mardi 18 août 2015

SHRINE OF INSANABILIS - Disciples of the Void



SHRINE OF INSANABILIS


Disciples of the Void






Blackened Death Metal
Label : W.T.C. Productions
Date : 22 Septembre 2015



 Tracklist : 
1. End All
2. Ruina
3. Acausal Path
4. (...........)
5. Invocation
6. Still Of This Eath
7. Circles of Circles
8. Acerbus
9. Omega



  



   Si d’habitude j’évite soigneusement le blackened death, pour une raison de goût (en effet, j’ai souvent plus l’impression d’assister une série de riffs grotesques à peine maquillés qu’à de la réelle musique, recherchée et inspirée), aujourd’hui est alors une exception, puisque que je m’apprête à vous causer de Shrine of Insanabilis et sa dernière sortie chez World Terror Commitee, qui ont pour le coup réussi à me taper dans l’oeil dès le premier regard, d’une par les titres des morceaux, qui échappent de loin aux habituels salamecs lucifériens plus tellement ésotériques que ça à force de les servir à toutes les sauces (sans vouloir agresser les groupes qui utilisent tout ceci... mais quand même), et en second par le logo et la pochette de cet album, tous deux à l’aspect très peu conventionnel, reprenant certes des canons répandus quand on s’y intéresse de plus près, mais ceux-ci sont adroitement dissimulés sous une bonne couche de mysticisme, d’inscriptions étranges et de symboles archaïques et oubliés depuis des éons (si ils ont jamais existé !), tout cela qui n’est pas sans me rappeler l’imagerie d’un autre groupe chroniqué sur ce blog il y a quelques temps, Mefitic.

Dès les premières notes de l’album, tout laisse présager qu’il ne s’agira pas d’une écoute classique d’un groupe de death black insipide et plagiaire (parce que dans ce genre ci, y’en a à la benne !) : se situant entre du Lvcifyre qui ferait de l’excès de zèle, des solos impies et délirants façon Morbid Angel, du genre qui frappe sans prévenir, et qui s’enfuit comme il est apparu, vous laissant pantelant après vous avoir sévèrement malmenée la coquelée, tout cela s’accompagnant d’une certaine note de grandeur et de drame typiquement BM, la formation est déjà bien préparée, mais le meilleur reste à venir. Shrine of Insanabilis organise en effet ses compositions telle une véritable symphonie (infernale, pour le coup), avec des thèmes, hymnes à des supplices sans nom et une folie grandissante, des variations et des modulations qui transpire à grosse gouttes une horreur révulsée, une peur viscérale et glaçante. Tout ce la se voit supervisé par une prod foutrement judicieuse qui balaye les habituels classiques du genre, pour imposer aux guitares une reverb discrète et un grain…barbelé, oui c’est bien le mot, tous deux terriblement efficaces, ajoutant du mordant et une âpreté qui vous saisit à la gorge, brouillant les limites des notes pour parvenir à un timbre sépulcral et grésillant, et donnant une très agréable richesse et profondeur au tout, en évitant adroitement les ennuyantes et tellement habituelles basses pesantes relevées occasionnellement d’un triton strident du black death commun. 
La formation s’arme ainsi d’un riffing trépidant, les graves et les aigus se confondant dans une kyrielle d’émotions, de couleurs et d’évocations, qui aspire l’auditeur fasciné, comme une proie serai fasciné par l’éclat des prunelles de son prédateur, dans une tornade éblouissante peuplée d’harmonies endiablées et de mélodies sinistres à en donner des sueurs glacées (oui, même pas cette foutue chaleur !), formant ainsi une immersion fichtrement bien menée, intense et authentique, usant dieu merci de très peu des arpèges dissonants classiques. Et ce pour d’un côté de la pièce, car son revers dévoile tout aussi souvent de bien plus sombres et terribles penchants, tandis que la formation exulte en s’élançant vers des firmaments tourmentés et orageux, épiques et intenses, s’essayant même à induire une certaine amertume et mélancolie, ce en particulier dans les derniers titres de l’album.
Encore un autre point dont je félicite Shrine of Insanabilis, et là ou je pénalise la plupart des autres, c’est la batterie, qui elle aussi évite tous les clichés de death n’ black, se plaçant en point fort de la formation, rythme avec une célérité époustouflante et une furie sans borne les riffs des guitares, en usant savamment de ses blast beats, juste assez pour donner brutalité sans trop en abuser, contribuant ainsi en grande partie à cette impression de typhon démoniaque dévastateur, et esquivant l’habituelle (et inutile) triple pédale grondante à l’arrière qu’on trouve à mon grand regret dans ce genre de groupe, ce genre de bûcheron qui essaye de se sentir un brin virtuose en titillant de façon hasardeuse ses cymbales en plus de ses fûts, sans grand effet très souvent.
Shrine of insanabilis s’arme en somme d’un blackened death très mature, sensé et qui exploite pleinement la mine d’or thématique et musicale que représente ce genre là (en tout cas, on viens de m'en convaincre), à l’aide d’une virtuosité hors pair, une adresse conséquente en composition, une réelle recherche (qui est récompensée) dans la prod, une oeuvre très prometteuse pour le futur de cette formation, si ce n'est déjà pour son présent. Un sans faute sur cet album, si 'Disciples of the Void' ne se placerait pas dans le must-listen 2015, il reste un excellent disque, âmes réprouvées et consciences éperdues, écoutez cette sombre diatribe, laissez votre son coeur se raffermir sous les assauts dissonants d’une guitare à la limite de la folie, votre imagination s’envoler au détour d’un riff particulièrement furieux ou d’un solo grandiloquent, et vos pensées confuses s’organiser implacablement alors que ce prédicateur possédé vous souffle des promesses de meurtre et de puissance dont vous n’oseriez rêver. 








- Pestifer



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