mercredi 29 juillet 2015

ABYSSAL ASCENDANT - Chronicles of the Doomed Worlds - Part I. Enlightenment from Beyond





ABYSSAL ASCENDANT



Chronicles of the Doomed Worlds - Part I. Enlightenment from Beyond




Genre : Death Metal
Label : Dolorem Records
Date de sortie : 29 Juin 2015


   Soutenir les groupes français et particulièrement ceux de ma région me tient à cœur, c’est pourquoi je m’attelle aujourd’hui au premier album d’Abyssal Ascendant, groupe de Death Metal à accointances Doom se situant grosso modo sur le grand Est français. Fort d’un bon EP qui m’avait permis de les connaitre quelques années plus tôt, le couvert est remit avec cette première grosse œuvre.  L’univers lovecraftien choisi comme thématique colle à merveille avec la musique proposée ainsi qu’avec l’artwork bien que personnellement je le trouve assez  étrange et presque cartoonesque, créant un décalage avec le contenu.  Ancré dans un Death Metal influencé par Morbid Angel s’offrant de belles envolées techniques, Abyssal Ascendant marque le coup avec son premier album de qualité.

     Les groupes inspirés par l’œuvre du grand écrivain que fut H.P. Lovecraft ne se comptent plus, tant sa bibliographie est indéniablement sombre, violente et en quelque sorte metal (bien qu’utiliser ceci en tant qu’adjectif me répugne un peu). Parfois il arrive que cette inspiration littéraire ne soit qu’une poudre au yeux un peu pédante, mais forcé de constater que bon nombre de formation de Lovecraftian Metal (si si) sont de qualité, The Great Old Ones, Shub Niggurath, Ancient Niggurath et Nephren-Ka pour ne citer qu’eux. A l’instar de ceux cités précédemment, Abyssal Ascendant fait partie de ces groupes où l’influence du génie de l’horreur se fait réellement sentir dans l’atmosphère même de la  musique. Ambiances distopiques, chœurs épiques à la Septic Flesh, riffs pachydermiques, tout cela à la gloire des grands et très grands anciens.
   L’album s’ouvre sur une intro nous plongeant dans le ton mais également raccord avec l’univers choisi avec son aspect orientalisant. Puis le Death Metal d’Abyssal Ascendant se met en place, des riffs lourds typés assez old-school qui ne seront pas sans rappeler Morbid Angel, entrecoupés de trémolos ou des soli parfois proches d’un Tech Death, donnant une seconde facette très moderne à la musique. Bien dosés, tout ces éléments s’accordent parfaitement malgré à mon sens un léger manque de puissance dans la rythmique sur lequel je reviendrai. Les guitares créent des ambiances lourdes et à la fois psychédéliques, morbides ou suintant l’incompréhensible épouvante, rappelant les hallucinations horrifiques chères à Lovecraft. Au chant, pour compléter le growl certes classique mais néanmoins efficace de Florent se rajoute celui de Fanny, plus thrashy, qui occupe également le poste de bassiste au sein de la formation. Mon petit coup de cœur vocal de l’album est surtout dû des sortes de chœurs proclamés qui viennent donner un aspect très épique aux compositions, le meilleur exemple étant « The Black Pharaoh » qui est à mon humble avis la meilleure pièce de cet album. Ce côté épique que s’offre Abyssal Ascendant évoque aisément ces cultes impies, ces temples cosmiques millénaires oubliés ou encore la clameur d’un sorcier d’un autre âge, une nouvelle fois raccord avec l’univers et ultra efficace sans tomber dans la facilité d’en abuser.
   Je vais revenir à ce qui est pour moi un petit souci en évoquant tout d’abord la batterie, si cette dernière remplit son rôle à grand renfort de blast beat puissants et d’un jeu de cymbales utilisé à bon escient, il lui manque un petit quelque chose. L’apport de puissance rythmique de ce « Chronicles of the Doomed Worlds - Part I. Enlightenment from Beyond » est inégal, si comme j’ai pu le dire précédemment certains riffs plus typés Doom Death tiennent du colossal, il est certains moments où la batterie et la guitare rythmique pêchent un peu en terme de puissance ou de diversité créant ainsi un petit creux par endroit dans les compositions. C'est d’autant plus dommageable quand on voit le florilège d’excellents riffs que nous fournit la lead. Il en va de même pour une basse parfois inégale et discrète que j’aurais souhaité plus présente bien qu’elle se permette d’appuyer certains passages avec une merveille de rondeur et de lourdeur.

