lundi 30 mars 2015

PERMAFROST - Transitory

PERMAFROST


Transitory






Black / doom metal
Date de sortie: 16 janvier 2015
Label: Indépendant


Tracklist:
1. Oak
2. Collapse
3. Nausea







Je garde depuis le début de ce blog une crainte assez débile. Quand un groupe me contacte en vue d'une chronique, j'ai toujours un peu peur de ce que je m'apprête à entendre. En fait, je ne pensais pas un seul instant que nos chroniques susciteraient l'intérêt des musiciens eux-mêmes. Des tonnes de sites existent déjà et notre très faible impact me paraît disproportionné vis à vis des demandes que l'on a reçues. Et je dois admettre que si effectivement je flippe à chaque fois de tomber sur une sombre bouse (surtout parce que je n'aime pas laisser un message sans réponse et que j'ai choisi de ne parler que de musique de qualité) jusque là nous avons eu de la chance. C'est assez bizarre quand je vois les chroniqueurs d'autres sites se plaindre de la quantité de mp3 pourris qu'ils reçoivent. 

Mais fin de la parenthèse, parlons de Permafrost, de l'état de Virginie à ne pas confondre avec les quelques autres groupes évoluant sous le même nom, qui malgré 5 ans d'existence ne sort son premier effort qu'en janvier de cette année sous la forme d'un 3 titres. 5 ans, cela peut paraître long. Cependant, ce temps a semble-t-il été bénéfique à la formation puisqu'il lui a permis de trouver LE son qui lui convient. Lors de ma petite quête d'informations sur Permafrost je suis en effet tombé sur une interview du batteur Ethan Griffiths dans laquelle il expliquait que leur processus de composition a pris un certain temps, s'inspirant tout d'abord du death metal citant en référence Decrepit Birth ou Nile et que peu à peu sont venues se greffer d'autres influences comme le doom tel que pratiqué par Asunder ou Worship puis le black metal. Ainsi, tandis que d'autres produisent rapidement juste pour produire, les Virginiens ont pris soin d'explorer de multiples facettes de la frange extrême du metal et de n'en retirer que le meilleur, avançant pas à pas sans brûler les étapes.  
Il aurait d'ailleurs été dommage de brûler quoique ce soit, permafrost désignant pour ceux qui ne le savent pas, un sol dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs. Autrement dit, un coin où je ne risque pas d'aller traîner si ce n'est en musique et cela cadre plutôt bien avec celle pratiquée par le trio. S'affranchissant du death metal, nous retrouvons sur Transitory la froideur du black metal et la désolation du doom sans qu'un style prenne véritablement le pas sur l'autre. Les 3 titres oscillent entre ces 2 influences majeures via une guitare décharnée variant les tempos au gré des envies, assénant de longs riffs à répétions avec lourdeur. Peu de mélodie mais il est à noter certains riffs empruntant également au sludge voire au stoner sur de très courts passages mais offrant une véritable dynamique. 
La voix écorchée de Hollow Lung se mêle à merveille aux lentes progressions musicales. Comme pour la guitare, ni franchement black, ni franchement doom mais seyant parfaitememt aux paysages glacés et dévastés dépeints par celle-ci. Sur "Oak" comme sur "Nausea" un chant clair se fait entendre comme l'apaisement d'un tumulte émotionnel (dans la même interview Ethan Griffiths disait qu'il a vécu la composition de cet EP comme une catharsis et il semblerait que les textes soient assez personnels). A noter que le chant clair présent sur "Oak" est l'oeuvre de Simon Callahan de Midnight Eye. Rendue lointaine par une belle réverb, la performance ses 2 vocalistes ajoute mélancholie et profondeur à des morceaux sinon très lourds. Je n'ai rien contre le chant clair dans mon metal extrême à condition qu'il soit maîtrisé et qu'il apporte un plus, c'est le cas ici. 
Ces qualités font de Transitory un EP prometteur. Mais ce qui me fait dire que Permafrost tient une réelle chance de s'offrir une place au soleil, noir et glacé, de l'underground, c'est bien la section rythmique. La basse, ronflante, est ici bien mise en avant ce qui est suffisament rare pour être souligné mais s'autorise également quelques sorties des sentiers battus et ne suit pas bêtement la guitare comme c'est trop souvent le cas. Le batteur est lui aussi inventif et brode autour des rythmiques basiques propres au style jouant des cymbales intelligemment ce qui permet, même sur les moments les plus lents de garder une certaine intensité. La linéarité installant rapidement l'ennui, c'est ce que je déplore bien souvent sur ce type de productions, surtout lorsqu'elles s'orientent vers le funeral doom comme c'est le cas sur l'ultime pièce de Transitory mais le jeu est ici varié et blasts et roulements insufflent une énergie revigorante.  
C'est dans cet ensemble que la production tire son épingle du jeu et je me dois de souligner l'excellent travail de Simon Callahan (encore) au mixage et de Nikita Kamprad (Der Weg einer Freiheit) au mastering. Transitory sonne de façon rugueuse et caverneuse mais chaque instrument est judicieusement placé, chacun apportant sa signature pour un rendu finalement plus riche qu'il n'y paraît au premier abord. Je recommande d'ailleurs une écoute au casque pour profiter pleinement des performances du bassiste et du batteur. 

Rien ne sert de courir, il faut partir à point, tel est le crédo de Permafrost qui ouvre là sa discographie de fort belle manière. Mais un long play concrétisant cette première sortie est pour ma part attendue avec impatience. Disponible en version digitale en "name your price" sur leur page bandcamp, Transitory a également fait l'objet d'une édition CD limitée à 100 exemplaires.











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