vendredi 21 août 2015

YSENGRIN - Liber Hermetis


YSENGRIN


Liber Hermetis



Hermetic Dark Metal
Label : Nuclear War Now! Productions
Date : 1 juillet 2015

Tracklist : 
1. E.T.P.
2. Concvpiscentia
3. Satvrnia Regna
4. Crvcifiement
5. Poeterie Gibeline
6. Temphomet
7. Non Povrtant je vy choses horribl
8. La Grandissulvtion
9. Hors dv Siècle
10. Chvte totale
11. Ovverture Totale
12 Anteros
13. Mystères de l’Artifex
14. Iose


Lourde de complots occultes et de rites cabalistiques, la pochette de Liber Hermetis se charge déjà de diffuser une sinueuse fragrance de mystère et de non-dits, en présentant une divinité à deux visages (Janus, il me semble ?), sablier dans une main, en dominant deux autres personnages, à droite une silhouette voilée et énigmatique, et à gauche un visage barbu, peut être celui d’un mourant à son expression, cette impression étant toujours renforcée par les titres des morceaux qui n’évoque rien, sinon des secrets toujours plus lourd, telle que « Temphomet », Mystères de l’Artifex » et j’en passe. Ysengrin se pose là, formation qui aime décidément s’entourer de mystère.
S’adressant tour à tour en latin, en grec, en italien, en vieux français, le groupe parfume déjà ses compositions grondantes d’un ésotérisme tout à fait avenant, qui vous saisit à la gorge comme une bouffée de poussière âcre qui jaillirait des pages décrépites d’un tome perdu dans les rayonnages d’une bibliothèque séculaire, à la lumière d’un candélabre terni à la flamme vacillante. 
Alors que la plupart des morceaux sont soutenus par la poigne de fer d’une guitare distordue à en faire passer un grognement de troll mal luné pour le cri effarouché d’une pucelle, et dont le timbre frise à en donner des ulcères, qu’elle fait résonner ses accords grasseyants au registre tantôt death lourd et grave, tantôt bestial black abyssal, un ombrageux tribun nous interpelle se da plaidoirie mystique et incantatoire, menée d’une voix de baryton gutturale et rauque.
Le batteur, autre huluberlu de la formation, sait de temps à autre se discipliner et battre ses rythmiques cadencées, très judicieusement mises en avant par la prod pour diversifier le jeu autrement linéaire de la guitare, il se prend toutefois de folie à certains instants, et fait sonner des clusters déjantés entre ses cymbales et sa caisse claire, avec de brusques déccélérations suivies de reprises de cadences qui en ridiculiseraient Mike Portnoy. Et parce que ça ferait petit joueur de s’arrêter à ces bizarreries là, la formation fait intervenir aussi sa part d’instrument parfois incongrus, entre un luth gracieux et mélancolique, un carillon enveloppant, des percussions aux sons étranges, et j’en passe.
Mais là où Ysengrin est le plus désaxé, c’est sans doute dans ses thématiques : il alterne, tout en jouant avec pas moins d’une demi-douzaine de langues comme déjà dit, divers sujets dépareillés, mais non moins dépourvus de saveur. En jouxtant entre des prophéties messianiques, des récits pantagrueliens, et des théories astrologiques datant du Moyen-Âge; des bribes de contes mêlant Tarasque, St Georges, la quête du Graal et des paraboles christiques parviennent régulièrement à nos oreilles pour le moins abasourdies, survient parfois un mélange entre la geste de Beowulf, Gaspard de la Nuit et les contes de Perrault, le tout assaisonné de légendes de chevalerie hésitants entre la chanson de Roland, et des poèmes d’amour courtois en vieux français. Toutefois, l’investissement intellectuel et thématique du groupe n’éclipse pas sa performance musicale propre, qui n’est pas pour en déplaire et se soude à la perfection avec les idées que la formation tend à exprimer, entre les chants purement hallucinants, soutenus des riffs de guitare occultes et pesants qui se relèvent parfois de solos éblouissants (celui qui a lieu dans les deniers minutes du titre « Hors dv Siècle » est peut être l’un de meilleurs qu’il m’ait été donné d’écouter), sans qu’un seul de ces éléments ne se contredisent, et n’aille à contresens du reste. La spirale vertigineuse s’étire toujours plus, semblable à un mauvais rêve dont on ne parvient à en sortir, dont les évènements ne cesse d’aller vers le plus désaxé, illogique, Ysengrin serrant de plus en plus ses griffes noires sur un auditeur désorienté dans un labyrinthe tentaculaire, se perdant dans des miasmes toujours plus épais, harcelé sans cesse par cette musique qui finira par se muer en mélodie de cauchemar…
Et c’est peut être là la seule erreur de cet album : sa durée. Un peu plus d’une heure représente un certain pari pour une formation qui se plonge profondément dans l’expérimental et l’originalité. C’est sans doute aussi un parti pris pour le sens et la cohérence du groupe par rapport à ses thématiques, mais cela n’empêchera pas d’en rebuter plus d’un, pour une écoute qui auditivement parlant n’est elle-même pas facile (écoutez cette galette d’un traite à fond dans vos écouteurs, vous me comprendrez mieux). Mais cela ne m’empêche pas de placer ‘Liber Hermetis’ dans le must-listen 2015 - selon l’avis de votre humble serviteur - , car certes il ne s’agit absolument pas de la démonstration par une poignée de musiciens de leur maîtrise d’un genre particulier, ni d’un album percutant et efficace qui vous séduit dès ses premiers riffs, mais bien d’un saut dans le vide artistique (certes, la formation n’en est pas à son coup d’essai, mais elle a su renouveler encore une fois son impétueuse muse), un pas audacieux comme on en voit peu, et finalement, si c’était pas ça, un véritable artiste ?
Cette formation révèle d’une part un talent musical prolifique et virtuose, et de l’autre un éclair de génie dans l’oeuvre qui se dévoile à nous : à la manière du triste conte de l’ermite au pied de l’abîme de la folie, reclus dans une bibliothèque dont même le nom a été oublié, qui a sacrifié toute son existence et les fastes qu’elle aurait pu lui offrir, pour se consacrer tout entier, de son corps et de son âme, à la recherche de la vérité ultime et absolue, est, parallèlement à l’exaucement de son souhait, le bourreau de sa propre damnation. Surtout dans un domaine comme le metal, où une taxonomie furieuse et contagieuse semble s’emparer de tout, Ysengrin remue d’un grand coup de godillot tout des remugles fourvoyés avec cet album décidément affranchi de toutes limites, autant musicales qu’existentielles, et en philosophe éclairé, remet en question bon nombre d’idées concernant la vérité, la connaissance et la sagesse, et notre rapport au passé, à ses légendes et à sa part d’enseignements qu’il a à nous léguer. 







