mardi 23 juin 2015

ENLIGHTEN - Phösphorvs Paramovnt



ENLIGHTEN


Phösphorvs Paramovnt






Genre : Black Death Metal Chaos
Label : Signal Rex
Date : 11 Mai 2015





Tracklist :
1. Phosphorvs Lvithn
2. Devourer Ov Stars
3. Svlphvr Bread
4. Glomvng


Une grande question revient souvent, dès qu’il s’agit de commenter ou d'apprécier un projet musical comme on n’en voit tant chaque jour, à savoir celle de la modernité ou de la tradition, et précisément dans les branches les plus extrêmes du metal, ou les étiquettes ont tendance à être légions, autant que les musiciens qui les mélangent. Parce que c’est souvent la fusion de plusieurs types qui vont en faire naître un autre, qui sera, si clairement affilié à plusieurs genres, paradoxalement suffisamment complexe et original à lui seul pour qu’il mérite le statut de genre à part entière. Beaucoup de formations, et souvent les meilleures comme il en a été énormément chroniquées sur ce blog, s’appuyent très fortement sur des canons connus très connus, tout en utilisant à bon escient leur talent, pour sublimer la tradition sur laquelle le groupe se tient, et aboutir à une oeuvre souvent très bonne, assez poussée pour éviter d’être du vu et revu insipide (tout en restant toujours à l’intérieur des limites d’un genre !). Et c’est sur ce que j’introduis les portugais d’Enlighten, qui après ce paragraphe un peu terre-à-terre, chamboulent tout ceci de leur imparable génie (si si, je dis génie, et plus je réfléchis à cet album, aux monuments qu’ils soulèvent d’un air tout naturel). Parce qu’ils mélangent allègrement une bonne dizaine de genre, tout en restant cohérents dans leur démarche, c’est un saut dans le vide expérimental qui reste tout de même solidement arrimé à beaucoup de racines musicales, qui les aiguisent tout en les laissant inchangées, les mélanges tout en gardant leur saveurs intactes.
L’aspect qui m’a frappé en premier dans la composition d’Enlighten est le jeu, très fascinant et bien pensé, de questions et de réponses entres les deux guitares, un riff de l’une entraînant celui de l’autre, et réussissant à développer deux personalités, qui échangent tout au long de l’album, conférant une très grande richesse et complexité à ce dernier. Ces guitares évoluent donc au fur et à mesure dans plusieurs genres, comme une discussion entre deux titans séculaires qui aborderait au fil de temps immémoriaux d’intenses et profonds sujets, et passant ainsi d'une émotion à l'autre, d'un genre à l'autre. Une basse au son lascif, typique du death technique à la Obscura (et autres), fait soudainement entendre ses grappes de notes rondes, au timbre fléchissant et intriguant, brodant autour des harmonies des guitares sa propre partie, intervenant par soubresauts pour souligner un instant précis de la chanson, pour se retirer immédiatement après et prendre un rôle d’arrière-garde, comme dans le morceau « Phosphovs Lvithn » par exemple, où celle-ci fait résonner de longs trémolos bourdonnants inquiétants, exacerbant ce qui est exprimé déjà par la guitare. Si Phösphorvs Paramovnt s’ouvre sur un death metal plutôt lyrique que brut, la musique de la formation s’intensifie souvent vers quelque chose de plus violent, puis s’affilie par la suite à son confrère plus sombre, en levant une sinistre et fatale chape de deuil et d’amer déclin sur un théâtre grandiose, ce genre d’atmosphère tragique qui (à mon humble avis) signe d’un geste élégant et très mature des inspirations black metal, celui-ci tantôt misanthrope et amer, voire dépressif, virant toutefois au vindicatif et trve par moments. Le chanteur quand à lui garde en général la même technique de voix, à savoir cracher sourdement ses menaces gutturales et rocailleuses, unes par unes, méthodiquement mais sûrement, usant avec la patience d’un homme sûr de sa vengeance, chacune de ses armes pour être certain de la totale annihilation de sa cible. Pour rajouter encore des exemples du trésor d'habilité de composition dévoilé dans cet album, on pourrais aussi parler des profonds passages mélancoliques qui apparaissent sporadiquement au cours du CD, la guitare encore distordue et secondée par un clavier au son délicat et aigu, qui s’élance dans d’entêtantes mélodies très tristes, laissant penser à des scènes grandioses pleines de pathos, comme le crépuscule tragique d’un être immense. Si ces moments constituent des pauses, là si l’album se laisse s’aérer, l’auditeur est aussi pris en complètement envahi et convaincu de la sincérité des douloureux sentiments qui sont très judicieusement exprimés dans ces moments là (le titre « Devourer Ov Stars » est en majeure partie composé de tels moments), en rajoutant une fois de plus une poignée d'émotions et de styles sur une liste déjà bien fournie. 
« Glomvng », le dernier titre de l’album et le plus intriguant de ce dernier, ne présente les interventions que d’un instrument à cordes frottées (violon ou violoncelle, il m’a été difficile de le reconnaître) et d’un piano, interprétant quelques mélodies passionnées qui brosseraient facilement le cadre d’une scène pleine de pathos, mais de par sa très brève durée (1 minutes et demie à peine) il est difficile d’en savoir plus, sans doute le très calme digestif qu’offre le groupe à l’auditeur, pour repartir encore plus fort lors du prochain album ?
La musique d’Enlighten transgresse ainsi en allègres foulées une bonnes poignées de différentes branches extrêmes du metal, tout en respectant, et même honorant chacune d’entre elle, tenant du véritable oxymore musical, et qui en plus de tout cela n’en reste pas moins extrêmement agréable à écouter, et dotée d’un lyrisme poignant. Le résultat de cet album, et j’en conclus après une bonne quinzaine d’écoute de cet album, est sans doute un triomphe qui est à saluer bien bas, et à bien y réfléchir la transcendance de tout les genres interprétés par la formation.




- Pestifer



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