   Malgré ces petits défauts, Abyssal Ascendant assure sa progression avec son bon premier album, lourd, technique et efficace. On sent une évolution dans l’écriture des morceaux par rapport à l’Ep des débuts, promettant le meilleur pour le combo. Offrant pléthore de riffs dantesque et évocateurs, Abyssal Ascendant s’approprie à merveille l’aspect halluciné de l’œuvre de Lovecraft pour la retranscrire dans un Death Metal technique tout en magnifiant la toute puissance des Anciens à grand renforts d’ambiances et down-tempo aux relents doomesques. Derrière cet artwork qui pourra rebuter (oui j’ai du mal avec son aspect) se cache un très bon Death qui ose et expérimente pour notre bon plaisir, sans tomber dans les mêmes sonorités vues et revues depuis la nouvelle vague TechDeath de ces dernières années. Du tout bon donc pour tout amateur du style et de Lovecraft, avec d’excellents morceaux sortant du lot, « The Black Pharaoh » pour ne citer que lui et qui est décidément mon coup de cœur de ce skeud.

- Sarcastique

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vendredi 24 juillet 2015

SPEEDTRAP - Straight Shooter



SPEEDTRAP




Straight Shooter







Genre : Power/Heavy Rock
Label : Svart Records
Date : 11 Septembre 2015






Tracklist : 
1. No Glory Found
2. Torches Ablaze
3. Running Rampant
4. Eyes For Conquest
5. Serve Your Masters
6. Straight Shooter
7. Heavy Armor
8. Savage The Prey


Avec son excellent mélange d’heavy qui pue le Judas Priest bien criard, le thrash old school shreddé à donner des crises d’épilepsies à un pachyderme, du power tape-à-l’oeil et bigarré crie au bon Manowar héroïque et exaltant, le tout agrémenté d’une couverture d’album qui hésite entre une vieille affiche de Mad Max : Road Warrior et des illustrations de Rogue Trader, figurant un homme arqué en panoplie cuir et ceint de ceintures de munitions de tout les côtés, campé sur le capot d’une voiture tunée façon 80’ post-apo, une guitare-mitrailleuse à la main crachant des volées de balles, Speedtrap fait surgir spontanément surgir ce genre d’univers métaphorique rock/heavy qui ne manque jamais de me faire sourire, en plus d’envoyer de grandes bouffées de nostalgie d’une époque comme celle-ci, si un tantinet immature, tendrement innocente, peuplées de grands dadais chevelus, passants leur temps sur la route et la scène, à péter des piles sur des instruments bariolés, qui passeraient aujourd’hui pour caricaturaux. Eh ouais, rien que ça. 
Si la musique des finlandais pourrait absolument trouver sa place dans la B.O d’un film de drive un peu décrépi, du genre qui sent fort le gasoil pas bien affiné, le jack tiède, les jantes poussiéreuses et les moteurs rugissants, ou encore en bande-son de Brütal Legend (l’univers évoqué pourrait à merveille compléter ‘Straight Shooter’), l’album se charge déjà à lui tout seul d’évoquer tout un panel de savoureuses images, réelles ou fictives, dans l’esprit de l’auditeur débordé de tout les côtés par les guitares qui n’en finissent plus de donner des leçons de techniques éposutouflantes, sans toutefois verser dans la branlette de manche insipide et inintéressante comme j’ai la