mardi 23 juin 2015

ENLIGHTEN - Phösphorvs Paramovnt



ENLIGHTEN


Phösphorvs Paramovnt






Genre : Black Death Metal Chaos
Label : Signal Rex
Date : 11 Mai 2015





Tracklist :
1. Phosphorvs Lvithn
2. Devourer Ov Stars
3. Svlphvr Bread
4. Glomvng


Une grande question revient souvent, dès qu’il s’agit de commenter ou d'apprécier un projet musical comme on n’en voit tant chaque jour, à savoir celle de la modernité ou de la tradition, et précisément dans les branches les plus extrêmes du metal, ou les étiquettes ont tendance à être légions, autant que les musiciens qui les mélangent. Parce que c’est souvent la fusion de plusieurs types qui vont en faire naître un autre, qui sera, si clairement affilié à plusieurs genres, paradoxalement suffisamment complexe et original à lui seul pour qu’il mérite le statut de genre à part entière. Beaucoup de formations, et souvent les meilleures comme il en a été énormément chroniquées sur ce blog, s’appuyent très fortement sur des canons connus très connus, tout en utilisant à bon escient leur talent, pour sublimer la tradition sur laquelle le groupe se tient, et aboutir à une oeuvre souvent très bonne, assez poussée pour éviter d’être du vu et revu insipide (tout en restant toujours à l’intérieur des limites d’un genre !). Et c’est sur ce que j’introduis les portugais d’Enlighten, qui après ce paragraphe un peu terre-à-terre, chamboulent tout ceci de leur imparable génie (si si, je dis génie, et plus je réfléchis à cet album, aux monuments qu’ils soulèvent d’un air tout naturel). Parce qu’ils mélangent allègrement une bonne dizaine de genre, tout en restant cohérents dans leur démarche, c’est un saut dans le vide expérimental qui reste tout de même solidement arrimé à beaucoup de racines musicales, qui les aiguisent tout en les laissant inchangées, les mélanges tout en gardant leur saveurs intactes.
L’aspect qui m’a frappé en premier dans la composition d’Enlighten est le jeu, très fascinant et bien pensé, de questions et de réponses entres les deux guitares, un riff de l’une entraînant celui de l’autre, et réussissant à développer deux personalités, qui échangent tout au long de l’album, conférant une très grande richesse et complexité à ce dernier. Ces guitares évoluent donc au fur et à mesure dans plusieurs genres, comme une discussion entre deux titans séculaires qui aborderait au fil de temps immémoriaux d’intenses et profonds sujets, et passant ainsi d'une émotion à l'autre, d'un genre à l'autre. Une basse au son lascif, typique du death technique à la Obscura (et autres), fait soudainement entendre ses grappes de notes rondes, au timbre fléchissant et intriguant, brodant autour des harmonies des guitares sa propre partie, intervenant par soubresauts pour souligner un instant précis de la chanson, pour se retirer immédiatement après et prendre un rôle d’arrière-garde, comme dans le morceau « Phosphovs Lvithn » par exemple, où celle-ci fait résonner de longs trémolos bourdonnants inquiétants, exacerbant ce qui est exprimé déjà par la guitare. Si Phösphorvs Paramovnt s’ouvre sur un death metal plutôt lyrique que brut, la musique de la formation s’intensifie souvent vers quelque chose de plus violent, puis s’affilie par la suite à son confrère plus sombre, en levant une sinistre et fatale chape de deuil et d’amer déclin sur un théâtre grandiose, ce genre d’atmosphère tragique qui (à mon humble avis) signe d’un geste élégant et très mature des inspirations black metal, celui-ci tantôt misanthrope et amer, voire dépressif, virant toutefois au vindicatif et trve par moments. Le chanteur quand à lui garde en général la même technique de voix, à savoir cracher sourdement ses menaces gutturales et rocailleuses, unes par unes, méthodiquement mais sûrement, usant avec la patience d’un homme sûr de sa vengeance, chacune de ses armes pour être certain de la totale annihilation de sa cible. Pour rajouter encore des exemples du trésor d'habilité de composition dévoilé dans cet album, on pourrais aussi parler des profonds passages mélancoliques qui apparaissent sporadiquement au cours du CD, la guitare encore distordue et secondée par un clavier au son délicat et aigu, qui s’élance dans d’entêtantes mélodies très tristes, laissant penser à des scènes grandioses pleines de pathos, comme le crépuscule tragique d’un être immense. Si ces moments constituent des pauses, là si l’album se laisse s’aérer, l’auditeur est aussi pris en complètement envahi et convaincu de la sincérité des douloureux sentiments qui sont très judicieusement exprimés dans ces moments là (le titre « Devourer Ov Stars » est en majeure partie composé de tels moments), en rajoutant une fois de plus une poignée d'émotions et de styles sur une liste déjà bien fournie. 
« Glomvng », le dernier titre de l’album et le plus intriguant de ce dernier, ne présente les interventions que d’un instrument à cordes frottées (violon ou violoncelle, il m’a été difficile de le reconnaître) et d’un piano, interprétant quelques mélodies passionnées qui brosseraient facilement le cadre d’une scène pleine de pathos, mais de par sa très brève durée (1 minutes et demie à peine) il est difficile d’en savoir plus, sans doute le très calme digestif qu’offre le groupe à l’auditeur, pour repartir encore plus fort lors du prochain album ?
La musique d’Enlighten transgresse ainsi en allègres foulées une bonnes poignées de différentes branches extrêmes du metal, tout en respectant, et même honorant chacune d’entre elle, tenant du véritable oxymore musical, et qui en plus de tout cela n’en reste pas moins extrêmement agréable à écouter, et dotée d’un lyrisme poignant. Le résultat de cet album, et j’en conclus après une bonne quinzaine d’écoute de cet album, est sans doute un triomphe qui est à saluer bien bas, et à bien y réfléchir la transcendance de tout les genres interprétés par la formation.




