dimanche 18 janvier 2015

SAILLE - Eldritch

SAILLE


Eldritch





Black metal symphonique
Date de sortie; 10 novembre 2014
Label: Code666 Records


Tracklist:
1. Emerald
2. Walpurgis
3. The Great God Pan
4. Aklo
5. Cold War
6. Eater Of Worlds
7. Red Death
8. Dagon
9. Carcosa






S'il est un sous-genre qui aura marqué mon éducation metallique et qui aura contribué à développer mon goût immodéré pour le metal extrême, c'est bien le black metal symphonique. Je me rappelle encore avec nostalgie cette douce époque où, alors tout jeune adolescent, je découvrais et me délectais de la puissance d'un Emperor, d'un Limbonic Art majestueux, de la grandiloquence d'un Dimmu Borgir, la beauté d'un ...And Oceans... Et je me souviens surtout, avec une certaine amertume cette fois, de la surmédiatisation, du moins dans la presse spécialisée qui multiplia les articles à propos d'un certain groupe anglais qu'une pléthore de suiveurs en cruel manque d'inspiration se disputera l'héritage, de la surenchère véhiculée par des plagiats à peine masqués puis finalement de la chute en désuétude d'un style qui avait pourtant tant à offrir. Depuis, on en oublierait presque que cette scène a un jour existé tant les sorties sont rares. En tout cas, si elles ne sont pas si rares (ça me semble un brin exagéré de dire ça), elles sont pour la plupart anecdotiques, voire sans le moindre intérêt. Successions de clichés satanico-vampiriques, de claviers Bontempi et d'approximations vocales, de tentatives lyriques foireuses etc... Bref, peu de groupes ont trouvé grâce à mes yeux récemment et ça m'emmerde. Notons quand même quelques soubresauts de temps en temps qui parviennent à me faire oublier toutes mes désillusions lorsqu'un vieux de la veille refait surface ou mieux, lorsqu'un nouveau venu parvient à ajouter sa touche personnelle et se défait des susdits clichés. Citons par exemple Carach Angren. Et Saille.

Les Gantois sont déjà les auteurs de 2 albums, Irreversible Decay et Ritu, sortis respectivement en 2011 et 2013 qui me sont par ailleurs complètement passés sous le nez. Nul doute que ce Eldritch, sorti chez Code666 dont j'ai déjà vanté les mérites lors des chroniques de Hail Spirit Noir et Aenaon (et qui peut se targuer en plus d'avoir un roster tout simplement impressionnant, Negura BungetFenNe Obliviscaris etc...) ainsi que la tournée à suivre en compagnie de Negura Bunget (justement!), leur permettront d'atteindre de nouveaux fans. Il faut dire que qualitativement, il n'y a rien à jeter. De la pochette, présentant la porte d'un monde sombre et étrange empli de mystères et chargé d'histoires fantastiques autant que macabres, au concept même de l'album chaque titre étant inspiré d'une oeuvre, nouvelle ou roman dont les auteurs originaux sont entre autres Gaiman, Lovecraft, Goethe, Poe ou Stephen King, jusqu'aux compositions travaillées avec soin et concordant parfaitement aux divers thèmes dépeints, tout semble avoir été réalisé dans le souci du détail. 

La formation belge entend bien prouver qu'elle n'a rien à envier aux groupes précités et cela s'entend dès l'ouverture de l'album. "Emerald" a beau reprendre toutes les ficelles du style, blastbeat, riffs effrénés soutenus par de nombreuses couches de claviers et interlude au piano, il n'empêche que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas entendu une telle entrée en matière dans le genre d'autant plus que Saille n'en oublie pas d'ajouter un peu de groove par moments, groove que l'on retrouvera à plusieurs reprises, le temps d'un riff relançant et aérant un album à l'atmosphère suffocante et oppressive. Plus impressionnante encore est la véritable explosion black/death "Walpurgis" à classer directement auprès des meilleurs moments de Dimmu Borgir
Le groupe prend le temps de poser le décors sur chacune de ses pièces comme en témoigne la durée des morceaux qui dépassent quasiment tous les 6 minutes. Pour autant les compositions sont variées par de nombreux changements structurels et les orchestrations, certes un peu en retrait pour un album estampillé symphonique, sont idéalement placées. Globalement plutôt discrètes, celles-ci se fondent si bien dans le black metal de Saille que l'on est parfois surpris lorsqu'elles se rappellent à notre bon souvenir de toute leur force. Eldritch est en ce sens un album très dense dont la profondeur est assez surprenante si l'on fait l'effort de s'attarder sur la richesse des compositions. "Dagon" et "Eaters Of Worlds" sont assez représentatifs des changements d'ambiance et de la cohabitation réussie entre black metal et symphonie. Le premier vous emmène droit dans Le Cauchemar d'Innsmouth dans une étrange danse macabre guidée par de funèbres et plaintifs violons tandis que le titre dédié au clown maléfique de Stephen King adopte une cadence frénétique sur fond d'ambiances anxiogènes avant qu'un changement de ton ne s'opère en milieu de course vers un final sinistre et tragique. 

En parfait accord avec les œuvres dont il offre une relecture, Eldritch est une belle réussite dont émane une aura inquiétante, angoissante et qui se gausse de nos peurs les plus primaires. Saille impose sa force et vous emporte dans un torrent impétueux d'épouvante, sachant se faire beau et aguicheur pour mieux happer sa proie.



Pour conclure, je ne peux que conseiller aux collectionneurs de se procurer l'édition limitée de Eldritch (s'il en reste!). Vous serez ainsi remercié par ce somptueux coffret contenant, outre l'album et divers goodies dont un t-shirt, 2 bières de la brasserie Duits & Lauret à l'effigie du groupe et surtout accompagnant idéalement l'album. Pour le reste, ne les manquez pas sur leur prochaine tournée!










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