vendredi 17 avril 2015

ANTIVERSUM - Total Vacuum






ANTIVERSUM



Total Vacuum






Genre : sludge/death metal
Label : Invictus Productions
Date :  20 avril 






Tracklist :
1. Finis Aeternitum
2. Vetus Angelus
3. Total Vacuum
4. Adventus Finis



Avez-vous crus pouvoir passer un weekend quiet et léger ? Que nenni, ce groupe-ci agira bien dans le sens contraire, après une petite demi-heure d’écoute de riffs sinistres et dévastateurs, inquiétudes existentielles, questions obsédantes sans réponses, voilà le petit menu pour aujourd’hui, avec Antiversum.

Depuis les sommets suisses enneigés, Antiversum détourne son regard des problèmes oisifs des hommes, pour essayer d’appréhender l’immense vide au-dessus de sa tête, et sa vision se révèle terrifiante à en suffoquer. Blaise Pascal disait que le silence éternel des espaces infinis l’effrayait, et la formation, dans la même perspective, renouvelle le questionnement de l’homme sur sa faiblesse, sa taille insignifiante face aux espaces cosmiques immenses et mystérieux qui l’entourent, et son esseulement métaphysique, sur un ton occulte et lugubre à l'aide d'un death metal (l’oeuvre est quasiment inclassable, ses sonorités nagent cependant généralement dans ces eaux là) lourd et sépulcral, invitant insidieusement l’auditeur à emprunter un chemin de réflexion aussi bien de physique purement mathématique, qu’existentiel, chemin pavé d’embûches, de gouffres abyssaux et insondables, qui risquent d’engloutir avidement à chacun de ses pas sa raison, voire son âme. Et c’est ici la véritable question posée par Antiversum : quels sont les risques qu’encoure l’âme de l’humain ? Quels terribles dangers la menacent ? Que se cache t-il sous le masque de cette toile noire infinie ? 
Des riffs oblitérants tout sur leur passage, cadencés et opérants dans un registre très grave, monolithique même, saupoudrés d’une bonne couche de reverb, sont combinés avec la batterie, qui scande toujours les mêmes rythmiques oppressantes, et insistent sur l’aspect inquiétant, ce sentiment de malaise, de vulnérabilité dans l’oeuvre. On se sent plonger dans l’oeil d’un sombre et furieux cyclone, de sombres nuées vous attaquant de nulle part, des miasmes noirs vous tirant toujours plus bas, tandis que la voix du chanteur résonne telle celle d’un démiurge en colère, lançant ses accusations les unes après les autres. Par ce registre si grave qu’on a l’impression que tout l’oeuvre est un fond, un décor encourageant et menant à de nombreuses voies, elle se place très étrangement et d’une façon peu conventionnelle d’un point de vue sonore, décor auquel il convient à l’auditeur de le meubler de ses émotions et sa réflexion. On trébuche dans un sursaut de frayeur, sur cet absence de « premier plan », d’avis tranché, de quelque chose de concis à écouter, seul un vide glacé et oppressant nous répond, et fait écho de nos vaines et pitoyables tentatives de comprendre tout ceci.
La musique de la formation se révèle être une immersion réussie, intensive et profonde, dans un univers étrange, surnaturel, qui fait jaillir moult questions existentielles complexes , et dans son but final dénonçant ainsi la nature humaine, en plus d’en premier lieu, fournir une musique virtuose, et très agréable à écouter (eh oui, ne l’oublions pas !). Bourreau de la conscience humaine et de sa condition, Antiversum lance ainsi tortueusement mais efficacement avec ses questions son réquisitoire à l’Homme, avec ce qui ressemblerait le plus à du death metal mêlé d’un sludge latent, de cette façon si efficace et subtile, que l’oeuvre, lorsqu’elle est est contemplée dans son ensemble, sa musique en premier temps et sa démarche en second, frise le génie. Le groupe a, à mes yeux, largement hissé son album à un très bon niveau, voire excellent, malgré sa nouveauté, et j’espère chaleureusement qu’Antiversum saura une fois de plus renouveler et recommencer une démarche philosophique par une musique par ailleurs très bonne.








- Pestifer


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