tristesse d’en trouver à la brouette dans la scène power/heavy actuelle (même si à l’avis de certains, certes ça fait partie du jeu, personnellement ça va bien cinq minutes quand c’est régurgité à ces points-là). Les deux soeurs exubérantes déclament ainsi leur riffs étincelants aux parfums de légendes, entre les hurlements de vibrato stridents, résonnants tels des hymnes épiques, clamants la louange d’un héros invincible et vainqueur d’armées entières, sacrifié sur l’autel du rock pour la plus grande gloire des dieux du feu, du bruit, et du metal ! (oui j’essaie d’adapte mon style à la musique que je décris, vous l’aurez remarqué)
Le chanteur par ailleurs, récite adroitement sa leçon, lançant de sa voix claire et passionnée ses encouragements à la formation, prenant tantôt une diction semblable à celle de Eric Adams (Manowar), tantôt un registre suraigu et un timbre plus très loin de celui du vocaliste légendaire Robb Halford. Si il répond toujours présent lorsqu’il est temps d’envoyer la purée, ce dernier sait aussi sagement se montrer discret et laisser le reste de la formation s’exprimer, encore autre chose dont je félicite Speedtrap et le reproche à tant d’autres groupes opérant dans ces genres-là.
Si la batterie sait rajouter un côté dansant au tout, jonglant adroitement entre ses cymbales et sa caisse claire sur des rythmiques cadencées, et relever un album aux sonorités déjà piquantes, ce sont bien les parties à 6 cordes qui mènent l’allure, cette dernière de plus en plus hallucinante au fil des 8 titres, licks étourdissants et solos éblouissants au clair, parce qu’on peut faire toujours plus clair, toujours plus rapide, toujours plus audacieux, et Speedtrap en est bien l’ultime preuve vivante. 
Tandis que le tempo monte, que les riffs s’enchaîne toujours plus follement, que les envolées se font dantesques, les accents harmoniques excitants et les pics à en tomber par terre, l’étoile monte sans jamais montrer signe de fatigue, et finit par exploser dans l’explosion musicale, accompagné par la voix du tonnerre lui-même, grondant avec la puissance d’un ouragan, à donner du priapisme à un paresseux, déchaînant les dernières forces de musiciens décidément surhumains, plaçant le bouquet final encore plus haut que nos plus folles espérances. Une seule chose à dire : je meurs d’envie de les voir en live, si les finandais ont autant de couilles en studio que sur scène, ça promet.
Si les vieux de la vielles commencent pour certains à flancher sous le poids des âges et des drives endiablés, les galopins tapageurs de Speedtrap répondent fièrement présent à l’appel, et montre bien plus qu’assez de répondant pour monter que y’en a encore sous le capot, et que ce vieux bolide couvé avec amour pendant des générations n’est toujours prêt de tomber en panne sèche.
Le premier album (2013, ’Powerdose’) de la formation avait déjà soulevé pas mal de louanges et d’encouragements, à tel point que le groupe est parti en tournée pendant presque un an , traînant derrière soi un panache toujours plus acclamé, et ce ne semble qu'être le début d’une course qui s’annonce toujours plus déjantée et sans limites.