- Pestifer



vendredi 19 juin 2015

FOSCOR - Those Horrors Wither

FOSCOR


Those Horrors Wither





Dark metal
Date de sortie: 25 novembre 2014
Label: Alone Records


Tracklist:
1. Whirl Of Dead
2. Addiction
3. Senescència
4. L.amor.t
5. Those Horrors Wither
6. Graceful Pandora
7. To Strangle A Ghost






On ne peut pas être partout et malgré mes longues recherches du groupe qui tue, il peut m'arriver de passer à côté d'un album qui vaut vraiment le coup. Et c'est le cas de Those Horrors Withers, 4ème album des Catalans de Foscor sorti en fin d'année dernière. Ce nom n'est peut être pas tout à fait étranger à quelques uns de nos lecteurs puisque outre quelques participations à divers festivals, le groupe a aussi accompagné Otargos sur une tournée française en 2009. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Foscor a beaucoup évolué depuis, ajoutant à son black metal d'origine, certes déjà bien construit et révélant une grande personnalité une bonne grosse louche de progressif et de doom. Notons par ailleurs leur participation à divers tribute dont Katatonia et Enslaved  et plus récemment à un live avec plus de 35 musiciens pour une nuit consacrée cette fois à Bathory ce qui indique assez clairement les influences de la formation.  
Pour autant si Foscor peut se rapprocher en certains aspects de la scène scandinave, le groupe puise néanmoins son inspiration plus directement de sa Catalogne natale et de son imaginaire ajoutant, sans s'aventurer dans le folk, une touche particulière et originale à sa musique notamment par l'utilisation en plus de l'anglais de la langue locale. Les ambiances sont ainsi travaillées différemment et le résultat final s'accorde pleinement au concept s'articulant, comme l'indique le titre de l'album autour de nos peurs primaires. Il en résulte un album particulièrement sombre mais pas que, Those Horrors Wither étant parfois apaisant en variant les intensités et les textures. C'est effectivement comme si nous étions plongés dans un mauvais rêve éveillé, entre réel et irréel, Foscor prenant un malin plaisir à brouiller les pistes en jouant sur la dualité entre la rugosité et la dissonance des guitares, des passages plus mélodieux et aérien ou post rock et la voix du chanteur qui alterne lui aussi chant black et chant clair. 

