaliers à monter / descendre selon que l’on rejoigne la salle ou le bar situé de l’autre côté. En parlant de bar, mention spéciale pour la brasserie qui a épanché notre soif, la Bière du Temps et surtout sa bière blanche, une vraie petite merveille. 
(Je tiens à préciser que les vidéos ci-dessous ne sont pas les miennes, merci à leur(s) auteur(s)!)


Mais laissons de côté ces détails et revenons à quelque chose de plus sérieux. Présent uniquement le samedi à cause de ce fichu boulot qui m’empêche de headbanger en rond le restant de la semaine et donc exit les Shaddai, Fides Inversa, Caïnan Dawn, Merrimack et autres Throne Of Katharsis...), les festivités débutent une nouvelle fois avec Maïeutiste qui fait aujourd'hui figure de touche locale. C’est assez frustrant de revoir ce groupe en tout début de soirée car si je me laisse encore facilement emporter par leur black metal très personnel, j’aimerais que cela dure plus longtemps afin d’en profiter au maximum. Après avoir chroniqué leur album et les avoir vu donc deux fois, je reste persuadé que Maïeutiste possède les atouts nécessaires pour devenir un futur “grand” de la scène hexagonale et j’ai vraiment hâte de voir comment le groupe va évoluer. 
Setlist:
Intro
In the mirror
The fall
Absolution
Lifeless visions
Death of free thinkers




Ce sont nos voisins suisses de Borgne qui investissent ensuite la scène. Changement d’ambiance donc puisque nous nous dirigeons tout droit vers un black metal plus raw, plus froid, plus sinistre. Ne connaissant que très moyennement le groupe (je fais partie de ceux qui ont leur préférence pour leurs compatriotes de Darkspace à qui on les compare souvent si ce n’est toujours) je serais surpris par la grande qualité de ce set. A la fois oppressive grâce à un véritable mur sonore qui se referme inexorablement sur moi, martiale avec cette boite à rythmes omniprésente mais idéalement placée et cosmique par l’usage de sons venus d’un autre monde, la musique de Borgne m’emmène tour à tour dans un cimetière brumeux un soir d’automne, une forêt enneigée voire carrément ailleurs, là où la gravité n’est plus. Il m’aura fallu pas moins de 7 albums et un concert pour me rendre compte que Borgne avait finalement plein de choses à dire et qu’il était fichtrement dommage de passer à côté plus longtemps. Rien que pour ça, merci le Black Arts Ceremony! 
Setlist:
Void miasma
The last thing you will see
Die trying to take off the rope
Fear
Abysmal existance
Suffer as I paid my grave






S’il est une raison qui m’ait réellement motivée à faire la route un week-end d’octobre jusqu'à Lyon, c’est bien Hetroertzen. Et s’il est un groupe qui donne tout son sens au nom du festival, c’est bien ce dernier. Les ayant découvert avec leur dernier album en date, Ain Soph Aur, je serais d’abord surpris de constater que le groupe se concentré essentiellement sur son précédent LP Exaltation Of Wisdom. Notons que l’absence de leur batteur n’est peut-être pas étrangère à ce choix celui-ci étant remplacé par le chanteur tandis que c’est Anubis qui se tient derrière le micro. Ce n’est qu’une supposition et après tout, on s’en fiche un peu car l’office est respecté à la lettre et le mot n’est point galvaudé. C’est une véritable messe noire qui se déroule sous nos yeux et je retrouve avec une grande satisfaction tout ce qui m’avait séduit sur album. Le décors étant paraît-il épuré, cela ne dérange en rien, le jeu de lumières accompagnant idéalement la musique et cela donne finalement un côté plus intimiste qui sied parfaitement à la formation chilio-suédoise. Quant au changement de vocaliste, il passe complètement inaperçu. Je n’aurais pas fait le voyage pour rien, entièrement conquis à la cause de Hetroertzen. 
Setlist:
Intro
Like the serpent
Perpetual eclipse stigmata
Blood royale
The final breath of mankind
The white priestcraft
Outro





Trop occupé à faire la queue pour chopper à bouffer (les crêpes, c’est bon mais long à préparer…) et à discuter tourisme zytologique avec le barman, la prestation de Baptism me passe entièrement sous le nez… Un extrait quand même, allez!




