samedi 29 mars 2014

SOCKWEB - Werewolf

SOCKWEB


Werewolf




Grind
Date de sortie: 25 mars 2014
Label: Monolithic Records



Tracklist:
1. Werewolf
2. I Want pancakes
3. Flower
4. Bunny
5. Bullies Are Mean
6. Monkeybar Massacre
7. Broken Glass Swandive
8. Cletus The Fetus
9. Spoon
10. Don't Get Mad Get Fab
11. Salamander Karate







Un peu ras le bol de parler de grosses brutes avinées, de barbaque et de rites satanistes. J'ai envie de quelque chose de plus léger en ce moment et c'est pourquoi je vais vous raconter l'histoire de Joanie.

Joanie a 8 ans. Elle aime la musique, les pancakes, son lapin, jouer avec son papa. Une petite vie d'enfant tout ce qu'il y a de plus normale, qu'elle passe à Richmond, dans l'Indiana, avec ses parents. Elle a un ami étrange, qui effraie sans doute ses camarades de classe. Mais qu'importe, c'est son ami. Ils se sont rencontrés pendant un orage, alors qu'il s'était réfugié sous le lit de la petite fille. Depuis, loup garou et fillette combattent main dans la patte les petits durs de l'école, vampires et autres vilaines sorcières au nez crochu.

Je vois que je commence à vous perdre non? Quel rapport me direz vous, avec mes chroniques habituelles? Et bien Joanie est surtout, du haut de ses 8 ans, vocaliste de grindcore. Et oui. Et ça va plus loin que ça, c'est elle qui écrit les textes et qui a choisi le nom du groupe. Elle a bien entendu l'approbation de son multi instrumentiste de père, initiateur du projet et compositeur de la musique. 
Sockweb a débuté il y a de ça 2 ans, au travers d'un morceau diffusé sur internet plus comme une blague qu'un réel projet sérieux. "I Want Pancakes" a cependant rencontré un beau succès d'estime, certainement grâce à la curiosité que peut éveiller une fillette de 6 ans qui chante dans un groupe de grind. Depuis les choses se sont enchaînées et si vous pensez que Sockweb n'est qu'un projet passager misant uniquement sur la présence de Joanie pour marcher et bien détrompez vous! Les talents respectifs de Joanie et Adam Young ont suffit à convaincre quelques figures imposantes du grind comme Katherine Katz (Agoraphobic Nosebleed) ou encore Scott Hull (Pig Destroyer) à participer à l'enregistrement de "Werewolf". La petite tranche de rigolade père / fille du début est devenue groupe à part entière et ce n'est pas prêt de s'arrêter!

Les présentations étant faites, qu'en est-il de la musique? 11 morceaux, 17 minutes, pas de doute, c'est bien du grind. C'est un peu court effectivement, cependant, tout ce qui compose un album de grind est bien présent. Le morceau d'ouverture ultra brutal ("Werewolf"), le morceau qui parle de bouffe ("I Want Pancakes"), la fausse intro acoustique qui part en couille ("Flower"), le morceau nawak-wtf-complètement déjanté ("Bunny"), le morceau à tendance plus punk / hardcore ("Broken Glass Swandive"), les morceaux épiques de plus de 3 minutes etc... Tout je vous dit! Pas besoin d'en dire plus, c'est un tour de force d'à peine plus d'un quart d'heure qui suffit largement à faire écarquiller les yeux. Mais bon sang, d'où vient cette gamine? Sa voix est réellement extrême. Réellement. On est assez loin des growls habituels (ceux là son assurés par des guests) mais pour être tout à fait honnête, j'ai entendu des adultes qui géraient beaucoup moins. Joanie possède un talent indéniable, c'est certain.  Et pour ceux qui s'offusqueraient de toute cette histoire, parce qu'il y en aura je n'en doute pas, je n'ai que 2 choses à dire: elle est très bien entourée et surtout elle s'éclate à faire ça. Point final.

