lundi 28 avril 2014

CHALLENGER DEEP - Irreversible

CHALLENGER DEEP


Irreversible





Sludge / Post metal
Date de sortie: 1er avril 2014
Label: TRVS Records


Tracklist:
1. Preface
2. Infinity
3. Melancholia
4. Martyr(s)
5. Solace
6. Hope
7. Farewell






L'Europe de l'est nous a déjà fourni par le passé d'excellents groupes et continue coûte que coûte son expansion. Des scènes locales se développent un peu partout de l'autre côté de l'ancien rideau de fer. Parmis les plus connues et les plus profiliques, citons notamment la Pologne, qui se caractérise globalement par l'extrême brutalité de ses groupes ou encore l'Ukraine ou la Roumanie, plus enclines aux expérimentations depressivo-folkloriques. En retrait cependant, la Biélorussie n'est certes pas la première destination qui nous vient à l'esprit lorsqu'on parle metal. A vrai dire, je ne me souviens pas avoir déjà écouté un groupe en provenance de ce pays pas si lointain mais tellement méconnu. Les sites les plus spécialisés eux-mêmes n'en parlent pas ou très peu et ne comptons surtout pas sur les magazines qui semblent de plus en plus oublier que le metal, c'est avant tout l'underground (mais faut bien vendre n'est-ce pas?). Bref, voilà un tort que je me propose de rétablir (si peu) aujourd'hui avec Challenger Deep, jeune formation originaire de la capitale biélorusse, Minsk.

Encore totalement inconnu pour moi il y a quelques jours, je dois dire que Challenger Deep a su s'imposer comme l'un de mes meilleurs espoirs. Je ne sais malheureusement pas grand chose d'eux à l'heure actuelle, toujours est-il que le quintet s'est formé en 2009, qu'il est déjà l'auteur d'un album paru en 2011 puis d'un split 100% local en compagnie de Barrow. Je n'ai pas encore pris le temps d'aller écouter ces précédentes réalisations mais c'est un tort que je m'empresserais de rectifier dès que mon emploi du temps me le permettra.

Mais revenons un peu à l'album qui nous intéresse à savoir leur second, "Irreversible". Loin d'être une blague bien que sorti un 1er avril, ce second album est on ne peut plus sérieusement basé sur le rejet d'une condition humaine suffocante et emplie de souffrances. Loin des clichés habituels, le groupe laisse cependant ça et là poindre quelques notes d'espoir, vitales s'il en est. Pratiquant un sludge lourd doté d'atmosphères oppressantes, le groupe parvient à captiver l'intérêt de son auditoire sur ses longs morceaux (7 minutes en moyenne) par des plages instrumentales à la beauté mélancholique évidente, très post-rock dans l'esprit. Ces parties instrumentales, peut être plus expérimentales sont justement l'un des atouts majeurs de "Irreversible". Réduites au plus simple mais superbement interprétées, elles forment un contraste avec le rythme lent tout en lourdeur, martelant pesamment sur des riffs saturés en puissance un sentiment d'insécurité permanent. Cette dualité créé une tension dans chaque morceau, une sorte d'exploration détaillée des tréfonds humains, de ses sentiments les plus noirs, de ses espoirs, ses regrets, ses erreurs... Chaque passage plus léger (l'introduction de "Farewell", ses envolées guitaristiques en guise de final ou encore la très belle partie en chant clair de "Melancholia" particulièrement réussie) est comme une bouffée d'air frais bienvenue au beau milieu de cette colère exutoire et fait de l'album une automutilation sensorielle vicieusement addictive. Dans le climat rude et cruel qu'est la société moderne, prendre sa dose devient vital.
Il convient d'ailleurs de dire que les compositions ne suivent pas de schéma pré-établi. Ils évoluent au contraire au gré de l'inspiration du groupe qui démontre là un certain talent pour nous emmener dans des recoins innatendus. "Irreversible" est aussi un album assez imprévisible qui saura vous emporter et gardera votre curiosité éveillée jusqu'à la dernière note. Point d'orgue de cet originalité, "Solace" s'impose comme l'un des morceaux les plus aboutis, les plus intenses mais aussi au propos le plus violent, sonnant parfois presque black metal.