- Pestifer




mardi 18 août 2015

SHRINE OF INSANABILIS - Disciples of the Void



SHRINE OF INSANABILIS


Disciples of the Void






Blackened Death Metal
Label : W.T.C. Productions
Date : 22 Septembre 2015



 Tracklist : 
1. End All
2. Ruina
3. Acausal Path
4. (...........)
5. Invocation
6. Still Of This Eath
7. Circles of Circles
8. Acerbus
9. Omega



  



   Si d’habitude j’évite soigneusement le blackened death, pour une raison de goût (en effet, j’ai souvent plus l’impression d’assister une série de riffs grotesques à peine maquillés qu’à de la réelle musique, recherchée et inspirée), aujourd’hui est alors une exception, puisque que je m’apprête à vous causer de Shrine of Insanabilis et sa dernière sortie chez World Terror Commitee, qui ont pour le coup réussi à me taper dans l’oeil dès le premier regard, d’une par les titres des morceaux, qui échappent de loin aux habituels salamecs lucifériens plus tellement ésotériques que ça à force de les servir à toutes les sauces (sans vouloir agresser les groupes qui utilisent tout ceci... mais quand même), et en second par le logo et la pochette de cet album, tous deux à l’aspect très peu conventionnel, reprenant certes des canons répandus quand on s’y intéresse de plus près, mais ceux-ci sont adroitement dissimulés sous une bonne couche de mysticisme, d’inscriptions étranges et de symboles archaïques et oubliés depuis des éons (si ils ont jamais existé !), tout cela qui n’est pas sans me rappeler l’imagerie d’un autre groupe chroniqué sur ce blog il y a quelques temps, Mefitic.

