lundi 23 mars 2015

INFESTING SWARM - Desolation Road


INFESTING SWARM




Desolation Road







Genre : post-black metal
Label : Art of Propaganda
Date : 30 Mars 2015


Intéressons nous cette fois-ci au triste parangon qu’est Infesting Swarm, nous parvenant d’Allemagne. Hurlant de douleur intrinsèque, paraît ce nouvel album, après la première du demo du groupe en 2011. Une formation prête à vous plonger dans le plus profond et insondable des gouffres de désespoir par les questions existentielles qu’elle pose et qu’elle place dans une ambiance dépressive à souhait. Le terme « Infesting Swarm » est une référence aux démons intérieurs de chacun, affamés et prêt à déchiqueter ce qu’il y a de bon en vous pour ne laisser que des ossements brisés et abjects. Le groupe se place dans la voix d’une victime poursuivie par ces sinistres et avides détracteurs, lancée dans une course effrénée mais inutile vers la porte de sortie de cet inextricable labyrinthe. Cet ouvrage est un véritable chef-d’oeuvre de complexité, musicale autant qu’existentielle par les questions posées.

Le premier titre, Dead Transmission, n’est pas richissime d’un point de vue musical pur, il n’y a qu’une discrète, presque douce mélodie jouée à la guitare, en terme de musique à proprement parler (le reste est une suite d’effets numériques) mais le sens est ici le plus important. C’est l’incipit d’un triste ouvrage qui est révélé, dont le titre et le caractère sont plus qu’explicites. Dès le second titre, sobrement intitulé « Ending », les mélodies pleines de détresse auront tôt fait de vous plonger dans une brumeuse atmosphère lourde de regrets, mélodies grandement portées par la guitare, qui utilise tantôt des accords très profonds et insistés, tel de lancinants remords, allant et venant tel une sourde et désespérée rengaine, tantôt par de tristes notes simples lentement égrenées, offrant de judicieux interludes, moments plus lents qui permettent à l’auditeur de bien savourer et ressentir les émotions déversées par cette musique. Elle se place définitivement en proue de la formation, tandis que la basse la suit, mise à part les quelques passages on en entend distinctement sa partie. La batterie régularise le tout, frappant sur ses cymbales d’un rythme inlassable, tel un inéluctable pendule, tout en plaçant judicieusement les temps fort des morceaux, à l’aide de sa grosse caisse, et de blast beats appuyants les envolées harmoniques de la guitare, lourdes de mélancolie. La voix, au coeur de la complexité et l’alliage de différents genres que fait la formation, oscille entre une voix rocailleuse et grave, typiquement death (voire doom) et un chant plus aigu, éraillé, virulent, et plus aigu, tirant vers l’amertume très reconnaissable du black metal. Une triste brume est ainsi créée, cette nuée s’éclaircissant cependant par endroits, pour laisser apparaître des émotions encore plus désespérées qu’auparavant, les titres des morceaux toujours plus de sinistres augures, pour se conclure par le titre éponyme de l’album, « Desolation Road », comme si le héros réalisait le résultat, d’avoir cédé à ses irrésistibles et intrinsèques démons, pour ne voir qu’une plaine désolée et jonchée de ruine, comme le cheminement qu’il a fait, figuré par le développement musical de l’album.
La formation illustre déjà bien sa pensée avec l’atmosphère crée par sa musique, mais j’ai été particulièrement séduit par le sens vraiment particulier donné à leurs musiques, bien moins habituel de ce type de musique et d’ambiances. En effet, quel plus grand adversaire peut avoir, que soi-même ? Une question existentielle très intéressante, pointue et originale, la formation se plaçant ensuite comme déjà dit, dans la peau d’une victime de ses propres démons intérieurs, plongée dans des abysses de désespoir, face à une lutte qui semble perdue d’avance. 


En somme, Infesting Swarm allie avec brio lancinante mélancolie et venimeux regrets, un très bel et réussi mélange de plusieurs genres pour aboutir à une oeuvre complète, virtuose et singulière, bien plus intéressante que les clichés musicaux usés et re-usés du black metal. Serait-ce une nouvelle branche se dessinant à l’horizon ? On l’espère vigoureusement, vu le résultat déjà présent sous nos yeux et surtout que cette formation en particulier, d’une virtuosité telle, et fournissant une telle quantité et qualité de travail, saura se faire remarquer, conquérir la notoriété qui lui est due, et qu’elle continuera dans le sens qu’elle a pris avec ce premier album complet...







- Pestifer 






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