Là où Foscor diffère franchement des groupes précités, c'est bien dans ses atmosphères justement. Point de clavier majestueux ou de riffs pagan mais au contraire une approche plus progressive ou s'entrecroisent doom et black metal, mais nous remarquons également des résurgences progressives dans la lignée d'un Tool, ses rythmiques mécaniques, ses boucles musicales se réinventant à volonté  Ce sont les guitares et la basse qui mènent clairement la danse avec de sombres mélodies lancinantes et quasi horrifiques laissant planer doute et mystère le temps de progressions rampantes se dévoilant peu à peu. Jamais plaintive, la musique délivrée par Foscor est envoûtante et parfaitement menée par son vocaliste, Fiar, délivrant une prestation plus que convaincante notamment sur son chant clair où nous retrouvons l'ombre d'un Maynard James Keenan, chose nouvelle pour Foscor qui s'ouvre sur The Horrors Wither un champ des possibles qu'il sera intéressant de voir évoluer au fil du temps le groupe laissant entrevoir de nouvelles expérimentations sur les albums à venir. 
Un album en tout point intrigant qui ne délivre pas tous les secrets d'un groupe en pleine ascension artistique, puisant aussi bien dans les black metal des 90's que dans les expérimentations plus modernes (notons que le groupe cite également Deathspell Omega ou Ven Buens Ende parmi ses références), un album que je recommande chaudement à tous les fans de metal un tant soi peu élaboré qui ne pousse malgré tout pas la sophistication à l'extrême. Bref, un album qu'il aurait été dommage d'ignorer plus longtemps.












lundi 15 juin 2015

NECROCULT - For Thine Is the Kingdom, and the Power, and the Glory



NECROCULT


For Thine Is the Kingdom, and the Power, and the Glory





Genre : Black/Death Metal
Label : Satanath Records / Ira Militias
Date de sortie : 29 Avril 2015






   Le moins que l’on puisse dire c’est que Necrocult n’est pas le groupe le plus productif de l’underground français, avec ses deux albums en 18 ans d’existence. Encore trop jeune pour la musique de cet acabit en 2003, c’est donc avec intérêt que je me penche sur ce second skeud sortit 12 ans après le premier. Un artwork malheureusement assez oubliable compte tenu de l’imposante taille du titre. Musicalement Necrocult produit un Black/Death des plus efficaces, en même temps avec un tel nom on l’imaginait moins dans le Power/Sympho. Assez proche de ce qu’a pu produire un Anal Blasphemy ou Beherit, on trouvera également quelques accointances avec Black Witchery, des valeurs sûres du genre. Qu’on se le dise, Necrocult ne donne pas dans l’orignal mais le Black/Death et plus particulièrement sur son côté plus bestial. Ce style n’ayant jamais réellement renouvelé sa formule, ici on attendra donc de la maîtrise de son sujet de la part des musiciens.

    Or son sujet, le groupe toulousain le maîtrise, chaque point, chaque code qui rend ce style efficace est bien là, mid-tempo bien placés, riff brutaux et poisseux, etc. Ce « For Thine Is the Kingdom, and the Power, and the Glory » est donc assez classique mais efficace et maitrisé.
    Contrairement à la plupart de ses confères officiant dans un registre similaire, Necrocult ne tire pas sa demie-appellation « Black » d’une imagerie explicitement blasphématoire ou d’ambiances occultes mais plutôt de son riffing qui vient parfois alléger les compositions, évitant la redondance qui châtie bien souvent les piètres groupes de Black/Death. Tour de force pour le trio d’offrir des riffs purement Death, s’enchainant sur des tremolos Black pour finir par unir les deux genres  et cela sans jamais nuire à la cohérence de son album. Un des meilleurs exemples de ceci est la première pièce « Shadow » avec ses trois premières minutes d’un Black d’obédience norvégienne pour conclure avec un Death Metal pur et dur dans la seconde partie. Si le Black Death fait partie de mes genres préférés je lui reconnais toutefois une certaine redondance, cependant avec ses variations dans son riffing Necrocult varie son jeu, ses ambiances, en n’offrant pas simplement une médiocre copie de Proclamation et consorts, mais créant un côté plus épique et diversifié dans ses compositions, ce qui coïncide avec l’aspect fantastique et dystopique des paroles. Après avoir beaucoup parlé des guitares, attardons nous un peu sur le reste. Dans la même idée que les cordes, le chant se scinde également en deux voix, chacune occupant un champ de cet album, il est peut être un peu dommage que le chant Black prennent l’ascendant sur l’autre dans la seconde moitié de l’album. Les vocaux sont en place, efficaces et abrasifs, offrant parfois de très bonnes alternances dans les deux répertoires. La batterie, quand à elle, est parfaitement dans le ton, toujours là pour apporter la puissance nécessaire, toujours bien exploitée avec son jeu varié que ça soit pour appuyer les temps forts des morceaux ou y aller de sa puissance de feu à grand renfort de snare et de pédale. Pour finir,  la production vient contraster avec ce qu’on a l’habitude d’entendre dans ce sous-genre car elle est sonne moderne et est d’excellente facture, mettant en valeur chaque instrument.