Dès les premières notes de l’album, tout laisse présager qu’il ne s’agira pas d’une écoute classique d’un groupe de death black insipide et plagiaire (parce que dans ce genre ci, y’en a à la benne !) : se situant entre du Lvcifyre qui ferait de l’excès de zèle, des solos impies et délirants façon Morbid Angel, du genre qui frappe sans prévenir, et qui s’enfuit comme il est apparu, vous laissant pantelant après vous avoir sévèrement malmenée la coquelée, tout cela s’accompagnant d’une certaine note de grandeur et de drame typiquement BM, la formation est déjà bien préparée, mais le meilleur reste à venir. Shrine of Insanabilis organise en effet ses compositions telle une véritable symphonie (infernale, pour le coup), avec des thèmes, hymnes à des supplices sans nom et une folie grandissante, des variations et des modulations qui transpire à grosse gouttes une horreur révulsée, une peur viscérale et glaçante. Tout ce la se voit supervisé par une prod foutrement judicieuse qui balaye les habituels classiques du genre, pour imposer aux guitares une reverb discrète et un grain…barbelé, oui c’est bien le mot, tous deux terriblement efficaces, ajoutant du mordant et une âpreté qui vous saisit à la gorge, brouillant les limites des notes pour parvenir à un timbre sépulcral et grésillant, et donnant une très agréable richesse et profondeur au tout, en évitant adroitement les ennuyantes et tellement habituelles basses pesantes relevées occasionnellement d’un triton strident du black death commun. 
La formation s’arme ainsi d’un riffing trépidant, les graves et les aigus se confondant dans une kyrielle d’émotions, de couleurs et d’évocations, qui aspire l’auditeur fasciné, comme une proie serai fasciné par l’éclat des prunelles de son prédateur, dans une tornade éblouissante peuplée d’harmonies endiablées et de mélodies sinistres à en donner des sueurs glacées (oui, même pas cette foutue chaleur !), formant ainsi une immersion fichtrement bien menée, intense et authentique, usant dieu merci de très peu des arpèges dissonants classiques. Et ce pour d’un côté de la pièce, car son revers dévoile tout aussi souvent de bien plus sombres et terribles penchants, tandis que la formation exulte en s’élançant vers des firmaments tourmentés et orageux, épiques et intenses, s’essayant même à induire une certaine amertume et mélancolie, ce en particulier dans les derniers titres de l’album.
Encore un autre point dont je félicite Shrine of Insanabilis, et là ou je pénalise la plupart des autres, c’est la batterie, qui elle aussi évite tous les clichés de death n’ black, se plaçant en point fort de la formation, rythme avec une célérité époustouflante et une furie sans borne les riffs des guitares, en usant savamment de ses blast beats, juste assez pour donner brutalité sans trop en abuser, contribuant ainsi en grande partie à cette impression de typhon démoniaque dévastateur, et esquivant l’habituelle (et inutile) triple pédale grondante à l’arrière qu’on trouve à mon grand regret dans ce genre de groupe, ce genre de bûcheron qui essaye de se sentir un brin virtuose en titillant de façon hasardeuse ses cymbales en plus de ses fûts, sans grand effet très souvent.
Shrine of insanabilis s’arme en somme d’un blackened death très mature, sensé et qui exploite pleinement la mine d’or thématique et musicale que représente ce genre là (en tout cas, on viens de m'en convaincre), à l’aide d’une virtuosité hors pair, une adresse conséquente en composition, une réelle recherche (qui est récompensée) dans la prod, une oeuvre très prometteuse pour le futur de cette formation, si ce n'est déjà pour son présent. Un sans faute sur cet album, si 'Disciples of the Void' ne se placerait pas dans le must-listen 2015, il reste un excellent disque, âmes réprouvées et consciences éperdues, écoutez cette sombre diatribe, laissez votre son coeur se raffermir sous les assauts dissonants d’une guitare à la limite de la folie, votre imagination s’envoler au détour d’un riff particulièrement furieux ou d’un solo grandiloquent, et vos pensées confuses s’organiser implacablement alors que ce prédicateur possédé vous souffle des promesses de meurtre et de puissance dont vous n’oseriez rêver. 








- Pestifer



lundi 17 août 2015

WOVOKA - Saros

WOVOKA



Saros







Sludge / Post-metal
Date de sortie: 14 avril 2015
Label: Locust Rising Music



Tracklist:
1. Chosen
2. Lament
3. The Sight
4. Trials
5. Sleep Eater
6. Prayer
7. Eclipse








Un saros est, en astronomie une période d’environ 18 ans utilisée pour prédire les éclipses solaires et lunaires. C’est aussi le premier album de Wovoka, groupe de Los Angeles ou plus exactement du désert qui borde la ville. Détails qui ont toute leur importance car si l’artwork semble évoquer une sorte de rituel sacrificiel en rapport avec l’alignement des astres, la musique créée par le quatuor fait immédiatement ressentir cette impression de vide, d’étendues désertiques à la chaleur insoutenable et de nature hostile.

Dès "Chosen" et son ouverture sur des larsens et une basse grondante suivis de ses riffs telluriques et écrasants, Wovoka impose lourdement sa marque de fabrique. Le rythme est lent, imposant, combinaison de sludge et d’atmosphères suffocantes post-metal que n’aurait pas renié Cult Of Luna ou Neurosis pour ne citer qu’eux. Puis viennent les chanteurs, car ils sont 2, et leurs voix sourdes et graves à la limite d’un hardcore viscéral. Une entrée en matière prometteuse qui ne fait qu’annoncer une suite plus captivante encore car Wovoka a bien plus d’une corde à son arc comme nous pouvons le constater au démarrage du morceau suivant, "Lament" avec ses guitares clean accompagnés de choeurs apaisant en background. Le désespoir latent se fait de nouveau ressentir lorsque la voix intervient sur un rythme toujours lent et très marqué, frappant de tout son poids et contrastant avec une sorte d’apesanteur apportée par de nouvelles mélodies post-rock et de voix lointaines. Ce voyage, laborieux mais passionnant nous emmène finalement dans une montée en puissance qui prendra son essor sur "The Sight" et plus encore sur l’épopée de 10 minutes qui vient après "Trials". Nous sommes alors subjugués par cette description de paysages dévastés, d’images de ruine et de misère qui se succèdent et se matérialisent devant nos yeux à mesure que l’album défile. 
A contrario, "Sleep Eater" qui a déjà fait l’objet d’une sortie single l’année dernière, oriente le groupe dans une direction qui se défait quelque peu du sludge pour nous dévoiler toute l’étendue de son talent sur une facette post-metal, presque hardcore par moments, moins brute mais toute aussi sombre et ce même si l’ensemble ne manque pas de groove, à sa manière.
Là où Wovoka se montre particulièrement habile, c’est lors de ces intermèdes instrumentaux quasi-planant mais pendant lesquels un danger imperceptible menace à chaque instant de s’écraser de toute sa masse sur un auditeur résigné au sort qui l’attend. Les guitares s’y font vaporeuses et obscures, la section rythmique disparaît comme pour mieux nous faire perdre nos derniers repères tandis que des sons ambients résonnent dans le lointain dans un effet presque drone. Chacun de ces passages est comme une séance de torture par simulation de noyade, en admettant que cela puisse être agréable tant ces derniers peuvent être oppressant comme c’est le cas justement sur "Prayer" seul morceau totalement instrumental de l’album qui pourrait faire office de final, une sorte d’outro funeste aux sons déformés annonçant une suite des plus glauques, un nouveau saros et une nouvelle direction, plus froide mais tout aussi dangereuse. Seulement Wovoka n’a pas dit son dernier mot et il est maintenant temps de passer au point culminant de cette étrange cérémonie avec, enfin, l’ "Eclipse". Toutes les facettes musicales décrites ci-dessus y sont poussées à leur paroxysme, 14 minutes étourdissantes et orageuses. Les éléments se déchaînent dans un véritable tourbillon de riffs sludge et post-metal s’affrontant avec pertes et fracas, de martèlements apocalyptiques et de larcins dévastateurs. "There is nothing!" lâchent-ils une dernière fois dans une cacophonie assourdissante de fin du monde.
Nous le saurons pour la prochaine fois, Wovoka sait y mettre l’art et la manière pour conclure ses albums de façon épique et il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre définitivement que, décidément, ce groupe fait preuve d’un talent affirmé pour tenir en haleine d’un bout à l’autre de sa prestation dans un style où il est si facile de s’engouffrer tête baissée dans une adoration redondante des maîtres du genre.