Sur le plan strictement musical, le grind est à mon sens trop souvent réduit à un death minimaliste et bruitiste sans grand intérêt. Là non, les compos sont variées et inspirées et mieux, très bien produites. Tout est clairement audible contrairement à pas mal de sorties diarrhéiques, y compris les solos de guitares supersoniques. Les breaks et variations de tempo sont en place et bien construits, y compris sur les parties plus lentes propres au headbanging. Et puis merde, vous en connaissez beaucoup des groupes de grind qui n'hésitent pas à pondre un morceau symphonique? Allez m'écouter le génialissime "Spoon" et ce sera le cas.


Comme le dit si bien la page bandcamp, "Werewolf" est la preuve que brutal et adorable peuvent aller ensemble. 11 bonnes raisons de faire des gosses.




Highlights: "Werewolf" "Spoon"








Bandcamp (streaming de l'album complet)

vendredi 21 mars 2014

EXXPERIOR - Killing Entertainment

EXXPERIOR


Killing Entertainment





Thrash
Date de sortie: 1er mars 2014
Label: Autoproduction



Tracklist:
1. Science
2. Toxic Avenger
3. Killing Entertainment
4. Armour Of Hate
5. Contaminated-Exterminated
6. I Am Your Death
7. Warden Of Infinity
8. Thrash Insanity
9. Exx Song
10. The Curse Of Misery (Chapter One) Part I: Welcome
11. The Curse Of Misery (Chapter One) Part II: Half The Truth
12. The Curse Of Misery (Chapter One) Part III: Greed
13. The Curse Of Misery (Chapter One) Part IV: Hellish Hole


14. The Curse Of Misery (Chapter One) Part V: Time For Revenge








J'ai toujours beaucoup aimé le thrash. Ces riffs qui font secouer la tête et fusent comme des balles traçantes, ces solos de dingue, cette urgence omniprésente, ces cris de damnés... Surtout la version old school, le thrash modernisé à tendance à m'ennuyer. Assez paradoxalement d'ailleurs puisque j'apprécie d'habitude la recherche de nouveaux horizons. Pas pour le thrash, je reste fidèle à la bonne vieille méthode, 4 ou 5 mecs dans un garage qui font du bruit en jouant le plus vite possible. Oui, le thrash est clairement un effort de groupe, il ne peut pas en être autrement. Ah, ben si en fait. Voilà que déboule Exxperior, autrement dit un mec qui se charge de tout et fait intervenir un chanteur différent sur chaque morceau. Concept pour le moins inhabituel, il faut dire.

Exxperior, c'est donc avant tout le projet de Tom Liebing, bassiste, guitariste mais aussi en charge de la programmation des boites à rythme (et non pas de vraie batterie mais attendez un peu avant de crier au scandale... cette putain de machine est incroyablement proche d'une batterie réelle) et surtout de toute la composition. Un multi instrumentiste donc, que certains d'entre vous connaissent peut être déjà par le biais de ces précédents groupes (Rodent (With Glasses), Triopus, Hateful Agony, Slaughtered Existence).
Exxperior n'est pas non plus tout nouveau puisque formé en 2010. Suivra une démo, un 1er album puis une seconde demo et enfin "Killing Entertainment" 2ème album complet.

Musicalement et bien que dire...? Ma petite énumération plus haut des caractéristiques basiques du thrash est ici respectée au pied de la lettre. Nous sommes en terrain plus que connu: les riffs sont solidement taillés, la vitesse minimum réglementaire est respectée, la rythmique est matraquante comme il faut... Et les solos! Putain mais ces solos! Techniques tout autant qu'inspirés tout en gardant cet esprit 80's. J'adhère totalement à ce type de jeu qui donne de suite envie de casser un truc, n'importe quoi, ce qui tombe sous la main et tant pis si c'est une gueule. Merde, c'est bien le but du thrash non? Tout faire sauter, headbanger comme en dingue à s'en exploser les cervicales et le majeur tendu bien haut s'il vous plait! En bref ça bastonne et en vitesse. Bon, il faut quand même noter quelques passages acoustiques, histoire de garder sous contrôle toute cette sauvagerie pleinement assumée, parfois avec ce belles parties de (vrai) chant, la fin de "Armour Of Hate" par exemple assurée par le vocaliste de Entropy ou encore "Hellish Hole" très proche d'un Metallica.
Parfois le chant est plus hargneux, sur "Contaminated-Exterminated" avec le chanteur de Toxic Waltz ou pour le morceau suivant "I Am Your Death" carrément death metal cette fois. Mention spéciale également à "Thrash Insanity" (chanteur de Thrash Or Die) qui porte décidément bien son nom.