    Necrocult, avec son come-back si l’on peut le nommer ainsi, ne s’enterre pas dans un style, il varie, oscillant entre Black et Death pour parfois les réunir et en faire un mariage heureux. Si cet album n’est pas exceptionnel il n’en reste pas moins bon, il est efficace, classique sans être cliché et on sent que les musiciens connaissent leur leçon mais ont tout de même su y insuffler leur personnalité. Tout cela s’explique par ce qui me plait le plus dans ce « For Thine Is the Kingdom, and the Power, and the Glory »,  c’est la générosité qui s’en dégage, on sent que pendant toutes ces années le trio a peaufiner son album et y a mit toute sa volonté.  C’est donc avec un vrai bon album, sans véritable défaut que relance Necrocult relance sa carrière, il manque simplement la petite étincelle qui ferait de cette seconde œuvre une excellente sortie de cette année. Il ne nous reste plus qu’à espérer qu’il ne faille plus attendre autant de temps pour voir un nouveau méfait de la part de ces Toulousains.

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samedi 13 juin 2015

MEFITIC - Woes of Mortal Devotion


MEFITIC

Woes of mortal Devotion



Genre : Occult Death/Death metal expérimental
Label : Nuclear War Now ! Productions
Date : 15 Juin 2015


Tracklist :
1. Grievous Subsidence
2. Obloqui
3. Noxious Epiclesis
4. Eroding the Oblates of the Lord 2
5. Mendacious Psalmodia
6. The Tomb of Amaleq
7. Pain
8. The Swirling Columns of Staleness

Mefitic, après avoir accouché d’une poignée de splits et de démos, ainsi qu’EP, (ce dernier n’était en fait qu’un prélude à ce qui nous régale les oreilles désormais) sort au grand jour son premier album longue durée, intitulé « Woes of Mortal Devotion », qui, il faut le reconnaître, a su se faire attendre, pour attiser les impatiences diront les bonnes langues, ou au contraire être un tantinet oublié malheureusement, mais ce petit joyaux de death metal expérimental, à ne pas en douter, va définitivement faire revendiquer au groupe sa parcelle de terrain, à l’aide de cet incontestable oriflamme.
C’est donc après quelques minutes de calme quasi complet, interrompu seulement par quelques sons numériques, qu’émerge une forme immense, noire et inquiétante, et son ombre démesurée qui engloutit le spectateur, ce dernier se sentant presque intimidé par la pesanteur du titan si grand qu’il dérobe à sa vue le soleil, et lilliputien désormais comparé à ce béhémoth tout en riffs effrénés et au registre littéralement monolithique. Même la guitare pourrait être confondue avec la basse d’une autre formation, tellement elle est désaccordée, et lance des graves d’une telle profondeur et d’une telle aisance, que je dois bien avouer d’avoir cru un instant qu’aucun instrument utilisé par les membres du groupe n’excédait les 4 cordes. 
De loin, si les riffs de la formation ressemblent à un concert hurlant et désordonné, où seul règnent l’anarchie de musiciens hystériques qui ne tirent de leur instrument qu’une cacophonie sans queue nie tête, on distingue de plus près un death metal caverneux à en battre des records (dans un domaine qui est par ailleurs rarement en reste !), grondant à chaque instant, composé comme je l’ai déjà dit, de basses roulantes telles une immense vague inexorable, peuplé de mélodies rabâchées incessamment, évoquants un nuage noir, tendu à craquer par les forces titanesques qui l’habite et qui menacent à tout instant de le faire céder, pour faire s’abattre tous les plus brûlants feux du ciel sur la tête de l’infortuné auditeur. 
Mefitic nous livre finalement un death metal ténébreux, bouillonnant en un typhon de vagues noires, insondables, qui, avec le choix des musiciens de conserver toujours un voile de secret et mystères, imbibé d'un mysticisme étrange et ésotérique (l’artwork de l’album, si splendide, est un bon exemple du ton occulte, de l'à moitié révélé, dont s’entoure la formation), ces vagues noires qui laissent penser au spectateur que des abysses encore plus inquiétantes sont encore à découvrir au-dessous de ces flots noirs, des profondeurs vertigineuses et sans fin, prêtent à faire se pâmer le plus endurci des auditeurs, et met en scène une confrontation terrifiante, et très bien pensée avec une mort qui ne se contente pas de putréfier les chairs et pourrir les os du mort, mais d’engloutir sa personne entière, autant son corps que sa mémoire, sa conscience et sa réflexion, pour enchaîner après la façon qu’a Mefitic de présenter son sujet avec de ce dernier en lui-même. 
Le groupe à de ceci comme sujet une vision très intéressante de la fin humaine, moins symbolique que d’ordinaire dans le metal, mais ce genre d’artifices et d’euphémismes retirés, et un tout nouveau point de vue et de réflexion abordé, il ne reste plus qu’une vérité, trop absolue et glaçante pour être réellement appréhendée par nous autres insouciants lurons (ce figuré par le voile de mystères et d’ésotérisme mis en oeuvre par le groupe dans ses titres) et la formation sait convaincre son auditeur, avec une composition excellente, réglée au poil net pour exprimer d’ailleurs une idée qui n’en mérite pas moins pour sa complexité quasi sans égal, philosophiquement parlant. Les musiciens confient eux-même que Mefitic n’existe en tout et pour tout uniquement pour servir ce but, en lançant ses inquiétantes et pessimistes questions à l’innocente plèbe que nous sommes, dominée par ces interprètes, ces derniers si un rien peu pressés par rapport à leur production, président dans une chaire déjà bien concurrencée et étayée (en y triomphant honorablement !) avec une prédication - pour continuer ma métaphore -, des plus originale et bien oeuvrée, et finalement bien plus sincère que nombre d’albums qui me passent régulièrement sous les yeux. 
Car il vrai que si ce genre de thème est omniprésent dans ce genre-ci et ses voisins, prenons le cependant toujours avec les pincettes adaptées, ce n’est pas parce que tout le monde en parle que la question est résolue, et qu’aucune réflexion sérieuse n’est désormais nécessaire. 
Mefitic, même si ils se sont faits largement attendre, pose sans fioritures sur la table une oeuvre, qui à mes yeux, bats tous les records à cette année, supplantant tous ses rivaux de par sa composition, sa sincérité et sa maturité. Espérons donc que la formation va donc continuer sur sa lancée, et que ce CD, à mes yeux un des meilleurs de 2015 (pour l’instant, aux suivants d’en balancer encore plus), sera dûment reconnu.