vendredi 14 août 2015

BALMOG - Svmma Fide

BALMOG



Svmma Fide






Black metal
Date de sortie: 30 mai 2015
Label: BlackSeed Productions



Tracklist:
1. Witness
2. Bring Vs, Guide Vs
3. Der Flvche
4. Liberate Me
5. HΩshek
6. NΩmen Illi MΩrs
7. Ascetic Penitence
8. Lvcifer Ex Machina







Si vous me lisez depuis quelques temps maintenant, vous n’êtes certainement pas sans savoir l’importance que j’attache aux "à côtés" de la musique elle-même, à savoir le visuel, les textes, le concept s’il y en a un etc… Voici l’exemple parfait d’un artwork qui m’attire l’oeil, avide qu’il est de me dégoter de nouveaux cadeaux empoisonnés. J’ai certes déjà vu plus travaillé ou plus original mais il n’empêche que dès que cette pochette a croisé mon regard, j’ai su que je tenais là quelque chose de spécial. Un album de black ritualiste sans doute oui, mais avec classe. Regardez donc comment les couleurs ressortent, notamment celle du sang. Et le sang, c’est la vie pas vrai? Rien n’est totalement objectif m’expliquait ma prof de philo il y a longtemps et je n’ai jamais trouvé de quoi contredire cette assertion. Là encore, sans même avoir écouté ne serait-ce qu’une seule note de ce Svmma Fide, je décèle déjà une certaine intention, quelque chose de véritablement, profondément noir, sinistre et malsain. Exactement tout ce qui fait un bon album de black metal en somme mais voyons un peu plus loin car il en faut plus pour en faire un excellent album.
Si Balmog est un nom qui ne m’évoquait absolument rien, pas plus que l’écurie chez qui est sortie Svmma Fide, BlackSeed Productions (notons quand même que Naer Mataron, Anal Vomit et même Urgehal le temps d’un split y ont fait un passage), ce ne sont pas pour autant des nouveaux venus. Tous 2 créés il y a maintenant 12 ans, je pense qu’on peut dire sans trop se mouiller que l’expérience parle. Dans ce laps de temps, la formation espagnole, évoluant sous la forme d’un power-trio (ça, c’est roots), aura déjà sorti plusieurs demos, splits et EP ainsi qu’un premier album, Testimony Of The Abominable paru en 2012 et comme l’affirme BlackSeed Productions, Balmog avance dans une obscurité totale et il n’y a pas de retour possible. Svmma Fide est l’album le plus obscur et le plus violent que Balmog n’ait jamais composé. Ni plus, ni moins. Le ton est donné une seconde fois.