Et ce sont donc les athéniens de Dead Congregation qui poursuivent ma soirée. Sur cette affiche très orientée black metal, la formation grecque fait figure d’exception mais cela n’empêche pas le public de répondre présent, bien au contraire ce dernier se montre plutôt réceptif à leur death metal puissant et sans concession. Il faut d’une part dire que les auteurs des 2 excellents albums que sont Graves Of Archanges et Promulgation Of The Fall ne rechignent pas à noircir franchement leur musique et à y apporter divers effets occultes ce qui finalement est plutôt cohérent avec la thématique de la soirée. Et d’autre part, le quartet met les grands moyens pour nous décrocher les cervicales. Je connaissais assez peu le groupe si ce n’est quelques titres ici ou là mais son excellente réputation m’était parvenue et je dois dire que celle-ci n’est pas volée. Un groupe à voir d’urgence pour tous fan de death metal qui se respecte, et je parle là de ce bon vieux death metal primitif, couillu mais qui reste nuancé, celui qui ne s’épanche pas dans je ne sais quelle démonstration technique (je n’ai rien contre, juste l’effet de mode et ses suiveurs qui me gonflent). Non, là, c'est de l'authentique!
Setlist:
Lucid Curse
Quintessence Maligned
Morbid Paroxysm
Schisma
Only Ashes Remain
Promulgation of the Fall
Vomitchrist
Vanishing Faith
Immaculate Poison
Teeth into Red




Les shows de Deströyer 666 que j’ai pu voir par le passé ne m’ont jamais vraiment emballé. Bon, là encore, leur discographie ne m’est que très partiellement connu et c’était à chaque fois dans le cadre de festivals où d’autres groupes me semblaient plus intéressant. Je me laisse quand même tenter cette fois pour enfin me faire un avis définitif. Alors, je ne sais absolument pas si c’est le fait de jouer en salle mais le set des australiens fait rapidement mouche et puis honnêtement, si la bande de K.K. Warlust avait décidé de me prendre par les sentiments, elle ne pouvait certes pas mieux s’y prendre qu’avec cette reprise de « Black Magic » pas piquée des hannetons. Le reste n’est que riffs cinglants et hymnes black / thrash fédérant la totalité de l’assemblée sans difficulté. Une bonne grosse claque en fin de compte, sans finesse mais avec ce qu’il fallait de chaînes, de clous, de Jack Daniel’s et de poils autour. Je serais à priori bien moins frileux lors de leurs prochains passages dans le coin, pas de doute là-dessus!
Setlist :
Rise of the Predator
Live n burn
A Breed apart
Raped
I am the wargod
Satan’s hammer
Sons of perdition
Wildfire
Lone wolf winter
Black magic (Slayer cover)
Trialed by fire





Conclure la soirée par Sektarism… un pari risqué après les déferlantes Dead Congrégation et Deströyer 666. Ce qui est sûr, c’est que les toulousains proposent quelque chose de bien moins accessible. Au programme, c’est toute une cérémonie qui est mise en scène avec divers accessoires sur fond de funeral doom. Si tout cela avait de quoi m’intriguer, je déchante vite et je ne suis visiblement pas le seul, la salle se vidant de manière exponentielle. Des morceaux de 10 minutes de… rien, à part l’effet visuel, en live très peu pour moi. Dans un autre cadre, ou même sur album, peut-être…





Un chouette petit festival donc, que je recommande chaudement à tous ceux qui s’intéressent à la scène underground, black metal en particulier et qui a le mérite de concocter des affiches à la fois intéressantes, cohérentes et variées.

lundi 14 décembre 2015

LADLO Black Metal Night II 19/09/15 Nantes, Le Ferrailleur





2015, une année charnière pour Les Acteurs de l’Ombre. Lancement de sa nouvelle division Emanations, les 4 signatures à la clé que sont Aezh Morvac’h, In Cauda Venenum (qui vient juste de dévoiler un extrait du second album au passage), Lifestream et Profundae Libidines, le très attendu Exile de Regarde Les Hommes Tomber, 3 signatures de plus à savoir Maïeutiste et son album éponyme, Deluge et son Æther et enfin Moonreich accompagné de son Pillars Of Detest (et c’est sans compter The Great Old Ones qui commence sérieusement à se tailler une grosse réputation)… Bref, fallait bien fêter tout ça et ni une, ni deux, je me retrouve à nouveau au Ferrailleur de Nantes pour la seconde édition de la Black Metal Night. 
  