Plus audacieux, la dernière pièce est en fait un seul morceau, intitulé "The Curse Of Misery" divisé en 5 chapitres (et encore, nous n'avons que la première partie ici, affaire à suivre donc) que se partagent les chanteurs de Warforger, Dust Bolt, Bitchhammer et Nator.

J'avais déjà écouté des albums conceptuels de la sorte, un compositeur pour plusieurs chanteurs mais cela s'inscrivait dans un tout autre registre, plus opera metal, chaque chanteur incarnant un personnage afin de raconter une histoire complète. Et puis surtout, cela n'avait rien de thrash, je pense notamment à Ayreon ou le Nostradamus de Nikolo Kotsev, plus heavy / progressif. Cette fois, il ressort surtout que Tom Liebing a voulu se faire plaisir en invitant tout un tas de potes à participer à son album, sans prise de tête, juste pour envoyer la purée. Le gros avantage de cette démarche, c'est que l'on a réellement l'impression d'écouter plein de groupes différents d'un seul coup sans perdre cette impression d'unité car le style de composition reste quand même reconnaissable. On pense ainsi tour à tour à Exodus, Anthrax, Nuclear Assault ou encore Metallica... ne reste qu'un seul nom au final, celui d'Exxperior. Et franchement, il y a pire comme références n'est-ce pas? De plus, cet album éveille la curiosité. Je ne connaissais pas le quart de ces groupes invités et ne manquerais pas d'aller écouter ce qu'ils ont à proposer.


Débordant d'idées, certes un poil poussiéreuses, "Killing Entertainment" est cependant un album très varié grâce à l'apport de chacun de ces chanteurs, chacun amenant sa touche personnelle. Un album qui plaira aux nostalgiques et qui ne manquera pas de donner des leçons aux plus jeunes.


Highlights: "Thrash Insanity" "The Curse Of Misery"








dimanche 16 mars 2014

WORLD PAINTED BLOOD #3



Alors que certains rédacteurs de certains magazines connus se plaignent dans leurs pages du manque de sorties extrêmes, votre serviteur continue d'alimenter sa rubrique "musique du monde". Déjà la 3ème édition, et cela sans compter les chroniques habituelles. Alors comme ça, ce début d'année est trop calme? Mon cul! La preuve!





AFRIQUE
WILDERNESSKING (Afrique du Sud)
The Devil Within
Date de sortie: 22 janvier 2014
Label: Autoproduction
Après un album en 2012 suivi d'un EP la même année, WILDERNESSKING nous revient avec un second EP 3 titres pour un peu moins de 20 minutes. Le black metal vigoureux des 2 premiers morceaux s'oriente vers quelque chose de plus atmosphérique sur le titre éponyme long de 10 minutes, véritable pièce maîtresse et charnière entre férocité et sensibilité. Un bel effort à confirmer rapidement avec un 2nd full lenght!







OCEANIE
ADAMUS EXUL (Australie)
Arsenic Idols
Date de sortie: 7 mars 2014
Label: Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum
Restons encore un peu dans le domaine du black metal avec le 2ème album de cette formation de Melbourne. Haineuse et virulente, la musique d'ADAMUS EXUL reste cependant assez riche en terme de composition: quelques incursions doom ou symphonique pour un album à la saveur plus que pessimiste. La production brute de pomme est ici un vrai plus.