- Pestifer


vendredi 5 juin 2015

NEGURA BUNGET + NU-NATION + SAILLE + SIGHTLESS 18/05/15 Reims, L'Excalibur





Cela fait plus de 2 mois que Negură Bunget s'est embarqué dans une tournée marathon à travers l'Europe pour défendre son nouvel album, Tău, et comble du bonheur, le combo roumain s'arrête une fois de plus à Reims. Si Saille est toujours à l'affiche, nous devrons malheureusement nous passer des Northern Plague et Grimegod présents la veille à Paris.  L'Asso Myfist, pas les derniers à renifler les bons coups, nous propose en revanche d'accueillir les russes de Nu-Nation ainsi que les locaux Sightless pour cette soirée placée sous le signe de l'éclectisme. 





C'est d'ailleurs le jeune quatuor rémois qui ouvre les hostilités avec son metal puissant et groovy empruntant aussi bien au sludge qu'au stoner le tout saupoudré d'une petite touche thrash propice au mosh. Déjà vu plus tôt alors que le groupe ouvrait pour The Walking Dead Orchestra, il semblerait que Sightless  ait gagné en maturité depuis comme en atteste le tout nouveau morceau "John Doe" mis en ligne quelques jours seulement avant le concert. Le show est de fait carré et puissant. Je décèle là un jeune groupe qui promet, avec une aptitude certaine à créer des plans groovy qui tuent, des riffs véloces aux accents plus thrash qui décapent et de grosses rythmiques couillues qui bastonnent, la voix grave du chanteur servant de fil rouge et à mélanger tout ça habilement pour notre plus grand plaisir. À déguster chaud, ou brûlant selon les morceaux et surtout à confirmer bien vite avec une sortie studio. 