- Pestifer


mardi 21 juillet 2015

AZAVATAR - AZAVATAR






AZAVATAR


Azavatar




Genre : Doomed Black Metal
Label : Art Of Propaganda
Date de sortie : 29 Juin 2015




    Écrasé par les affres de l’été, enfermé dans le noir à la recherche de la moindre fraîcheur, j’ai trouvé ce qu’il me fallait dans cet album éponyme de Black Metal allemand. Beaucoup on écrit moqueusement sur ces K et ces V qui composent  les cinq pistes du skeud, donnant cette impression de pseudo KvltoBlack, mais sans savoir réellement pourquoi j’apprécie le concept de tous ces titres en K. Froid, sombre, oppressant et violent, le premier album d’Azavatar a déjà été remarqué et acclamé, véritable réussite pour les débuts du groupe bien qu’il soit composé de musiciens expérimentés. Un Black Metal dissonant et incisif agrémenté d’influences Doom, créant ces ambiances lourdes et morbides,  voila la recette de cet Azavatar.  Rien de bien nouveau dit comme cela, mais les compositions sont empreintes d’une telle maîtrise et d’un savoir faire implacable que cet album fait déjà parti de mon must-listen de cette première moitié de 2015.

    Dès les premières minutes, l’ambiance des cinquante suivantes est posée. Une guitare Black alternant entre trémolos stridents et arpèges chaotiquement dissonants tandis que sa sœur plaque une rythmique d’un Doom old school, le tout sur une batterie à la pédale mid-tempo. Le rendu est lourd, assourdissant, nos oreilles se faisant agresser par la première guitare et marteler par la seconde. Si la formule est déjà vue, Azavatar distille son génie au compte-goutte pour finir par ouvrir un maelstrom de dissonances, d’arpèges, de talent et d’une double pédale folle. Une fois plongé dans l’atmosphère du skeud nous sommes prit dans les remous de ce typhon, vibrant au rythme des frappes violentes de la batterie qui est pour moi un des gros points forts de cet album. La guitare lead joue dans tous les sens, semblant venir de tous les côtés, oppressante et funèbre, sublimée par la rythmique lourde et sourde. Par-dessus le tumulte une voix de ruine s’élève de son chant moribond, parfois teinté d’une pointe hardcore avec ses déclamations hurlées, mais sachant également s’effacer afin de laisser à l’auditeur l’occasion de se laisser emporter par la tempête musicale proposé ici.
   Sans faute pour Azavatar, cinquante minutes d’une parfaite alchimie de maîtrise et de fougue pour un résultat excellent et incontournable dans cette moitié de 2015. De la composition au mixage, le rendu de cet album éponyme est d’une indéniable qualité. On sent une réelle osmose dans la musique, un chaos contenu dans un simple disque et pourtant si expressif. Bien que des influences telles qu’Infestus ou Blut Aus Nord (plutôt vers les débuts) se fassent sentir, le groupe connait son Black Metal et y insuffle son savoir pour aboutir à son chaos rampant et sifflant dont chaque facette trouble s’offre un peu plus à l’auditeur au cours du temps. Bien que la première guitare se fasse tapageuse et stridente, une force colossale se dégage des percussions avec un jeu très varié, sublimant l’aspect rythmique tout en le complexifiant. On ne peut nier bien sur l’évidente qualité sur les cordes mais la batterie fait partie de ces éléments trop souvent laissé en second plan permettant à un album de passer de « bon album » à « très bon album ».

   Tant d’éloges pour un premier album, à vous de juger si Azavatar le mérite, on peut dire que le quatuor commence fort. Déjà acclamé par beaucoup et relayé par ni plus ni moins que la chaîne OdiumNostrum, j’apporte mon humble pierre à l’édifice. Amateur de chaos distopique, dissonant mais non moins maîtrisé, ruez vous sur cet Azavatar qui comblera vos attentes j’en suis sur. Sans réel défaut, la musique du groupe est intelligente, parfois triomphale, parfois claustrophobique mais jamais cacophonique. Ainsi s'installe une infernale écoute qui bercera l'auditeur dans les ténèbres rampantes, complexes et stridentes sur les cinquante minutes qui nous sont offertes. C’est donc un excellent début pour Azavatar qui a su trouver son public mais arrivera t’il à le contenter une seconde fois après avoir placé la barre si haute ?

