dimanche 21 septembre 2014

HARAKIRI FOR THE SKY - Aokigahara

HARAKIRI FOR THE SKY


Aokigahara




Post black metal
Date de sortie: 21 avril 2014
Label: Art Of Propaganda


Tracklist:
1. My Bones To The Sea
2. Jhator
3. Homecoming: Denied!
4. 69 Dead Birds For Utoya
5. Parting
6. Burning From Both Ends
7. Panoptycon
8. Nailgarden
9. Gallows (Give 'em Rope)
10. Mad World (Tears For Fears cover - vinyl edition bonustrack)






Post-ceci, post-cela, shoegaze, blackgaze... Ces nouvelles appellations sont désormais courantes et j'avoue qu'il est parfois difficile de s'y retrouver. Un véritable phénomène de mode à son échelle qu'il convient de prendre avec des pincettes, comme tout style musical rencontrant un certain engouement, tant l'écart entre le bon grain et l'ivraie peut être énorme. Trop souvent copié, imité, plagié, le serpent se mort la queue et manque souvent cruellement d'inspiration quand il n'est pas carrément motivé par des aspirations bien moins louables, faire comme untel car untel cartonne.
Tout cela m'amène aujourd'hui à vous parler d'un groupe, ou plus exactement d'un duo, qui a bien compris, lui, que seule l'authenticité paye. Voici donc Harakiri For The Sky, formation autrichienne maniant habilement sensibilité à fleur de peau et black metal hargneux.

Se retrouvent dans ce duo M.S. s'occupant de toute la partie instrumentale et J.J. au chant, deux musiciens déjà bien actifs sur la scène autrichienne par plusieurs autres projets musicaux (Bifröst, Schanttelicht, Karg...) s'entourant pour ce second album de quelques guests comme Torsten (Agrypnie), Eklatanz (Heretoir), Seuche (Fäulnis) et Cristiano Rastelli (Whiskey Ritual). 

En premier lieu, je dois avouer que ce qui a motivé mon écoute n'est ni la description musicale ni l'expérience des musiciens que je ne connaissais pas vraiment en dehors de Fäulnis et Bifröst, mais bel et bien l'ensemble visuel, l'étrange nom du groupe ou encore les titres. Certes assez évocateur, le titre donné à l'album, Aokigahara, n'en était pas moins pour moi un nom sonnant plutôt exotique dont la signification m'échappait totalement. Il s'agit en fait d'une forêt située à la base du Mont Fuji tristement célèbre pour le nombre de suicides s'y étant déroulés. L'artwork, simple, énigmatique mais particulièrement beau, à l'image de la musique, attisa un peu plus ma curiosité. Il y a dans cet ensemble un bel exemple de cohérence qui, s'il ne transpire pas la joie et est en cohésion avec les thèmes récurrents du style, s'affranchit néanmoins des clichés habituels. Les textes ont beau traiter de suicides, de rêves brisés, d'amour perdu et de solitude, le talent d'écriture de J.J. fait son petit effet et donne à cet album une dimension supplémentaire lorsqu'il écrit sur des sujets moins personnels comme sur "69 Dead Birds For Utoya" dédié à la tragédie qui a secoué le Norvège le 22 juillet 2011.

Musicalement souvent comparés aux premiers essais d' Alcest, à Woods Of Desolation ou encore Deafheaven, Harakiri For The Sky n'en a pas moins son identité propre. Les morceaux comprennent aussi bien de purs moments de colère, motivés par un besoin d'exutoire salvateur, que des passages de toute beauté emplis de mélancolie et de désespoir. La rugosité de ces accès de rage, rendus plus rudes encore par une production crue n'en sont que plus efficaces. De même, les moments plus calmes sont le prétextes à de superbes envolés guitaristiques dont les mélodies superposées, brillantes et scintillantes, sont dotées d'une profondeur émotionnelle rare.
La voix de J.J. s'adapte particulièrement bien aux compositions. Certes black metal dans l'approche mais avec un grain particulier faisant ressortir toute la douleur des sentiments ici décrits. Si sa performance est peut-être un peu monotone, elle n'en est pas moins convaincante, les invités présents sur cet album apportant quant à eux leur part de diversité. Chaque morceau raconte ainsi une petite histoire, celle d'un déchirement, d'une blessure profonde et incurable, un hurlement de détresse. Non dénuée cependant d'une petite touche d'espoir que l'on peut entendre parfois sur certaines mélodies, la musique du duo n'en sonne que plus sincère.
Possédant l'édition vinyle de cet album, je ne peux, pour conclure, que vanter les mérites de la reprise de Tears For Fears, que les autrichiens s'approprient admirablement bien. Si la version originale de ce morceau était en véritable décalage avec le thème abordé et si la version de Gary Jules (que l'on connaît surtout grâce à la B.O. du film Donnie Darko) était elle beaucoup plus en adéquation avec les textes, cette reprise ajoute encore un niveau d'écoute supplémentaire.

Ne cherchant jamais à trop en faire, Harakiri For The Sky propose là un album compact bien au dessus des productions habituelles du genre, se démarquant des clichés dépressivo-pleurnichards d'usage chez toute une génération. Intelligemment construit et doté d'une véritable signature sonore, Aokigahara est une bouffée d'air frais ainsi qu'un voyage émotionnel des plus réussis.





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