ASIE
RUDRA (Singapour)
RTA
Date de sortie: 14 octobre 2013
Label: Sonic Blast Media
7ème album déjà, faisant suite à une trilogie conceptuelle saluée par les critiques du monde entier. RUDRA était attendu au tournant mais n'en sort pas moins un blackened death metal de très bonne facture teinté de mysticisme tribal, des paroles en sanskrit, des emprunts à MOONSPELL ça et là... Il ne m'en faut pas plus, une très belle surprise!









AMERIQUE DU SUD
A THOUSAND YEARS OF PLAGUES (Argentine)
Dæmon
Date de sortie: 20 octobre 2013
Label: Spectral Blasphemies
Vous avez besoin d'un bon gros défouloir après une journée de merde? J'ai ce qu'il vous faut! A THOUSAND YEARS OF PLAGUES délivre une incroyable débauche d'énergie au travers d'un deathcore ultra violent et hautement technique. Quelques influences grind et black metal par dessus le marché mais sans pour autant perdre son sens du riff qui tabasse. Ouch.







AMERIQUE DU NORD
VALKNACHT (Canada)
Le Sacrifice d'Ymir
Date de sortie: 11 mars 2014
Label: PRC Music
Se jetant corps et âme au coeur d'un combat épique, les Québécois (textes en français) imposent leurs orchestrations épiques et puissantes dans la mélée. Leur black metal très pagan dans l'esprit se veut mélodique, accrocheur mais aussi très agressif et sans pitié. Un condensé de puissance, mélodique et symphonique qui fera mouche auprès des vikings.










EUROPE
MY HIDDEN SIN (France)
The Tale
Date de sortie: 28 décembre 2013
Label: Autoproduction
Il fallait bien que je passe par chez nous un de ces 4! C'est désormais chose faite avec ce groupe très prometteur basé en région parisienne. MY HIDDEN SIN, c'est du death metal avec un sens de la mélodie imparable, des solos qui tuent, des influences progressives, des breaks jazzy... A surveiller de près!





BROOD OF HATRED - Skinless Agony

BROOD OF HATRED


SKINLESS AGONY





Post-death metal (je viens de l'inventer celui-là!)
Date de sortie: 10 mars 2014
Label: Autoproduction



Tracklist:
1. Deconstruction
2. The Mind That Emerged
3. Technological Genocide
4. Cacophony In The Creation
5. The Singularity Is Near
6. Skinless Agony
7. Predestined Suicide
8. Obsession
9. Disbelief Grows








Il y a quelques jours, je visionnais un trailer annonçant l'arrivée prochaine d'un album de death metal en provenance de Tunisie. Pas la grosse claque mais j'ai quand même noté le nom du groupe dans un coin. Les quelques extraits étaient suffisamment convaincants pour me donner envie d'écouter plus en profondeur l'album complet une fois celui-ci disponible avec un éventuel mot dans ma rubrique WPB. Il faut dire que l'Afrique n'est pas la partie du globe où le metal est le plus présent et il me faut par conséquent garder en tête chaque groupe prometteur qu'internet met sur mon chemin. Peu de temps après, l'album sort enfin officiellement et la voilà, la grosse baffe. Ce n'est vraiment pas ce à quoi je m'attendais, si bien que je décide finalement d'en faire une chronique complète.