- Sarcastique

samedi 11 juillet 2015

URÐUN - Horror & Gore







URÐUN




- Horror & Gore








Genre : Death Metal
Label : Signal Rex
Date : 21 juillet 2015








Tracklist :
1. Morbid Funeral Ritual
2. Horror Spawn
3. Mortuary



Et on s’intéresse aujourd’hui aux islandais d’Urðun, qui contrairement à l’idée qu’on pourrait ce faire quant à cette origine, ne vont pas vous apaiser à l’aide d’un Post Black planant comme sujets d’interminables fjords étincelants, de montagnes majestueuses aux sommets qui dépassent les nuages (quoique, on en doute déjà au vu de la pochette de l’album), ni de Black regorgeant d’images de forêts de pins enneigés et autres paysages grim, mais d’un death lourd, au rythme insoutenable et doté d’une volonté aussi intransigeante et qu’assidue. 
Aussitôt dit, aussitôt fait, après quelques larsens et un aboiement impartial du chanteur, les  guitares s’élancent furieusement, tels des molosses lancés dans une chasse sanglante, à un tempo comme déjà dit, qui ne s’encombre ni de palabres, ni de patience et encore moins de pitié, la formation assenant ses reproches et revendications, si de façon convaincante en fin de compte, sans compromis. C’est tout ou rien, et Urðun se charge bien de faire comprendre que rien ne serait pas la bonne réponse.
La première baffe vient bien des guitares, dont l’attitude laisse penser à de véritables limiers infernaux, engagés dans une course avide de sang, se rassemblant en une implacable meute impatiente de la curée. Elles crachent sourdement leurs riffs impatients et cruels, qui transpirent de menaces et d’imprécations, à une allure plutôt rapide, mais non pas effrénée et désordonnée. En occupant tout les graves de son registre pesants et oppressants, la musique d’Urðun devient presque un objet solide dans l’espace sonore, celui-ci désormais entièrement annexé par ces basses grondantes, qui deviennent un réel un monolithe immuable et inexorable, et dont l’ombre menaçante prend incessamment du terrain sur la fuite son infortunée victime.
Derrière cette avancée cauchemardesque et terrifiante, la batterie se tient en véritable batteur de tambour d'une galère, marquant l’allure de ses coups de butoir imperturbables, et poussant ses galériens qui sont les guitares, à ne pas s’arrêter, abattant sans discontinuer ses rythmiques martiales et annonçant à chaque fois en premier les changements de tempos. Elle conserve en général un rôle assez passif finalement, marquant l’allure sans jamais vraiment réclamer sa part de butin, ce qui d’un côté est assez sage et évite les maladresses que commettent d’autres formations avec cette partie-là. Par exemple, celui-ci qui d’ailleurs relève tout simplement du quasi jamais vu et de l'exploit le genre exercé : l’absence quasi totale de blast beats (je dis quasi parce que j’ai peur d’en avoir loupé un ou deux, mais je n’en ai presque pas décelé tout au long de l’écoute de l’EP). Pour du death metal, le tableau des trophées s’annonce déjà bien chargé.
Et c’est pas fini, pour continuer avec cette métaphore, si les galériens sont les guitares et les percussions le batteur de tambour, le chanteur est bien le contre-maître, qui lorsque s’en présente le besoin, fait claquer son fouet au-dessus des têtes rebelles (sans toutefois se placer en chef tyrannique et omniprésent). Ses grognements presque méthodiques donnent l’impression qu’il conte les uns après les autres ses pires méfaits et meurtres les un après les autres, de sa voix grondante et enflammée. Sporadiquement cependant surgissent de suprenants et très réalistes cris de douleur affreusement palpable, élargissant d’une façon à laquelle on en s’attend pas forcément le potentiel de ce vocaliste, décidément efficace. 
La formation prend parfois aussi un autre tempo que celui principalement abordé, dans « Mortuary », le dernier titre de l’EP par exemple, où elle laisse de côté cette allure de charge fulgurante, brutale et sans merci, menée par les deux limiers infernaux que sont les guitares, et prend un ton plus mesuré, menant désormais un death metal dosé subtilement, non moins rapide mais évoquant désormais un sombre défilé, dont les suivants encapuchonnés entonneraient une sourde mélopée pleine de rancune, de mépris et de hargne, dont la marche ressembleraient désormais à un pas martial est décidé, et moins aux foulées sinistrement sûres d’atteindre leur but du début.
Le seul point que je reproche à la formation est sans doute sa légère timidité. À l’instar de ses confrères, qui en font souvent énormément, en tartinent de fond en comble dans des descriptions hyperboliques du début à la fin (et qui pour certains ont du succès) Urðun, si il promet tout au long de son EP une furie et une bestialité grandissante, le bouquet final ne vient jamais, entraînant une certaine déception après en avoir tant promis. Cette remarque est à prendre avec de la distance, car il s’agit bien ici d’un simple EP, ce point là serait handicapant pour album complet, ici pour une démo ce n’est q’un léger bémol. En bon optimiste, je dirai qu’Urðun nous garde cette agréable surprise pour une oeuvre prochaine, et que la formation a préféré garder quelques cartouches en réserve. 
Finalement, si l’explosion magistrale de brutalité tant attendue ne vient réellement jamais, Horror & Gore reste un excellent premier chapitre pour les islandais, très agréable à écouter, savamment mené à l’aide de tripes qui pour le coup n’ont pas l’air en reste, une hargneuse bile qui accouche de riffs formidables et redoutablement bien agencés entre eux, des morceaux s’étalant sur une dizaines d’émotions fortes toutes aussi brutales, éclatantes, que vindicatives, un EP qui sait se faire entendre et convaincre son auditeur dans les deux principaux sujets qu’il aborde (que son titre indique), et un premier pas qui ne laisse présager que du bon pour Urðun dans la suite.