L'intention du groupe, plutôt pessimiste en général, vous en conviendrez, est parfaitement travaillée. Les interventions du chanteur tombent pile dans le ton, pas nécessairement de façon originale mais juste et c'est bien là le principal. D'autant plus que le monsieur sait réellement chanter. Ses parties de chant clair sont tout aussi justes et émouvantes. La montée en puissance d'un morceau comme "Hope" ne peut laisser indifférent. L'un des points forts de cet album et ce, juste au piano et sans grosse guitare s'il vous plait.

"Irreversible" est le parfait reflet de la société moderne, celle qui nous débecte chaque jour mais devant laquelle nous sommes impuissants. Une dure réalité certes, mais les biélorusses ont réussi le tour de force de la magnifier par sa musique, rendue avec la sincérité la plus totale, sachant y trouver une once de beauté. C'est à cela que l'on reconnaît un véritable artiste paraît-il. Mon seul espoir à moi maintenant, c'est que le dernier morceau de l'album intitulé "Farewell" n'en soit pas vraiment un.


Highlights: "Melancholia" "Solace"






samedi 19 avril 2014

MORD'A'STIGMATA - Ansia

MORD'A'STIGMATA


Ansia






Black metal avant gardiste
Date de sortie: 29 octobre 2013
Label: Pagan Records



Tracklist:
1. Inkaust
2. Shattered Vertebrae Of The Zodiac
3. Pregressed
4. Praefatio Pro Defunctis
5. Ansia









J'ai récemment décidé d'orienter mon blog vers des chroniques d'albums sortis cette année, me désintéressant volontairement (mais pas totalement) de ceux sortis les années précédentes. Ceci afin de coller au mieux à l'actualité et non par snobisme ou je ne sais quelle autre mauvaise raison. Il faut dire que ce début d'année est marqué par une véritable avalanche de metal. Ayant pour but avoué de mettre en avant les albums qui m'auront véritablement marqués, il me faut donc trier le bon grain de l'ivraie et cela prend un certain temps.
Une fois n'est pas coutume, je vais cette fois revenir un peu en arrière, fin 2013, à la demande du groupe himself, afin de vous présenter "Ansia", le 3ème album des Polonais de Mord'A'Stigmata.

Formé en 2004 à Bochnia, petite ville du sud-est de la Pologne, le groupe ne tarde pas à se montrer productif puisque 3 démos sortent dans la foulée, suivi du 1er album en 2008. Divers changements de line-up et de label n'entament pas la détermination du groupe, "Antimatter" sort 3 ans plus tard, puis vient "Ansia", dernière offrande en date.

"Ansia" est un album fascinant à bien des égards, empli de diverses expérimentations qui font de chaque morceau de longues explorations de paysages sonores différents mais loin d'être incompatibles. Ainsi, 3 des 5 morceaux présents sur l'album dépassent les 10 minutes, empruntant au travers de boucles instrumentales aussi bien au black metal, au sludge ou encore à la musique électronique. Chaque thème est disséqué dans les moindres détails, se répète inlassablement sous toutes formes de variations, se dirigeant parfois vers des terrains plus lointains encore, notamment grâce à un jeu de batterie jazzy qui vient nourrir le propos psychédélique de subtiles lignes de guitare. D'étranges mélopées, aux frontières du post rock voire du shoegaze, nous embarquent dans des voyages spirituels hypnotiques avant que la dure réalité ne nous frappe de nouveau par la voix de Ion. Ses interventions vocales sont certes relativement rares, assez monotones (mais pas ennuyeuses) mais terriblement violentes.
L'électronique ajoute une touche ambient particulièrement sombre et malsaine faisant résonner les compositions comme des délires mentaux non dénués de périls inquiétants.

Vous l'aurez compris, le travail est minutieux. Les instruments posent leur marque patiemment, font ramper leurs mélodies noires lentement mais sûrement, de manière totalement assumée. Les quelques pics de folie furieuse n'en sonnent que de manière plus tourmentée et efficace. Les musiciens savent où ils vont et ne se précipitent surtout pas avec maîtrise et se font un malin plaisir à prendre l'auditeur par surprise aux moments les plus inattendus.
Toutes ces influences, ces expérimentations, ces variations nous emmènent tour à tour dans des territoires complètement différents. Mord'A'Stigmata nous tient par la main et nous avançons aveuglément, sans jamais savoir de quoi vont être faites les prochaines minutes. Il faut souligner la production, dont la profondeur fait de cet album une expérience véritablement intense. Petit conseil pour une première écoute, laissez vous submerger par "Ansia" dans le noir complet, il n'en sera que plus délectant.
Chacun des 4 morceaux (le dernier étant une plage instrumentale ambiante de 2 minutes) peut être pris à part. Ils ont tous leur personnalité, leur histoire à raconter. Mord'A'Stigmata prouve avec cet album qu'ils ont une identité forte. Si les élucubrations d'un Blut Aus Nord, d'un Nachtmystium ou encore d'un Altar Of Plagues sont des choses qui vous parlent, cet album est fait pour vous.



