jeudi 19 mars 2015

HETROERTZEN - Ain Soph Aur

HETROERTZEN


Ain Soph Aur





Black metal
Date de sortie: 15 décembre 2014
Label: Lamech Records



Tracklist:
1. Dealing With The Veil
2. Blood Royale
3. The Lifting Of The Veil
4. Endless Light
5. Carrying The Forbidden Flame
6. Spirit Eater
7. Procession Of The Silver Fire
8. Enter The Unknown
9. Of Tomb And Thirst
10. The Luminous One
11. The Rose And The Cross
12. Piercing The Veil







On parle souvent de la Norvège comme étant le berceau du black metal. Il est évidemment clair que la scène locale des 80's est celle qui a marqué les esprits mais ne serait-ce pas oublier quelques précurseurs? Euronymous lui-même ne cachait pas son admiration pour les brésiliens de Sarcófago. Il se passait déjà quelque chose en Amérique du Sud comme en attestent d'autres noms comme celui de Holocausto ou Anal Vomit qui aujourd'hui encore sont considérés comme cultes. Et la relève... Je ne l'ai jamais vraiment trouvé passionnante. J'ai toujours eu du mal à y trouver mon bonheur malgré la multitude de sorties venant de là-bas. Très (trop) souvent inscrit dans une mouvance old school, ces productions sont au mieux un divertissement sympa mais sans plus. Les groupes précités innovaient à l'époque mais maintenant? Il semblerait que l'Amérique latine reste ancrée dans le passé, sans parvenir à se défaire totalement de ses anciennes gloires. Nous pouvons bien citer les Colombiens d'Inquisition ou les Chiliens d'Unaussprechlichen Kulten mais là encore, ce n'est pas leur originalité qui frappe (ce qui n'enlève absolument rien à leurs qualités respectives). Puis vient Hetroertzen, originaire du Chili également bien qu'expatrié en Suède depuis peu. 5 albums, ce n'est pas rien et c'est seulement avec ce Ain Soph Aur que je découvre cette formation, album qui semble faire le pont entre le black à l'ancienne et certaines productions plus récentes à la scandinave.  

Les balbutiements du black metal se font entendre par des riffs de guitares froids et incisifs, déflagrations dissonantes et tourbillonnantes faites de tremolos et sons distordus ne laissant que peu de place à la mélodie et cherchant au contraire à installer une atmosphère funeste et parfois oppressante. Parsemé de riffs franchement old school, certains morceaux résonnent comme un appel virulent au retour aux sources nous remémorant ces années sauvages. Quelques relents punk se font même sentir à plusieurs moments contrastant avec le reste résolument plus sombre, malsain et destructif. Pour finir, divers interludes ambient alimentent encore cet effet anxyogène, les sons fantomatiques perçant la sinistre toile où de lancinantes et sépulcrales guitares installent sur de lentes progressions une opacité brumeuse dans laquelle il semble aisé autant que dangereux de s'égarer. 

Il apparaît donc clair que Hetroertzen a mis l'accent sur son concept ésotérique tant musicalement que textuellement. Car il s'agit bien d'un concept album, inspiré de la Kabbale et plus particulièrement de l'Arbre de Vie, divisé en quatre sections par trois voiles horizontaux que l'initié devra franchir dans sa quête spirituelle. Ain Soph Aur désigne le quatrième voile, celui séparant l'Arbre de vie du non créé primordial, celui qui le franchit atteint Dieu mais perd son existence (c'est pourquoi il est écrit que nul ne peut voir Dieu et vivre).
Et c'est de là que cet album puise sa force et son originalité. La lumière divine est ici pervertie dans un cantique des plus blasphématoires pour devenir un brasier conquérant. L'ésotérisme incandescent se traduit par un chant variant les techniques. Une grandeur majestueuse et venimeuse anime cette messe noire lorsque le vocaliste déverse ses vers en latin d'une voix puissante mettant en évidence la spiritualité malsaine de ce concept album par un chant monastique et très solennel. Au contraire, la crasse, le sang et la douleur transparaissent pleinement lorsque des hurlements terrifiants déchirent l'horizon glacé d'où est sorti cet abre non plus de vie mais de mort aux racines tentaculaires vous enserrant jusqu'à l'étouffement et à la sève empoisonnée. 

Ain Soph Aur est ainsi un album qu'il convient d'écouter avec la plus grande attention. Beaucoup plus riche qu'il n'y paraît, celui-ci pourrait bien être l'album de la consécration pour les magiciens Luciferiens de Hetroertzen, leur déménagement en Suède pouvant en effet leur ouvrir bien grandes les portes de l'Europe.












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