- Pestifer 

mercredi 8 juillet 2015

CONQUERORS - Conqueror

CONQUERORS


Conqueror





Thrash / Black metal
Date de sortie: avril 2015
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Darkness Arrival
2. Conqueror
3. Act Of Violence
4. Morbid Hate
5. The Grinder
6. Stillborn
7. Decline
8. Of Weakness And Lies
9. Age Of Wrath







Cela fait maintenant 2 ans que les rémois de Conquerors tracent leur chemin dans les sphères de l'underground, local tout d'abord mais s'élargissant maintenant au nord et à la Belgique, après un premier EP, Deceptive Condolences. J'avais d'ailleurs déjà couvert un de leurs concerts qui présentait alors leur premier long play à venir et aujourd'hui entre mes mains. Si Conquerors s'est depuis séparé de leur bassiste de l'époque et n'évolue désormais plus que sous la forme d'un duo à la manière d'un Inquisition ou d'un Bölzer, force est constater que Morty (guitare / chant) et Hordos (batterie, ayant pris le poste de bassiste pour l'enregistrement) ne sont pas décidés à s'en arrêter à ce genre de détails. C'est ainsi qu'ils s'enferment en janvier dernier pour mettre la touche finale à leur album, sobrement intitulé Conqueror et comportant 9 titres composés depuis octobre 2013. Des titres qui ont mûri donc et qui permettent à la formation de gravir une marche supplémentaire, le résultat étant bien au-dessus de leur précédent effort. 

Si Conquerors pratique toujours un black metal épuré et hautement agressif, tout en gardant une approche très old school dans l'esprit avec de nombreux riffs tout droit sortis de la scène thrash des 80's, les compositions sont cette fois plus fouillées, marquant une nette progression depuis l'EP. Si l'on pouvait reprocher à Deceptive Condolences de s'éparpiller et de perdre un peu son fil, les rémois se sont cette fois concentrés sur l'essentiel laissant libre court à une sauvagerie primitive que beaucoup ont renié au profit d'une production trop froide et aseptisée. C'est bien au contraire dans l'optique de renouer avec le black metal ancestral que Conquerors, ne cachant rien de ses intentions, a choisi ce type d'expression brute et sans fioritures ni ornements. Nous retrouvons donc l'essence même du black metal puisé directement aux sources agrémenté, comme je l'avais déjà souligné sur mon live report du 15 novembre dernier d'une touche thrash bien plus présente que je rapprocherais du Slayer période Hell Awaits pour ne citer que celui-ci. 
Toujours dans cette démarche de raviver la scène underground de l'époque et son état d'esprit si particulier, Conquerors a choisi une façon de faire au plus simple. Ainsi les compositions furent enregistrées en une seule prise et pour aller jusqu'au bout de ce cheminement, le mixage est volontairement minimaliste et crasseux. Hors de question de policer son art, les aspérités rugueuses et sales qui écorchent sont là pour rappeler que le black metal vient de là et gare aux mécréants qui pervertiraient le message, ceux-ci sont rappelés à l'ordre jusque dans les textes, notamment "Morbid Hate" et "Of Weakness And Lies" sans prétention aucune me souffle Morty, ce n'est qu'une question de mentalité. Celle-ci tend à foutre le camp avec les nouvelles générations et Conquerors impose sa musique comme un hommage brûlant aux années 80 et à la naissance de ce courant musical. Un parti pris qui peut certes rebuter mais qui a néanmoins le mérite d'enfoncer le clou et colle parfaitement à l'album. Le black metal selon Conquerors, qu'on se le dise est celui d'antan, lorsqu'il sortait d'une cave humide et sombre, qu'il était spontané et dangereux et qu'une attitude allait de paire avec la musique. Il en résulte un album très dynamique, vivant, peut être parfois un peu flou rythmiquement sans que cela ne gêne véritablement l'écoute. Bien au contraire, si l'on fait fi de ces quelques détails, Conqueror vous convaincra par son énergie abrasive. Les nostalgiques pourront par ailleurs revivre le temps de ces 55 minutes l'émergence du black metal tel qu'il était pratiqué autrefois, lorsque Darkthrone ou Mayhem n'en étaient qu'à leurs débuts.

Conquerors a réellement pris du galon avec ce premier album. Le duo a affirmé son style et a gagné en maturité. Ne leur reste plus qu'à confirmer bien vite. En attendant, Conqueror est disponible en CD limité à 100 exemplaires numérotés à la main.














samedi 4 juillet 2015

ANTLERS - A Gaze Into The Abyss

ANTLERS


A Gaze Into The Abyss




Black metal atmosphérique
Date de sortie: 23 avril 2015
Label: Vendetta Records


Tracklist:
1. Reverence
2. Carnival Of Freedom And Betrayal
3. Hundreds
4. To The Throats
5. A Jail Of Flesh
6. Memories Of The Extinct






"Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas le devenir lui-même. Or, quand ton regard pénètre longtemps au fond d'un abîme, l'abîme, lui aussi, pénètre en toi." Nietzsche
Autant le dire tout de suite, je ne sais pas si la référence à Nietzche dans le titre de cet album est volontaire ou non. Toujours est-il que cette citation pourrait sans l'ombre d'un doute y coller à merveille. A Gaze Into The Abyss regorge de subtilités saisissables qu'après de nombreuses écoutes (je recommande un essai au casque) qui ne font qu'amplifier l'impact de cet album. Plus on s'y plonge, plus on l'aime et plus on l'aime...