Highlights: "Inkaust" "Pregressed"







mercredi 16 avril 2014

HIIDENHAUTA - Noitia On Minun Sukuni

HIIDENHAUTA


Noitia On Minun Sukuni





Black metal symphonique
Date de sortie: 14 mars 2014
Label: Inverse Records


Tracklist:
1. Tuhkasta
2. Raato
3. Tuo On Tuuli Nuolen Tuoja
4. Hiiden Virsi
5. Sumussa Soutava
6. Ruumisvedet
7. Kaartuvat
8. Sula Pohjaan Luut Levolle






Puisque je vous ai déjà parlé de la qualité générale des groupes finlandais, voici pour moi l'occasion d'enfoncer le clou. Déplaçons nous donc de quelques kilomètres à l'ouest de ce petit pays nordique, dans la région de Sakatunta plus exactement, où nous attend un groupe particulièrement prometteur.
Hiidenhauta (Tombeau des Géants en français dans le texte... du moins si Google trad ne raconte pas n'importe quoi!) s'est formé en 2012 autour de Fornjotur (monsieur) et Riena (madame), les 2 vocalistes. 2 EP sortiront l'année suivante à quelques mois d'intervalles. Le groupe signe alors un deal avec Inverse Records et voilà que déboule "Noitia On Minun Sukuni" en début d'année.

Si Whispered s'inspire nettement du Japon, insufflant de forts relents asiatiques à leur death metal, l'affaire est tout autre pour Hiidenhauta, plutôt rattaché à ses racines directes. J'en veux pour preuve leurs textes écrits façon Kalevala, utilisé fréquemment en finnois dans la poésie et érigé au statut de pierre angulaire de l'identité nationale finlandaise (merci Wikipedia). Les thèmes abordés sont donc emplis du folklore finlandais et baltique et d'histoire ou inspiré d'une nature particulièrement préservée.

Cependant, si il y a dans la forme qu'y met le groupe quelques éléments folk amenés par des bruitages naturels (ruissellement d'eau, chants d'oiseaux), une flûte ou quelques guitares clean ou acoustiques (accompagné notamment d'un chant chamanique que l'on doit à Jonne Järvelä de Korpiklaani sur "Hiiden Virsi"), le propos général est plus ancré dans un black metal traditionnel rehaussé de parties symphoniques. Le duo de vocaliste offre une belle performance et les 2 types de chant se complètent, entre les assauts corrosifs de Fornjotur qui colle à merveille à la rythmique soutenue des parties les plus metal et les interventions, plus douce et lisse de Riena et de sa voix aérienne, la plupart du temps accompagnée de l'intimiste instrumentation d'une guitare acoustique ou d'un fragile piano. Riena a elle seule offre un fort penchant gothique à l'album, les morceaux les plus virulents étant alors coupés net pour autant de moments de répit bienvenus.
Les claviers eux, apportent tout le côté symphonique avec classe, parfois épique, parfois mélancolique mais sans jamais sombrer dans la surenchère car placés légèrement en retrait afin de ne pas étouffer le tout. Ils sont cependant toujours audibles comme il se doit, y compris les vagues les plus discrètes et s'additionnent parfaitement aux lignes de guitares. Ces dernières répondent aux standards d'un black metal sans prétention: arpèges légèrement dissonants, riffs furieux et incisifs, envolées en tremolo picking mais suffisamment inspirés pour ne pas devenir ennuyeux et répétitifs. On ne sait d'ailleurs jamais trop à quoi s'attendre, chaque morceau comportant des passages assez imprévisibles.
Parfois plus atmosphérique, du fait d'intros ou de breaks instrumentaux inquiétants, intimidants ou tout simplement mystérieux, "Noitia On Minun Sukuni" est un album dépeignant un paysage évocateur d'émotions sombres mais résolument envoûtant. L'instrumental "Tuo On Tuuli Nuolen Tuoja" en est une belle illustration, surtout si écouté avec l'énigmatique "Hiiden Virsi" qui le suit.
Par ailleurs si les standards du black metal sont bien présents, il faut aussi reconnaître à Hiidenhauta un sens certains du groove. Sérieusement, "Raato" envoie sévère et plus d'un métalleux va lever son verre là dessus! Placer des morceaux si entraînants au beau milieu d'un album si noir était sans doute un pari risqué mais bien relevé par le sextet. La facette folk quant à elle, s'exprime surtout au travers du morceau "Kaartuvat", non seulement par l'ajout d'une flûte mais aussi par une ambiance plus posée mais néanmoins épique à sa façon. Ne parlant pas un mot de finnois, je ne saurais dire de quoi traitent les paroles de cette belle prestation de 9 minutes cependant des images de nature ou de guerrier contemplant le champs de bataille après la tempête me viennent à l'esprit à chaque écoute.
Puis l'album se termine sur la pièce instrumentale, tout au piano "Sula Pohjaan Luut Levolle", mettant un terme à l'épopée de la façon la plus douce sur une note certes mélancolique mais pleine d'espoir, comme un appel au 2ème album.