Ces 8 titres sont furieusement maléfiques, enveloppés d’une atmosphère poisseuse, brûlante comme les feux de l’enfer. Les rythmiques sont chaotiques et prennent aux tripes, le chant littéralement infernal semble sorti de profondeurs abyssales, les riffs sont fougueux, sauvages et décapants, jouant de dissonances et de brutalité bestiale telles que je n’en avais pas entendues depuis bien longtemps. Le son de la guitare est de plus particulièrement aiguisé et l’on appréciera d’autant plus les capacités de Balc qui gère aussi le chant. Le niveau technique n’est certes pas le plus élevé qui soit, ce n’est pas non plus l’effet recherché mais il me semble néanmoins important de souligner que dans ce type de black metal en particulier, le jeu se doit d’être irréprochable et les standards du style sont ici parfaitement maîtrisés si ce n’est dépassés. Balmog parvient d’ailleurs à passer d’un registre à l’autre assez facilement, du furieux "Witness" qui ouvre l’album on passe à un "Bring vs, Guide vs" littéralement taillé pour la scène puis à "De Flvche" et ses incantations, ses guitares lancinantes et son atmosphère autrement plus sombre. Plus loin, l’album se verra parsemé de sons aussi étrange qu’inquiétants, de voix graves, solennelles et lointaines comme celles de forces occultes répondant à l’appel d’une cérémonie blasphématoire, de choeurs religieux principalement sur "Ascetic Penitence" étrangement intégrés au morceau mais lui offrant une direction assez inattendue. Ces éléments hantent Svmma Fide chacun à sa façon donnant parfois l’impression qu’une bête tapie dans l’ombre épie vos moindres gestes, une étincelle sournoise illuminant tout juste ses yeux injectés de sang, prête à bondir pour vous infliger mille tourments. Et celui qui aime jouer à se faire peur trouvera probablement chez Balmog suffisamment d’inspiration pour passer de nombreuses nuits rituelles, Svmma Fide étant en prime plutôt addictif.

Enregistré aux Moontower Studios par Javier Félez, lui-même membre de nombreux groupes et masterisé par nul autre que Necromorbus que l’on connaît pour ses travaux avec Watain ou Merrimack paris tant d’autres, l'album bénéficie d’une production en tout point réussie, profonde et étourdissante, incisive et brute à la fois permettant à Balmog de pondre un Svmma Fide qui représente probablement l’essence même de ce qu’est (de ce que devrait être) le black metal d’aujourd’hui: violent et agressif au possible tout en étant réfléchi et mélodique juste ce qu’il faut, se renouvelant suffisamment d’un morceau à l’autre sans oublier ce côté ritualiste parfaitement dosé, si pénétrant qu’il nous donne envie de l’écouter à la simple lueur d’un cierge et à plein volume à la gloire de Satan (pour le sang et le crâne, c’est vous qui voyez).









jeudi 13 août 2015

ARIES - D'Ombres et de Flammes



ARIES


D'Ombres et de Flammes



Genre : Black Metal
Label : Indépendant
Date de sortie : 1er Juillet 2015

Tracklist :
1. D'Ombres et de Flammes
2. Souvenir du pays de France
3. Poussières de Renaissance
4. Hyperborée






   Si le Black Metal à la gloire de la France semble s’être clairement établit dans nos contrées, notamment depuis l’avènement d’une certaine Peste Noire, ce fut longtemps un genre où seuls les « fachos » trouvaient leur compte. Pourtant nombreux sont ceux maintenant à hurler à la gloire de la culture française et parmi ceux-ci se trouve de très bons groupes, Baise Ma Hache et Autarcie entre autres, faisant oublier certaines convictions au profit de l’indéniable qualité. Aries, petit nouveau sur la scène française et plus particulièrement dans ce sous-genre, tente de se tailler une place avec son premier EP, qui tient plus de la Démo de part sa courte durée et un son parfois approximatif. Ces défauts qui n’en sont pas n’entachent en rien la qualité proposée ici sous forme d’un Black Metal crasseux à relents mélodiques. Sorti très vite après la formation du groupe par celui qui semble être à sa tête, LaHire, cet Ep « D’Ombres et de Flammes » est toutefois abouti bien que modeste et n’a rien d’un brouillon fait à la va vite. De plus, là où d’habitude on nous rabâche les oreilles avec du médiéval bas du front au possible, Aries peut se targuer d’offrir un concept original et riche en la thématique d’un romantisme français du XVIII-XIXe, collant à merveille avec l’aspect triomphant, grandiloquent et torturé du Black Metal présenté ici. L’artwork, « Le Char de la Mort » de Théophile Schuler et le poème de Châteaubriand viennent souligner le parti prit esthétique du duo.

    Sur ses quatre morceaux, que l’on devine n’être qu’un prélude à ce qu’Aries nous proposera dans le futur, le groupe nous offre un Black Metal racé, martial, tantôt fougueux tantôt mélancolique empreint de mélodique. Dans la veine d’un Black Metal classique se distille l’influence romantique dans l’aspect flamboyant que prend parfois la musique, chantant la gloire de la France. Aspect renforcé par une batterie martiale, frappant sur un rythme très militaire, apportant ainsi l’aspect de fier guerrier aux compositions. A cela s’ajoute un côté mélodique porté par les guitares, des mélodies souvent simples, mais efficaces et évocatrices de paysages franciliens et de gloires passées. Puis le Black Metal se fait plus violent, guerrier, la France conquérante, le panache militaire sur des riffs rapides où la batterie martèle.  Un chant funèbre et coassant assez proche d’un Sale Freux vient surplomber le tout, bien qu’il s’essouffle parfois mais se laisse apprécier par la suite. Dans la suite logique de la thématique de ce « d’Ombres et de Flammes », le chant est entièrement dans la langue de Rousseau et comme je l’ai dit précédemment les paroles d’une des pièces sont un poème de Châteaubriand à l’honneur de nos beaux paysage de France. Une procédure qui semble devenir usuelle pour les groupes nationalistes comme Baise Ma Hache (Noël en Prison  de Brasillach) ou Peste Noire (Spleen de Baudelaire) mais parfaitement dans le ton pour le cas Aries. Le tout forme un Black Metal assez Raw mais se permettant toute fois quelques trémolos mélodiques nostalgiques et arpèges lyriques comme sur « Souvenir du Pays de France » qui est probablement ma pièce préférée de cet Ep.
   Si certains se plaignent d’une prise de son parfois approximative et brouillonne, je trouve qu’au contraire elle apporte une certaine fougue et un côté authentique à la musique d’Aries. Cependant d’autre défaut sont, à mon sens, présent sur cet Ep. Si la batterie est efficace et martiale elle reste trop linéaire voire même faible, j’aurais souhaité voir le tonnerre des cannons déchaîne à travers les fûts. Il en va de même pour le chant qui perd parfois de sa hargne et de sa vigueur pour s’essouffler dans les moments d’intenses vociférations. On pourra également reprocher une construction musicale et un tempo quelque peu linéaires bien que cela ne nuise pas réellement à l’ensemble de l’œuvre.

