mercredi 18 mars 2015

SORDIDE - La France a peur



SORDIDE 

La France a peur






Genre : Experimental Black Metal
Label : avantgarde Music
Date : 2014

Morceaux : 
1. Ni nom ni drapeau 

2. Blâme
3. Gloire 
4. L’innocence 
5. La France a Peur 
6. Pauvre Histoire 
7. Violence 


Sortant des gorges écorchées des sombres enfants d’un Rouen tortueux, on commence par examiner, sous les yeux menaçants d’un inquiétant galinacé, la jacquette de l’album dénommé « la France a peur », titre déjà croustillant promettant une écoute singulière, dans un domaine qui, malheureusement, a tendance à de régurgiter régulièrement la même bouillie prémâchée.
Un nouveau bébé dans ce vaste et passionnant monde, datant de l’année dernière, qui s’est fait malheureusement quelques peu dénigrer à sa sortie, voire incendier au cours des derniers mois et incidents politiques, montré du doigt comme ultra-patriotique, voire l’opposé total, comme séparatiste mal opportun. Ce genre de remarques sont négligeables quand c’est de la part des gros journaux télévisés à scandales, plus blessants et hargneux lorsque que c’est de celle de quotidiens sérieux, et plus versés dans ce domaine-là. Ce genre d’arguments-là sur le dos, il arrive à beaucoup d’oublier d’apprécier la virtuosité des 3 musiciens, étouffée, qui sont alors traités de vulgaires imbéciles copiant les classiques du Black Metal scandinaves, là où je n’ai senti seulement quelques effluves des débuts de groupes comme Mayhem, mais cela reste le relent d’une époque passée, rien de plus. Ce groupe s’appuie sur ses classiques, tout en mettant à découvert son propre monde. 

En commençant par ce qui m’a le plus frappé dans cette album, je parlerais de la basse, assurée par Nekurat, judicieuse dans ses sonorités et sa présence. Presque omniprésente, autant par son caractère que du remixing de l’album, elle soutient d’un zèle infatigable un rythme continu, elle fournit le rapide fleuve noir sur lequel va naviguer une voix torturée et une batterie marquant le rythme des rames de cette sinistre nef. C’est cette image qui s’impose à mon esprit à l’écoute de cette oeuvre, une sombre embarcation, celle de Charon peut être, portée et assemblée par les différents éléments de cette formation. Une basse donc, qui de ses sursauts harmoniques, tel le ressac, fait osciller volontairement la structure entière, et qui porte tout le poids de la guitare de Nehluj. Celle-ci souffle sur cette embarcation, tel un zéphyr démoniaque, ses accords stridents et dénaturés, qui exploitent au maximum le panel harmonique d’un tel instrument. Pas d’originalité éclatante en soi pour la batterie de Nemri, assez classique en somme, mais non pas mauvaise, à remarquer cependant ses judicieux battements allants et venants, qui fait avancer la formation au milieu de cette mer noirâtre, la menant à bon port, même si aucune réelle innovation n’est faite en cette partie. L’album a une cadence qui ne laisse pas grand-chose derrière soi, mais les tempos se calment parfois, laissant les blast beats disparaîtrent, jusqu’à parfois voir toute la chanson s’apaiser au point de différer en grand partie des moments plus rapides, se veinant de regrets et de désespoir plus que de rage. Enfin la voix principale de la formation, qui vaut déjà le groupe à elle seule pour moi. Pas de growl guttural, ni de scream ultra-violent et répercutant, mais une voix caverneuse, rauque, voire éraillée, faisant volontairement (à mon humble avis) mine d’être fatiguée, voire désespérée. Les paroles sont souvent audibles et faciles à comprendre, la formation s’appuie donc beaucoup sur la richesse de ses textes.
Et on arrive au point de jonction entre la musicalité de la formation, et ses objectifs intellectuels, le message qui veut être véhiculé. C’est déjà un risque pour une groupe de cette branche là, d’exploiter sa nationalité, l’ambiguité souvent présente dans ce genre à tendance, à être déjà un pas sur la corde du funambule. Et puis comment exploiter ses racines culturelles ici, moins évident de trouver matière à ce sujet en France qu’en Norvège, Finlande ou d’autres pays dont la géographie semble parfois avoir été conçue pour inspirer ce type de musique. Le groupe atteint cependant son objectif en plein dans le mille, j’avoue avoir été circonspect lorsque l’on m’a parlé d’un groupe de Black Metal dont l’artwork de l’album est un coq. Mais tout est censé, et judicieux, le simple volatile devient une allégorie de la France, détournée pour convenir au regard du groupe, c’est-à-dire non pas celle de la tour Eiffel, des baguettes, du vin rouge, et autres clichés, mais du vice, de gloire salie, d’une histoire tortueuse, pleine des relents d’une amertume vieille de plusieurs siècles, de brusques et souvent futiles effusions de sang et d’idées, entrecoupées de période de croupissements intellectuels, presque régressifs par certains moments, ces tristes scènes dépeintes hargneusement au long des 7 savoureux titres de cet album.

Tout ces éléments, personnellement me font penser à l’image que je vous ait décrit, d’une sombre nef portée par la musique de Sordide, et qui, plus en général laisse transpirer une atmosphère très noire, ésotérique et singulière, s’armant d’un Black Metal très authentique, tout en donnant les clés d’un monde unique et original. Cet album a, comme je l’ai déjà dit, eu certains problèmes et accrocs dans la progression de sa notoriété, en particulier avec le titre « Ni nom Ni drapeau ». Le groupe soutient régulièrement par des messages publics, que Sordide n’est en aucun cas ultra-patriotique, ou son opposé, la traduction directe des paroles de leurs chansons est d’ailleurs sans appel, ils ne se placent ni d’un bord ni de l’autre, cette formation s’est simplement basée sur ses racines culturelles, et donnant son avis de manière plus ou moins explicite, mais elle ne s’est placée dans un de ces bords-là. Toutes ces rumeurs sont définitivement infondées, et on espère que Sordide n’en prend pas un trop grand coup, que cela ne les empêchera pas d’ouvrir encore une fois la porte de l’univers fascinant qu’ils ont commencés à construire, pour un prochain album…






- Pestifer



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