Côté prod, comme dit plus haut le mixage fait la part belle aux guitares. Ne l'oublions pas, il s'agit avant tout d'un album de black metal, chant féminin et claviers ou pas. Les roulements de batterie sont donc également bien présents et accompagnés de la basse, offrent une réelle profondeur à l'ensemble.


Il serait facile de cataloguer Hiidenhauta dans les groupes de black sympho, ces mêmes groupes qui ont connu leur heure de gloire à la fin des années 90. Mais les Finlandais ont bien plus à offrir. Sournoisement multi-facette, brouillant les pistes, le sextet délivre un album complet et moderne, plein de surprises et de découvertes. Un premier effort des plus prometteurs.


Highlights: "Tuhkasta" "Kaartuvat"







samedi 5 avril 2014

WHISPERED - Shogunate Macabre

WHISPERED


Shogunate Macabre




Melodic death metal / folk asiatique
Date de sortie: 7 février 2014
Label: Redhouse Finland Music Publishing


Tracklist:
1. Jikininki
2. Hold The Sword
3. Fallen Amaterasu
4. One Man's Burden
5. Kappa
6. Lady Of The Wind
7. Unrestrained
8. Upon My Honor








L'influence culturelle qu'exerce le Japon de nos jours en Europe est incontestable. Cela fait un moment déjà que nous sommes envahis de mangas, animes et jeux vidéos en provenance du pays du soleil levant. Déjà gamin, mes camarades de classe ne juraient que par Dragon Ball (Olive et Tom pour les sportifs). Le phénomène ne fait que s'étendre, au cinéma d'abord puis, naturellement la musique. On ne compte plus les groupes visual-kei. Aujourd'hui, tout le monde connait la Japan Expo par exemple. Y compris les plus réfractaires, comme moi. Je n'ai jamais vraiment su apprécier le caractère too much de toute cette culture (bon à part un peu sur les jeux vidéos, j'avoue). Grand fan de nanars complètement débiles, il est clair que le Japon a sorti les "oeuvres" cinématographiques les plus nawakesque de tous les temps. Mais voilà, trop c'est trop. Idem en musique. 

Pourquoi je parle de tout ça? Et bien parce que cette influence nippone se ressent aussi de plus en plus dans nos cultures occidentales. On a tous un pote geek qui bafouille un peu de japonais ou qui dessine dans un style très insipré du manga. Si, si réfléchissez bien, vous en avez au moins un dans vos contacts. Une fois de plus, idem en musique. Whispered a beau avoir son QG à Tampere, dans le sud de la Finlande, j'ai longtemps cru qu'ils étaient japonais (ou au moins asiatiques). Ayant récemment vanté les mérites de Tengger avalry, le lien était pour moi évident et ce, dès le morceau d'ouverture. Et puis évidemment, les textes aussi brouillent les pistes. Whispered joue le jeu à fond, nous contant légendes japonaises, histoires de samouraïs héroïques ou encore le code moral qu'est le bushido. Une affaire de passionnés donc, mais qu'en est-il de la musique? Parce que bon... des Finlandais qui se prennent pour des Japonais, dans l'idée je n'ai rien contre, cela peut même être très intéressant (métissage des cultures, mélanges de genres tout ça...) mais encore faut-il que ce soit au point sans quoi la caricature facile ne serait pas loin, et la poubelle non plus... du coup!