Avec cette chaleur étouffante, on pourrait se dire qu'un bon vieux black metal des familles pourrait nous aider à sentir comme un brin d'air frais.  Et à ce titre, ce premier album d'Antlers semble des plus appropriés. La formation originaire de Leipzig pratique un black metal atmosphérique aux saveurs automnales voire hivernales bien qu'un peu de lumière arrive à filtrer par moments, probablement grâce à l'apport de Pablo Ursusson aux guitares et à la vielle à roue, plus connu pour son implication dans l'excellent groupe de neo-folk espagnol Sangre De Muerdago. Il n'est donc pas rare d'entendre ça et là quelques réminiscences folk comme celles que l'on peut trouver notamment chez les groupes de black metal d'Europe de l'Est tels Negură Bunget ou Drudkh, savamment distillées et enveloppant les compositions d' Antlers d'une aura mystique et véritablement intrigante. 
Si l'on ajoute à cela des textes plutôt énigmatiques, même si ceux de "Carnival Of Freedom And Betrayal" sont inspirés de L'oeil de Carafa (Q dans sa version originale) du collectif Luther Blisset et que "To The Throats" contient des extraits du poème "A War Song To Englishmen" de William Blake,  nous sommes ici en présence d'un album à forte identité, immersif au possible pour peu qu'on se laisse pénétrer par les émotions contrastées que délivre le quatuor.
A Gaze Into The Abyss est de fait un album résolument sombre à la première approche notamment sur ses morceaux les plus lents, nous prenant par la main et nous attirant inexorablement vers un sombre destin à travers plaines dévastées par d'anciennes batailles où seuls corbeaux et autres charognards parviennent à subsister. Ainsi les morceaux "Hundreds" et "A Jail Of Flesh" ont cette particularité de contenir une sorte de rage intérieure et bouillonnante tout en conservant une progression longue et répétitive, s'insinuant doucement dans l'esprit de son auditeur, y traçant son chemin pour ne plus en sortir. La pression monte peu à peu sans véritablement exploser, resserrant impassiblement son emprise.

Sombre donc, mais contenant comme souligné plus haut ses passages épiques apportant leurs notes d'espoir. Que cela vienne d'une approche plus dépouillée à rapprocher d'un punk sauvage propice à se jeter corps et âme dans une violente mêlée, ou d'une musicalité plus douce découlant de mélodies enivrantes et d'éléments post rock. Ce point en particulier me paraît important même s'il est loin de définir l'ensemble de l'album. Il n'est pas totalement incongru de penser par exemple à Agalloch par moments (au passage, je me demande si la ressemblance entre les logos, auxquels j'ajouterais celui d' Alcest est le simple fruit du hasard...?). L'aspect contemplatif de la musique est bel et bien là, à l'image de l'artwork qui accompagne l'album, épuré et sombre mais avec cette attirance particulière pour une nature toute puissante et magnifiquement insondable.

Mais la première image renvoyée par Antlers est bien, dans sa forme la plus brute, plutôt à rapprocher des formations scandinaves d'antan telles Emperor ou Darkthrone. Les riffs tourbillonnants furieusement de "Carnival Of Freedom And Betrayal" et plus encore de la conclusion "Memories Of The Extinct" rendent ici un bel hommage aux étendues glacées et aux batailles épiques dépeintes par les groupes précités. L'influence des 90's est palpable, tourmente et blizzard vous emporteront sans le moindre effort et les différents ajouts proposés par Antlers restent suffisamment subtils pour convaincre une grande partie du public black metal. Ceux-ci ne sont finalement que des outils permettant à la formation de sortir un minimum des sentiers battus et d'accoucher d'un album quelque peu déstabilisant de par ses multiples variations mais ô combien réussi.


A Gaze Into The Abyss est disponible en version LP ou cassette auprès de Vendetta Records (voir lien plus bas)