lundi 17 août 2015

WOVOKA - Saros

WOVOKA



Saros







Sludge / Post-metal
Date de sortie: 14 avril 2015
Label: Locust Rising Music



Tracklist:
1. Chosen
2. Lament
3. The Sight
4. Trials
5. Sleep Eater
6. Prayer
7. Eclipse








Un saros est, en astronomie une période d’environ 18 ans utilisée pour prédire les éclipses solaires et lunaires. C’est aussi le premier album de Wovoka, groupe de Los Angeles ou plus exactement du désert qui borde la ville. Détails qui ont toute leur importance car si l’artwork semble évoquer une sorte de rituel sacrificiel en rapport avec l’alignement des astres, la musique créée par le quatuor fait immédiatement ressentir cette impression de vide, d’étendues désertiques à la chaleur insoutenable et de nature hostile.

Dès "Chosen" et son ouverture sur des larsens et une basse grondante suivis de ses riffs telluriques et écrasants, Wovoka impose lourdement sa marque de fabrique. Le rythme est lent, imposant, combinaison de sludge et d’atmosphères suffocantes post-metal que n’aurait pas renié Cult Of Luna ou Neurosis pour ne citer qu’eux. Puis viennent les chanteurs, car ils sont 2, et leurs voix sourdes et graves à la limite d’un hardcore viscéral. Une entrée en matière prometteuse qui ne fait qu’annoncer une suite plus captivante encore car Wovoka a bien plus d’une corde à son arc comme nous pouvons le constater au démarrage du morceau suivant, "Lament" avec ses guitares clean accompagnés de choeurs apaisant en background. Le désespoir latent se fait de nouveau ressentir lorsque la voix intervient sur un rythme toujours lent et très marqué, frappant de tout son poids et contrastant avec une sorte d’apesanteur apportée par de nouvelles mélodies post-rock et de voix lointaines. Ce voyage, laborieux mais passionnant nous emmène finalement dans une montée en puissance qui prendra son essor sur "The Sight" et plus encore sur l’épopée de 10 minutes qui vient après "Trials". Nous sommes alors subjugués par cette description de paysages dévastés, d’images de ruine et de misère qui se succèdent et se matérialisent devant nos yeux à mesure que l’album défile. 
A contrario, "Sleep Eater" qui a déjà fait l’objet d’une sortie single l’année dernière, oriente le groupe dans une direction qui se défait quelque peu du sludge pour nous dévoiler toute l’étendue de son talent sur une facette post-metal, presque hardcore par moments, moins brute mais toute aussi sombre et ce même si l’ensemble ne manque pas de groove, à sa manière.
Là où Wovoka se montre particulièrement habile, c’est lors de ces intermèdes instrumentaux quasi-planant mais pendant lesquels un danger imperceptible menace à chaque instant de s’écraser de toute sa masse sur un auditeur résigné au sort qui l’attend. Les guitares s’y font vaporeuses et obscures, la section rythmique disparaît comme pour mieux nous faire perdre nos derniers repères tandis que des sons ambients résonnent dans le lointain dans un effet presque drone. Chacun de ces passages est comme une séance de torture par simulation de noyade, en admettant que cela puisse être agréable tant ces derniers peuvent être oppressant comme c’est le cas justement sur "Prayer" seul morceau totalement instrumental de l’album qui pourrait faire office de final, une sorte d’outro funeste aux sons déformés annonçant une suite des plus glauques, un nouveau saros et une nouvelle direction, plus froide mais tout aussi dangereuse. Seulement Wovoka n’a pas dit son dernier mot et il est maintenant temps de passer au point culminant de cette étrange cérémonie avec, enfin, l’ "Eclipse". Toutes les facettes musicales décrites ci-dessus y sont poussées à leur paroxysme, 14 minutes étourdissantes et orageuses. Les éléments se déchaînent dans un véritable tourbillon de riffs sludge et post-metal s’affrontant avec pertes et fracas, de martèlements apocalyptiques et de larcins dévastateurs. "There is nothing!" lâchent-ils une dernière fois dans une cacophonie assourdissante de fin du monde.
Nous le saurons pour la prochaine fois, Wovoka sait y mettre l’art et la manière pour conclure ses albums de façon épique et il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre définitivement que, décidément, ce groupe fait preuve d’un talent affirmé pour tenir en haleine d’un bout à l’autre de sa prestation dans un style où il est si facile de s’engouffrer tête baissée dans une adoration redondante des maîtres du genre.








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