Maïeutiste ouvre les hostilités devant un public encore assez clairsemé. Ayant déjà eu l’occasion d’écouter l’album une paire de fois, je ne peux que constater que le groupe parvient sans mal à recréer ses ambiances, qu’elles soient noires et pesantes ou plus rentre-dedans. Les 3 guitares se complètent à merveille et l’équilibre entre puissance et mélodies est atteint sur scène comme en studio ce qui n’est pas une mince affaire tant les compositions sont riches et variées. Le chant est quant à lui parfaitement placé, y compris dans ses interventions les plus ésotériques. La musique remplit l’espace et l’assistance reste attentive de bout en bout se demandant probablement ce qui se passe, assurément un excellent début de soirée en compagnie d’un groupe décidément bien surprenant que j’aurais le plaisir de retrouver un mois plus tard, à Lyon cette fois, dans le cadre du Black Arts Ceremony (report à venir bien entendu). 




Malgré un souci technique qui les prive de son pendant quelques courtes minutes, Deluge livre également un set convaincant dans une pénombre percée de rafales stroboscopiques où le seul point de repère est la pluie qui accompagne la formation comme un instrument supplémentaire. Là encore, la puissance est de mise, les lorrains se défoncent sur scène et envoient leur hybride black metal / post-hardcore avec hargne et ne laissent que peu de répit si ce n’est le temps de laisser les éléments s’exprimer, posant une atmosphère glaciale et hostile. Même pris dans la tourmente, le temps passe finalement bien vite et c’est malheureusement assez rapidement que Deluge conclut non sans nous avoir laissé sur le pavé, que la pluie bat encore, par sa force implacable. 

  



J’avais l’année dernière reproché à Moonreich lors de leur passage au même endroit leur manque d’originalité, tout relatif soi dit en passant. Un an et quelques changements de line-up plus tard, un nouvel album en route, qu’en sera-t-il cette fois? Force est de constater que le groupe a ajouté de nouvelles cordes à son arc, variant bien plus les ambiances. Etonnamment surpris par cette (ces) nouvelle(s) orientation(s), je suis cette fois pleinement convaincu par la prestation des parisiens, tout en énergie furieuse. Avec déjà 3 albums et 2 EP au compteur, il ne fait nul doute que Moonreich est bel et bien arrivé à maturité et c’est sans doute l’expérience qui parle ce soir. Ne connaissant qu’assez mal leur discographie et n’ayant pas encore pris le temps de poser une oreille sur Pillars Of Detest, il me manquera juste cet aspect là pour entrer totalement dedans. Toujours est-il qu’il s’agit là d’une belle redécouverte comme j’aimerais en avoir plus souvent. 



Bien qu’il me semble que la soirée n’ait pas fait autant d’entrée que l’année dernière, Regarde Les Hommes Tomber investit la scène devant un Ferrailleur bien rempli. Dire qu’après leur premier album et une série de concerts ayant marqué les esprits, le groupe était attendu au tournant relève de l’euphémisme le plus complet et ce, même après le départ d’Ulrich retourné à ses affaires avec Otargos 
Comme à l'accoutumée le groupe délivre un set tout en puissance, ultra carré et impressionnant de précision. Les nouveaux morceaux bien qu'un peu différents de par la voix de Thomas plus orientée black metal passent haut la main l'exercice de la scène et finissent par nous achever littéralement. L'atmosphère est lourde, suffocante et la chaleur qui emplit désormais la salle décuple l'effet de la musique du groupe, plus que jamais fidèle à sa réputation de bête de scène. Regarde Les Hommes Tomber nous a de nouveau donné un avant-goût d'Apocalypse.




Les Acteurs de l'Ombre nous auront gâté une fois de plus et je ne peux que souligner le professionnalisme de l'équipe. L'avantage de rédiger son compte-rendu en retard, c'est qu'on peut dire un mot sur les projets à venir. Nous donnons donc rendez-vous au label pour la sortie du 1er EP de Barús (sludge d'excellente facture avec des membres de Maïeutiste) le 29 janvier sous l'étiquette Emanations ainsi que le 26 février pour le prochain album des sud-africains de Wildernessking dont je vous ai déjà parlé ici. Et je l'espère, pour une 3ème édition de cette black metal night qui risquerait fort de devenir mon nouveau point de chute chaque fin septembre.