Autant dire qu'après ma découverte d'Eldritch, le petit dernier du combo belge Saille, l'annonce du groupe en première partie de Negură Bunget avait de quoi me faire bouillonner d'impatience. Et pour cause, j'étais à ce moment précis justement sur le point d'en rédiger la chronique. J'en attendais donc beaucoup et je ne fus pas déçu. Même si les samples symphoniques sont quelques peu étouffés sur les premiers morceaux, le groupe impose facilement ses ambiances glauques er horrifiques. Ce qu'on perd en grandiloquence sur "Emerald" qui ouvre aussi bien l'album que ce concert, on le gagne finalement en puissance, les guitares se taillant la part du lion. On risque de prendre cher ce soir se dit-on mais l'équilibre s'installe finalement et le groupe parvient sans problème à se mettre l'assistance dans sa poche. À l'écoute des extraits des précédents albums, il ne fait selon moi nul doute que Saille a bel et bien passé un cap avec Eldritch. Plus symphoniques, plus travaillées, plus subtiles, les nouvelles compos passent l'exercice du live à merveille et la groupe conclut sur un "Eater Of Worlds" conquérant qui en met plus d'un à genou. Seule ombre au tableau, "Dagon" et ses mystérieuses mélopées hommages à Lovecraft n'est pas joué ce soir et le groupe remballe après seulement 40 minutes. Toujours est-il que le groupe fait preuve d'un savoir-faire indéniable pour placer ses ambiances belles et aguicheuses tout autant que pour envoyer de gros riffs bien malsain. Dimmu Borgir n'a qu'à bien se tenir, la relève est très clairement assurée. 






Le temps de sortir prendre l'air et de chopper les gars de Saille histoire de voir de plus près l'édition vinyle, ceux-ci n'ayant pas daignés sortir leur merch (et croyez-moi, ils ont raté des ventes) et c'est déjà l'heure d'enfin partir vers le grand est avec les russes de Nu-Nation. Je passerais plus rapidement sur ce groupe d'une part parce que ce n'est pas mon style de prédilection et que d'autre part j'ai manqué une bonne partie de leur prestation pour cause de chaleur insoutenable dans la salle, la pluie c'est cool des fois. Sinon le même constat que pour Underside le mois dernier s'impose. Forte de 2 albums, la formation semble-t-il très jeune pratique un metal moderne, carré et franchement bourrin. Et comme pour Underside, eux aussi semblent maîtriser leur sujet mais ce sujet n'est pas tellement le mien. Je reconnais cependant volontiers que le groupe a su captiver son auditoire de main de maître et a fait augmenter la température de quelque degrés. 







Vient enfin le moment tant attendu, Negură Bunget entre en scène et c'est étrangement l'intro de l'album OM paru il y a 9 ans maintenant qui ouvre cette épopée transylvanienne suivie directement d'un superbe "Țara De Dincolo De Negură" posant de suite le ton. Le son est cette fois d'entrée à hauteur de mes espérances, tout est en place et je n'ai qu'à fermer les yeux pour être téléporté dans ces magnifiques étendues sauvages. La setlist qui suit fait évidemment la part belle au nouvel album que je n'ai pas encore entièrement assimilé (et puis ces titres en roumains, c'est pas le pied pour ma mémoire de poisson rouge) mais je reconnais néanmoins "Namatenie" et "Schimniceste" sans doute grâce aux clips ainsi que quelques autres dont les titres m'ont échappés. J'avais d'ailleurs jugé Tău très porté sur la facette atmosphérique du groupe mais je suis ici surpris par cette approche beaucoup plus orientée black metal en concert. Pour le reste tout y est, setlist aux allures de mini best-of (même si entre les "Inarborat" "Pamînt" et autres "Dacia Hiperboreană" manquait quand même "Tesarul De Lumini"), instruments folkloriques et percussions typiques et l'excellent instrumental "Norilor" invitant plus encore au voyage , bref, une prestation globale hors-pair.  Pour avoir vu Negură Bunget également en festival, c'est définitivement dans ce genre de configuration beaucoup plus intimiste que le talent du groupe est magnifié, la proximité avec les musiciens rendant le voyage incroyablement saisissant et immersif. Et bonne nouvelle, il m'a semblé que l'affluence était un poil au-dessus que lors de leur passage l'année dernière. Sérieusement, si y a moyen j'en prend tous les ans! 







mardi 2 juin 2015

AEK GWI - 靈樹林 (Forest of Ghost)


AEK GWI

靈樹林 (Forest of Ghost)








Genre : Ambiant./Atmospheric Black Metal
Label : Zero Dimensial Records
Date de sortie : 18 Avril 2015


Tracklist :
1. 靈樹林 (Forest of Ghost) - Part 1.

