mardi 17 mars 2015

CHAOS ECHOES - Transient : 




CHAOS ECHOES 



Transient


Genre : avant-garde death metal
Date de sortie : 20 avril 2015
Label : Nuclear War Now ! 


Tracklist : 
1. Senses of the Nonexistent
2. Intezone IV Intoxicating Beauty
3. Advent of my Genesis
4. Interzone V Ignorance is Bliss
5. Kyôrakushugi
6. Interzone VI Realization
7. Soul Ruiner


Longeant d’un pas rapide les couloirs tortueux d’un cloaque métaphysique, se dessine la silhouette d’un nouvel album du groupe Chaos Echoes. Ce dernier a déjà commencé à se tailler une place assez solide avec son premier album, « Tone of Things to come », et s’apprête à l’affirmer une fois de plus, avec ce nouvel ouvrage, doté d’un enregistrement de meilleure qualité (me semble t-il tout du moins). Une continuité s’affirme entre les 2 albums, l’un s’enchaînant à l’autre de manière admirable, les fameux Interzone » se succédants toujours, ces derniers donnant l’impression, rien qu’en lisant la tracklist, que la formation va toujours plus loin dans sa recherche intellectuelle, franchissant les strates de pensée les unes après les autres. La pochette de l’album, figurant une tête desséchée d’un cadavre,  laisse déjà imaginer dans quels sombres tréfonds ésotériques la formation s’apprête à nous plonger.

Nous parvient aux oreilles d’abord des échos lointains, d’une certaine neutralité (même si de sombres augures restent en latence) réalisés par une batterie accompagné d’effets sonores savoureux, pour s’affirmer vers l’inquiétant, à peine voilé par une basse, qui de ses graves plaintes apaisent le jeu, tel le régulier cliquetis d’un pendule, calme mais inexorable. Les deux guitares s’ajoutent ensuite dans un fondu remarquable avec la partie de la basse, annonçant un nuage noir et grouillant, des choeurs scandants de sourdes litanies en arrière plan, rajoutant toujours à cet aspect de marche innarrêtable, inlassable, pour arriver vers les 7 minutes vers un death metal plus reconnaissable, avec des accords sinistres et sourdements insistés, comme une vérité qu’on ne cesse d’appuyer, par nécessité. Et ce pour le premier titre. Une voix grave, rocailleuse et hargneuse, s’ajoute à certains moments de quelques titres de l’album, celle-ci ne possède pas un grand rôle, mais apporte tout de même un aspect intéressant au tout. Les Interzone s’alternent avec les morceaux plus conventionnels (si on peut utiliser ce mot pour une créationde Chaos Echoes !), et relèvent presque du génie à mon goût, par la judicieuse structure et clarté qu’ils apportent. Il y a dans cette oeuvre, un tel trésor dans la structure interne des morceaux, leur succession  coordonnées et judicieuse qui, encore une fois dans une démonstration de virtuosité, rejoins les objectifs de réflexion de la formation. Les titres s’enchaînent ainsi, comme d’une pensée à une autre, abordants des questions aussi intéressantes que d’existence/ de non-existence, la honte que ressent un homme pour à ses désirs auxquels il ne peut que céder (Kyôrakushugi, en japonais, désigne l’hédonisme), etc (je vous invite à analyser par vous-même cet enchaînement croustillant, plein de sens). Cet album a autant de l’oeuvre musicale que du traité philosophique. À tous ces bons points pour la formation, s’ajoute une virtuosité des musiciens impressionnante, par leur talent à créer une ambiance singulière et fascinante, des images par une musique, qui techniquement analysée, n’utilise pas d’immense panels d’harmonies (en excluant les effets numériques, très présents aussi dans cet album) une montagne est fait de rien. Personnellement, tout cela m’évoquerait un sonar, qu’un scientifique peut être trop déterminé, aurait placé au plus profond des Enfers, persuadé qu’une neutre autopsie ou qu’une formule mathématique lui serait donnée, alors que seul le souffle glacé des psychopompes lui parvient. Un légiste froid, aseptisé jusqu’à l’âme, qui découvre la mort non pas sous l’acier stérilisé d’un scalpel, mais l’irrégulier fer d’une faux, la désillusion d’une humanité, persuadée d’avoir expliquée l’univers entier jusqu’à ses confins, qui se rend compte de sa taille de fourmi dans un typhon inconnu, inexpliqué et démiurge.

Chaos Echoes, avec ce nouvel album réalisé de main de maître, continue sa brillante course en approfondissant toujours plus leur concept de proue, sillonnant de tentaculaires terres métaphysiques. Cette recherche est menée d’un rythme toujours plus soutenu, toujours d’un pas plus marqué, à la recherche sans arrêt d’un renouvellement de propos, tout en restant dans la même perspective. Cette formation, s’armant d’abord d’une virtuosité époustouflante, se double d’une réflexion, comme précédemment dite, à milles embranchements, chacune de ces valeurs profitant à l’autre. C’est impatient déjà, que j’attend le prochain album, que j’espère au niveau de celui-ci, voire meilleur encore, tout en souhaitant que cet ouvrage déjà, ne reste pas noyé dans le flot, gagne la notoriété qui lui est due, et que l’intéressante voie que la formation a emprunté lui soit honnêtement récompensée.



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