   Si ce premier Ep d’Aries n’est ni parfait ni incontournable, il n’en reste pas moins bon et intègre. De plus il me parait bon de soutenir et mettre en valeur de nouveaux groupes français, indépendants qui plus est, qui mettent toute leur âme et leurs convictions dans leur musique. Bien que la scène à trempe nationaliste ne m’ait jamais réellement fait vibrer, je dois bien reconnaître qu’au dépend de mes idéaux, Aries a su me faire ressentir la gloire et la grandeur de la culture française ainsi que son amour pour elle. Avec plus de temps pour une nouvelle production et en apprenant des quelques erreurs faites, le duo pourra surement concrétiser son ascension entamée avec cet Ep déjà bien supérieur à la moyenne. En espérant voir Aries développer son univers au cours de ses prochaines sorties que j’espère seront d’aussi bonne facture. 

- Sarcastique


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mercredi 12 août 2015

ANOPHELI - The Ache Of Want

ANOPHELI



The Ache Of Want






Crust / Doom
Date de sorte: 2 juillet 2015
Label: Halo Of Flies / Alerta Antifascista


Tracklist:
1. Awaken
2. Acts Of Man
3. Squanderer
4. Ruminations
5. Somnambulant
6. Trade









Même si nous mettons un point d’honneur à vous présenter des groupes qui dégagent une réelle personnalité, je n’en demeure pas moins lassé d’entendre souvent les mêmes choses sans le moindre sens de l’innovation. Dès lors qu’on s’engage dans la rédaction de chroniques pour un site comme celui-ci, cela implique d’écouter énormément de musique, des tonnes de musique, sans jamais s’arrêter au risque de manquer la perle rare, le groupe qui vous chatouillera pour de bon les neurones après multitude de plagiats à peine masqués, de productions hasardeuses ou de concepts totalement à côté de la plaque.

C’est lors d’une de ces laborieuses séances de fouilles archéologico-musicales qu’Anopheli est venu s’imposer à moi comme une évidence. The Ache Of Want est le 2eme album de la formation d’Oakland et fait suite à A Hunger Rarely Stated sorti l’année dernière et qui semble-t-il avait déjà rencontré un beau succès d’estime. Il faut dire que formé autour d’Alex CF (Fall Of Efrafa, Light Bearer, Archivist…) et de membres de Monuments Collapse, Anopheli paraît avoir trouvé une fusion pour le moins originale et réussie entre un crust / punk qui fleure bon le DIY, le doom / post rock mélancolique de Monuments Collapse et… violoncelles! Ceux-ci s’intègrent non seulement parfaitement bien aux compositions sombres et abrasives du groupe mais y apportent un plus une touche tragique, telle une ode au désespoir le plus immuable qui soit. Immuable mais jamais résigné, Anopheli préférant l’action à la passivité en hurlant sa rage à la face du monde.
The Ache Of Want est donc un album extrêmement chargé émotionnellement, où l’atmosphère mélancolique apportée par ces violoncelles épiques et ces down-tempo plombants rencontre l’énergie furieuse et colérique de riffs tapageurs, celle d’un refoulement trop longtemps couvé et prêt à littéralement exploser d’une seconde à l’autre dans un fracas étourdissant, où les vocaux agressifs d’un post-hardcore frappant de plein fouet (assurés par plusieurs vocalistes) se joignent à de belles envolées mélodiques. Ces morceaux résonnent comme le cri de douleur d’une humanité à bout de souffle, comme une réalité brute, crasse et sans issue où seule la violence peut servir d’exutoire. J’ai parlé de violence? Certes, de violence artistique (précisons, n’allez pas tout me cramer dehors), d’une force libératrice qui pousse à créer plutôt que se morfondre pour peut-être, entrevoir enfin la lumière au bout du tunnel. Anopheli a su créer sur cet album un son profond, froid, sombre et glacial et pourtant séduisant et véritablement beau qui capte finalement assez bien, de mon expérience personnelle en tout cas, ce sentiment de dégoût envers un monde cruel et injuste tout en réveillant cette envie de changement. Ceci n’est qu’une impression suite à l’écoute de l’album et au regard des titres, n’ayant pas lu les textes je me base plus sur son atmosphère générale et peut-être aussi un peu sur l'artwork, qui pour le coup m'orientait plus vers un black metal dépouillé... L'homme, déjà en piteux état, sur celui-ci serait-il en train de sceller un pacte avec une créature peu recommandable qui le mènera inexorablement à sa perte? The Ache Of Want, le titre de l'album me paraît dès lors prendre tout son sens. Un album bien inspirant en tout cas, doublé d’une surprenante association. Franchement, qui aurait cru que des violoncelles s’intégreraient si bien à un groupe crust?