2. 靈樹林 (Forest of Ghost) - Part 2.





   La scène asiatique a toujours possédée une personnalité bien à elle et si en terme de Black Metal, la qualité des productions nippones n’est plus à prouver et a déjà trouvé de nombreux fans dans nos contrés franciliennes, il est bon de ne pas oublier son voisin sud-coréen. A l’occasion de recherches hasardeuses ayant pour but de faire plaisir à ma moitié d’origine coréenne en trouvant des groupes locaux, je suis tombé sur Aek Gwi. One-man-band originaire de Séoul avec pour maître Vhan, mélangeant de nombreuses influences allant du Black Metal à la Noise en passant par le Doom et le Dark Ambiant pour un rendu exceptionnel et horrifique. Véritable perle rare de cette année 2015, cet album n’a pas ou très peu d’équivalent, on pourrait toutefois penser à des groupes comme Abruptum, DarkSpace ou encore K.F.R avec qui Aek Gwi a d’ailleurs annoncé un split à venir. Rarement j’ai autant été prit dans l’ambiance d’une œuvre et l’horreur aura été si bien retranscrite, et il n’est pas impossible que ce « Forest Of Ghost » devienne un de mes albums cultes.

   Scindé en deux morceaux long d’environ 15minutes chacun, ce petit joyau est très hétérogène et pourtant très organique. Avec ses ambiances prenantes et morbides, ces deux parties de « Forest Of Ghost » semblerait presque être une B.O de film d'horreur tant le rendu est à la fois évocateur et mystérieux. Transporté dans le macabre et l'épouvante, l'auditeur ne pourra que se faire bercer par les variations faites autour de quelques riffs simples mais hypnotiques et les mélodies ultra réverbérées hypnotiques perturbées par des borborygmes gémissants et des hululements fantomatiques comme présent dans l'espèce d'interlude vocal au milieu de la première partie. S'enchaîne ensuite un riff de guitare typé Black Metal, répété de façon lancinante sur lequel vient se placer plus qu'un chant, une mélopée funèbre. Une flûte surgit de l'ombre, lyrique, et vient contrastée avec l'ambiance précédente, accompagnée de bruit d'eau instaurant une atmosphère plus mystique et contemplative que précédent avant d'être rattrapé à nouveau par un riff morbide rappelant quelque peu Beherit (dont le groupe a d’ailleurs récemment fait un cover). Dans tout cet album, Vhan nous fait balancer entre de nombreuses ambiances sans toutefois jamais perdre en cohérence bien que parfois les alternances soient un peu déconcertantes. Il est difficile de réellement résumer la musique de Aek Gwi tant elle est dense, de très nombreux éléments s’emboitent et se croisent, tout cela dans un seul but, l’horreur. Certains éléments de l’album m’évoquent même tout de suite cette thématique avec certains vocaux me rappelant ce que le cinéma a pu nous offrir en terme de fantômes asiatiques, Ju-on en tête, faisant ainsi peut-être le lien avec le titre de l’album.     
   Difficile à chroniquer car au final ce « Forest Of Ghost » ne possède pas ou peu de défaut, c’est une œuvre très complète, dense, organique, évocatrice et réussie. Les ambiances ainsi que les outils pour les mettre en place sont diverses et variés, parfois surprenants mais le résultat est bel et bien là, avec un rendu horrifique et ambiant parfaitement travaillé, sublimant le Black Metal servant de base musicale. Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec le fantôme asiatique et le traitement que le cinéma lui a fait, avec ces ambiances d’épouvantes mais cependant empreintes de mysticisme et de contemplation.

   C’est donc un album qui s’approche, à mon humble avis, titille la perfection (car rien n’est jamais parfait) avec sa thématique horrifique maîtrisée, ses nombreuses ambiances moites et prenantes. Le seul reproche qu’on pourrait faire est qu’on reste presqu’un peu sur notre faim avec sa durée assez courtes, 30 minutes purement atmosphérique, mais on en voudrait plus et il en va de même au niveau des effets sonores, j’aurais presqu’en envie de l’auteur aille encore plus loin dans ses idées. Ce « Forest Of Ghost » est donc une perle de cette scène asiatique, que beaucoup et dont moi je le reconnais, ne prenons pas assez le temps d’explorer, cet album est la pour nous montrer notre tort.


- Sarcastique

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