vendredi 18 septembre 2015

DÉLUGE - Æther

DÉLUGE



Æther








Black metal / Post-hardcore
Date de sortie: 19 septembre 2015
Labels: Les Acteurs de l'Ombre



Tracklist:
1. Avalanche
2. Appâts
3. Mélas | Khōlé
4. Naufrage
5. Houle
6. Klarträumer
7. Vide
8. Hypoxie
9. Bruine











"Le tonnerre gronde au loin. La pluie tombe sans cesse, incisive et impitoyable. Tempête soudaine d’instruments déchaînés puis le calme, le calme absolu." Tel nous est présenté Déluge et son premier album à paraître sous peu chez Les Acteurs de l’Ombre. Outre son nom, il semble évident que l’eau fait partie intégrante du concept Déluge à commencer par cette pochette aux tons bleus et l’omniprésence des vagues, oeuvre de Valnoir, mais aussi dans les titres et jusque dans l’album lui-même.Voici donc un album qui arrive à un moment particulièrement opportun. L’automne approche à grands pas et déjà chez moi, c’est pluie en continu depuis plusieurs jours faisant de ce Æther un accompagnement des plus adéquats pour mes soirées en solo entrecoupées de cigarettes fumées laconiquement devant ma fenêtre à regarder les gouttes battre le pavé. Ça et puis il faut dire aussi que j’attendais avec une certaine impatience de découvrir un peu plus ce groupe assez mystérieux dont on ne sait d’ailleurs pas grand chose, tout secoué que j’ai été par leur EP 3 titres Mélas | Khōlé paru l’année dernière ainsi que par leur prestation en ouverture de Celeste en février.

Faisant donc de l’eau son thème de prédilection, le groupe lorrain nous la présente sous tous les aspects, du violent orage à la douce bruine automnale en passant par les avalanches les plus destructrices et impitoyables, comme en attestent d’ailleurs les titres comme je le disais plus haut. La pluie devient chez Déluge un instrument supplémentaire qui s’exprime pleinement tout au long de l’album variant les intensités à l’image des musiciens et installant une atmosphère assez particulière, froide, sombre et mélancolique où tout espoir d’un rayon de soleil s’éteint peu à peu.

S’inscrivant musicalement dans cette mouvance moderne où s’entrecroisent un black metal racé et post-hardcore virulent, Æther déchaîne les éléments sous une déferlante de riffs en cascade ne se calmant que de façon impromptue le temps de constater les dégâts. Il est bien question d’un véritable déluge, fait de blasts explosifs, d’accélérations dévastatrices et de tourmente sonore dans ce qu’elle peut avoir de plus frontal, qui s’abat de toute sa force et ne laisse que ruine et désolation derrière lui puis le calme, absolu donc laissant s’exprimer plus librement guitares clean ou piano sur quelques notes en guise de point final comme pour mieux souligner la violence de l’impact, brutal et sans compromis ou lors de pauses bienvenues propices pour reprendre son souffle avant que n’arrive le prochain ouragan.
Il arrive donc malgré tout que quelques sonorités plus claires, aériennes et cristallines percent les riffs tourbillonnants telles de très brèves éclaircies et permettant surtout à Déluge de diversifier son art, de le construire goutte à goutte comme la pluie et l’eau en général développe la nature, de surprendre comme le premier coup de tonnerre que l’on entend au loin un jour de canicule. Je pense particulièrement à "Klarträumer" dont les sonorités sont très proches de ce que la scène post-black peut offrir ou à "Mélas | Khōlé" sur lequel nous avons le plaisir de retrouver un certain Neige en guest.
Entièrement lié à son concept, Æther est donc une oeuvre riche et variée, sans doute bien plus qu’il n’y paraît à la première écoute. Et personnelle, très personnelle, toute la musique ayant été composée par le guitariste François-Thibaut Hordé celui-ci prenant ce projet très à coeur et nous offrant une oeuvre finalement assez intimiste, qui ne s’apprécie pleinement qu’en compagnie de soi-même et à une certaine heure de la nuit (avec un temps pourri c’est encore mieux). Jusque dans les textes écrits dans la langue de Molière, poétiques et imagés, ils s’accommodent parfaitement aux sentiments complexes ressentis à l’écoute de l’album et c’est aussi grâce au chant hurlé, colérique et plein de ressentiment de Maxime qui livre ici une prestation convaincante (même si j’avoue avoir eu besoin des textes pour tout bien comprendre… mais c’est un autre débat).

Déluge transforme donc l’essai sans l’ombre d’un problème avec ce premier album passionné et passionnant. Gare tout de même à ne pas se répéter à l’avenir le sujet me semblant assez limité pour d’autres albums à venir. Et si je me trompe, je ne demande qu’à être surpris.












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