A noter, pour ceux que cela intéresse, qu'un LP est prévu pour octobre.









jeudi 6 août 2015

TORCHIA - Ending Beginning

TORCHIA



Ending Beginning






Death metal mélodique
Date de sortie: 14 juillet 2015
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Ending Beginning
2. My Land Shall Burn
3. They Haunt Behind Us







C'est une fois de plus de Finlande que nous vient cette demo 3 titres dans un style cette fois oscillant entre melodeath moderne et thrash. La biographie du groupe nous apprend que Torchia s'est formé à Tampere et a déjà sorti une demo, oNe en 2013. Depuis la formation a fait son chemin, perfectionnant son style et présente désormais son 2ème effort, forte d'un nouveau chanteur en la personne d'Eetu.

Ayant rapidement écouté les extraits de oNe sur Youtube, je ne peux qu'affirmer moi aussi que le groupe a réellement progressé, ayant sans doute mieux digéré ses influences. Les contours death mélodique sont ainsi mieux dessinés et les riffs d'obédience thrash qui surviennent de temps à autre n'en ressortent que mieux. D'autant plus que le son est tout à fait acceptable pour une demo, là encore Torchia est passé au niveau supérieur et l'écoute de Ending Beginning n'en est que plus agréable et devrait permettre aux Finlandais de se tailler un petit nom d'abord sur la scène locale et pourquoi plus loin dans le futur avec un album complet.
Il est évident que ce style de metal est déjà saturé de groupes plus ou moins inspirés et que percer dans ce milieu ne relève certainement pas de la sinécure, pour autant Torchia a le arguments pour faire parler la poudre. Ces 3 morceaux sont incisif, les riffs et solos suffisamment inspirés pour éveiller l'attention et la voix d'Eetu, mise en avant juste ce qu'il faut, correspond tout à fait à ce que l'on pourrait espérer d'un groupe de melodeath. 
Sans en faire des caisses techniquement, la musicalité de cette demo est globalement très plaisante et ce petit quart d'heure passe crème. En tout les cas, Torchia a gagné son pari de créer une introduction au groupe plus aboutie avec ces 3 titres qui défilent finalement bien vite et nous laissent un peu sur notre faim. A peine le temps de se chauffer et de se lancer dans un headbanging suivant le rythme marqué lourdement par une batterie percutante que c'est déjà fini. Je ne doute pourtant pas que Torchia a encore quelques cordes à son arc qu'il me tarde de découvrir sur une durée un peu plus longue. En attendant, ces 3 morceaux ont vraiment de la gueule!





mercredi 5 août 2015

MALADIE - ...Still...

MALADIE




...STILL...







Avant garde black metal
Date de sortie: 6 mars 2015
Label: Apostasy Records



Tracklist:
1. Demutatio
2. Agnitio
3. Inexistentia
4. Asperitas
5. Abdico
6. Discrepantia
7. Circuitus
8. Semivivus
9. Evigilantem








Un nom des plus menaçant et en français s'il vous plait, une pochette horrifique tirée des cauchemars d'un hypocondriaque schizophrène en crise, une étiquette de "plague metal" et des titres qui ne m'évoquent... absolument rien... Un coup d'oeil et line up et surprise, pas moins de 9 musiciens dont l'inénarrable Déhà (Clouds, We All Die (Laughing), Vaer, Merda Mundi etc...) et des musiciens certes moins connus mais néanmoins des plus actifs outre-Rhin sortis pour la plupart de la scène death metal voire franchement brutal death (Tombthroat, Deadborn, Spheron, Dawn Of Disease...) et même un saxophoniste... tout porte à croire au premier abord qu'on a affaire là à un sacré OVNI.
Rien à voir donc avec un black metal dépressif et lancinant comme pourrait le suggérer le seul nom de la formation mais plutôt une sacrée formule chimique et musicale destinée à répandre une vague de contamination incroyablement agressive dont la base black metal reste des plus virulentes mais sur laquelle viendrait se greffer pléthore d'éléments extérieurs pour en décupler les principes actifs. Une sorte de délicieux poison si on peut dire, une terrible drogue dont l'addiction ne promet rien de très bon augure, mais qu'on ne peut s'empêcher de prendre tout en augmentant le dosage à chaque prise, la laissant nous enserrer jusqu'à l'étouffement.