Passé la surprise des premières notes, qui efface pour le coup tout mon scepticisme naturel d'un simple revers, je laisse défiler le 1er morceau "Jikininki" avec l'impatience certaine d'en savoir plus. Difficile de dire à quel point l'album s'ouvre de façon intense et mélodique à la fois. La production est tout simplement énorme, massive sans étouffer le moins du monde la saveur exotique qu'apporte un frénétique shamisen (instrument à cordes japonais dont le son est de suite identifiable, faites une recherche vous verrez) aux riffs percutants de guitares. La clareté de cet album est d'ailleurs l'un de ses grands points forts, même la basse est parfaitement placée. Il m'en faut plus, et c'est tout l'album qui y passera, je suis subjugué.

Se basant sur un death mélodique à la scandinave que ne renieraient pas Wintersun ou Children Of Bodom, la musique de Whispered, comme son nom ne l'indique pas du tout, est une succession de rafales incontrôlables et ultra rapides d'énergie à l'état pur, ponctuées par d'entraînants solos ou des breaks plus lents, plus vikings dans l'esprit ou misant davantage sur l'aspect orchestral. Et oui, il aurait été trop dur pour des Finlandais de se défaire totalement de leur héritage, à la fois national et métallique, n'est-ce pas? Si ce n'était ce fameux shamisen, des morceaux comme "Fallen Amaterasu" ou "One Man's Burden" pourraient tout à fait figurer sur une compil entre un Moonsorrow et un Ensiferum, ça ne choquerait pas le moins du monde. Bon ça c'est pour les influences plus métalliques, on est d'accord mais Whispered a réellement su trouver sa marque de fabrique, son style, son identité. Les guitares et claviers propres au style travaillent parfaitement de concert, s'assemblant pour former des pièces épiques et galopantes, les réponses étant cette fois apportées par le shamisen. En background, une bande cinématographique orchestrale achève de vous faire voyager. Le résultat sur "Upon My Honor" est saisissant. Il vous suffira juste de fermer les yeux et les 10 minutes de cette pièce vous emporteront en vous laissant un arrière goût de faille spatio-temporelle.
Whispered va cependant à l'essentiel, l'album étant relativement court. Ceci est un bon point car trop long, il aurait pu s'effondrer sous son propre poids, sembler peut-être un poil répétitif ou too much ce qui, comme je le soulignais en début de chronique est inhérent à ce type de groupe. Les finlandais vont plus loin encore avec le délirant "Kappa", véritable morceau doux dingue entrecoupé d'un passage au saxo soutenu par de psychédéliques claviers. Idéalement situé en milieu de course, ce morceau relance l'album de la plus belle des manières dans une direction différente.
"Lady Of The Wind" n'est pas en reste, nous offrant une dualité parfaite entre quelques passages atmosphériques du plus bel effet, voire une ambiance presque gothique et d'autres plus rageurs, annonçant le très énergique et furieux "Unrestrained" digne des plus grandes écoles de metal finlandaises. Je suis convaincu qu'un fan de Sonata Arctica trouvera son bonheur dans ce morceau même s'il est allergique au death metal à la base.

On n'en parle pas souvent, mais je trouve personnellement qu'il y a vraiment un style purement finlandais. Il est davantage identifiable chez les groupes de heavy metal, Sonata, Stratovarius ou Nightwish en tête (pour ces derniers l'intro de "Upon My Honor" me paraît particulièrement évocatrice), vous voyez de quoi je veux parler? Je pense que oui. Whispered finalement c'est un peu la version extrême de tout ça avec en prime des sons venus d'un autre continent. Indéniablement, "Shogunate Macabre" est un album coup de poing, impétueux et fier, fort d'un métissage culturel inhabituel mais hautement maîtrisé. La Finlande n'a pas fini de surprendre.


Highlights: "Jikininki" "Upon My Honor"