Maladie est donc ce genre de groupes que l'on classe habituellement dans la case progressif / avant-garde, style parfois insaisissable qu'il est souvent difficile de décrire avec de simple mot. ...Still... mérite au moins que j'essaie tant cet album est époustouflant. De maîtrise tout d'abord, la formule chimique dont je parlais plus haut tient peut-être sur le papier plus d'une expérience d'apprenti sorcier, il n'empêche que cette Maladie nous emmène là où il veut nous emmener y compris sur ses 2 pièces, les plus longues (30 minutes rien qu'à elles quand même). C'est indubitablement elle qui a le dessus et tous les remèdes de grand-mère n'y pourront rien. Le mal est pernicieux, vicieux, sournois. Il se fait beau et aguicheur et attire sa victime par de douces ambiances au piano ou en usant d'un magnifique chant clair aérien et de chœurs religieux. Mais prenez garde quand celui-ci décide de frapper pour de bon, il ne vous préviendra pas et la déflagration est plus que brutale. Démarrages en trombe, cacophonies organisées en assauts ultra-rapides doublés de claviers majestueux, les mélodies virevoltent et se mélangent, toujours si imperceptibles, le batteur blast comme une crise de tachychardie chez un type déjà shooté au speed et aux amphets, des tremolos s'envolent, le chant clair prend de la hauteur tandis qu'une voix black stridente hurle à la mort dans le fond et les instruments s'ajoutent et se superposent sans cesse jusqu'au climax. ...Still... se poursuit ainsi, alternant inlassablement ses plans complètement barrés et imprévisibles, eux mêmes piochant allègrement dans à peu près tout ce que le metal extrême peut compter de sous-genre mais nous y reviendrons, et pièces instrumentales plus classiques douces et séduisantes, souvent mélancoliques mais aérant un peu l'espace, laissant entrevoir un semblant de guérison au loin, le tout en multipliant les techniques vocales (2 chanteurs ça aide) et même en se permettant quelques mots en français. Certains de ces changements sont si brusques qu'ils en deviennent proprement hallucinant, à se demander si on ne risque pas le coup du lapin en passant l'album trop fort, l'enchaînement entre "Inexistencia" et "Asperitas" en est le parfait exemple, lorsque les touches d'un piano tout juste effleurées pendant plusieurs minutes laissent placent en l'espace d'une micro-seconde à de la sauvagerie pure.
Si l'on enlève les quelques interludes (fort bienvenues), les morceaux sont plutôt longs et l'on pourrait s'imaginer après ma description que le contenu très dense de ces derniers jouent en leur défaveur. Il n'en est absolument rien. Les compositions sont effectivement très alambiquées voire complètement destructurées mais elles sont de ce fait tellement variées que malgré leur longueur elles restent absolument passionnantes et chaque nouveau plan est une découverte comme en témoigne l'intégration aussi parfaite qu'inattendue de ce saxophone qui vient taper le solo ou nous offrir une superbe prestation digne d'un film noir des années 40 sur le dernier morceau. Aussi répugnant que soient les aspects les plus extrêmes de cette Maladie,  ces compositions sont véritablement belles. ...Still... est en réalité un album théâtral au possible où chaque instrument, chaque musicien et ce même s'ils ont 9 a parfaitement sa place et son rôle à jouer. Il y a là un véritable effort de groupe où tous sont audibles et où tous apportent leur touche personnelle. Des deux vocalistes et leur chant parfaitement maîtrisé et très prenant qu'il soit clair ou non, aux guitaristes issus de formations à mille lieux de l'univers de Maladie qui parviennent à glisser des riffs thrash, death et même tech-death en passant par le batteur qui accompagne le tout avec dextérité ou Déhà et son apport indéniable aux claviers, nous sommes finalement bien loin de ce groupe de l'Iowa dont la moitié ne sert à rien (no offense... mais, quand même). Celui qui cherchera à décortiquer ces compositions aura fort à faire et moi-même, j'aurais essayé et je ne suis pas sûr d'avoir ne serait-ce qu'effleurer la surface.

Grand amateur d'avant-garde (du moins lorsqu'il est fait avec goût et ça... c'est plutôt rare malheureusement) que je suis, je n'ai pu qu'être emballé par cette oeuvre ...Still... est sans le moindre doute un album que je place dans mon top 2015 jusque là et je ne doute pas qu'il y restera pendant un bon moment. S'il y a parmi mes lecteurs des gens qui se sont trouvés sensibles à ce qu'avait fait Voices en fin d'année dernière, je ne saurais que trop leur conseiller d'écouter cet album. En revanche, cette expérience n'est totale que si elle est menée de bout en bout d'une traite. J'ai entendu dire que la version promotionnelle tenait en une seule piste et honnêtement, je suis un peu déçu qu'ils n'aient pas gardé ce format car je ne vois pas d'autre moyen de savourer ...Still... et son univers hostile et imprévisible. Après un Plague Within plus centré black mélodique et moins extravagant, je ne peux qu'être curieux quant à la direction que prendra Maladie par la suite, si tant est que le line up reste inchangé ce qui est assez improbable au vu de l'implication dans d'autres projets de ses membres et du fait qu'ils soient 9. En tout les cas, il ne manque plus grand chose pour que la Maladie devienne une véritable épidémie.


...Still... est disponible en version digipack ou double LP limité à 100 exemplaires (attention, déjà plus que 8!).