Brood Of Hatred nous vient donc de Tunis. Il s'agissait au départ d'un one man band formé par le chanteur et bassiste Mohamed Melki. Il recrutera plus tard d'autres musiciens en vu de l'enregistrement d'un EP en 2012, line up inchangé pour le premier album, "Skinless Agony" sorti cette semaine. Album qui, s'il était le fruit d'un groupe européen ou nord américain ne manquerait pas de faire parler de lui. La situation métallique étant ce qu'elle est en Tunisie, il est malheureusement fort peu probable que le groupe atteigne le statut qu'il mérite vraiment. Mais qui sait? Un label aura peut être la bonne idée de prendre ces musiciens talentueux sous sa coupe.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la musique de Brood Of Hatred est... étrange. Je n'arrive pas à trouver un mot qui conviendrait plus et ce n'est pas faute de chercher. Les Tunisiens démontrent que death metal et atmosphères moroses peuvent s'ajuster. Les compositions sont habitées par une aura sombre, lourde et pesante pour ne pas dire suintante, se traduisant par des éléments post rock très inhabituels pour un groupe de death, en alternance avec des parties rapides et brutales propres au death metal. Avec des cassures rythmiques incessantes, Brood Of Hatred aime jouer avec nos nerfs.
Ainsi, alors que les blasts sont un des seuls points de repère avec le chant caverneux pour les auditeurs lambda, de subtiles lignes de guitares éthérées s'envolent au dessus d'un martèlement violent très terre à terre pour le coup. Batterie qui sonne d'ailleurs de façon très mécanique, ajoutant une certaine froideur au propos, contrebalançant les quelques parties acoustiques du plus bel effet ("Predestined Suicide" et sa partie mi acoustique / mi solo ou encore les instrumentaux "The Singularity Is Near" et "Disbelief Grows") et les envolées arpégées plus aériennes. Les solos de guitares sont aussi, sans être d'une technicité hors pair, parfaitement composés, pile dans le ton.
Des arpèges assez dissonants, au son plus sale, rajoutent à la première impression, mélancolique sans tomber dans le mélodramatique voire sonnent de façon inquiétante, comme une âme en peine prise dans le tourbillon de ses émotions, entre colère, abandon et tristesse.  Des parties instrumentales plus longues sur lesquelles les guitaristes lâchent certains de leurs plus beaux riffs peuvent également rappeler quelques groupes actuels post-rock / post-metal. Tout le long de l'album, la tension entre brutalité et sérénité est palpable. "Deconstruction" le morceau d'ouverture en est d'ailleurs assez représentatif. Si vous aimez ce morceau, vous aimerez la suite, sinon, passez votre chemin.
"Obsession", du haut de ses 9 minutes, en est également une très bonne illustration et sans doute l'un des moments forts, démontrant toutes les qualités musicales du groupe mais aussi toute sa sensibilité par de légères expérimentations instrumentales, plus calmes mais toujours avec ce mur de guitare en background. On ne sait jamais réellement où le groupe nous emmène et pour autant tout coule de source. Car c'est un album résolument moderne, dans la composition et dans la production, compacte mais très soignée.

Ce n'est certes pas un album qui plaira aux death metalleux pure souche. Si votre came c'est Cannibal Corpse ou Morbid Angel, libre à vous de tenter une écoute (cet album le mérite). Mais ne venez pas vous plaindre, je vous aurais prévenu, Brood Of Hatred est assez éloigné des standards habituels, si bien que l'on pourrait les classer dans une mouvance progressive, voire avant gardiste. Après tout, les expérimentations sont discrètes mais elles sont là, et bien amenées, les morceaux sont complètement déstructurés à tel point qu'un auditeur non attentif peut facilement se perdre et surtout, je n'avais encore jamais rien entendu de tel. Il n'y a pourtant rien de si exceptionnel, juste une fusion de genres qui laisserait sceptique sur le papier mais qui, à l'écoute de "Skinless Agony" ouvre tout un champ de nouvelles possibilités.


Highlights: "Skinless Agony" "Obsession"







mardi 11 mars 2014

PLEBEIAN GRANDSTAND - Lowgazers

PLEBEIAN GRANDSTAND


LOWGAZERS





Noise / hardcore chaotique
Date de sortie: 31 mars 2014
Label: Throatruiner Records



Tracklist:
1. Thrvst
2. Endless Craving
3. Flail In The Bliss
4. Lowlifer
5. Relief Of Troth
6. Svn In Your Head
7. Aimless Roaming
8. Mvrk Diving







Je suis un crétin. J'ai beau me la jouer missionnaire du metal, conseiller des groupes, des albums qui souvent sortent des sentiers battus, je n'en reste pas moins un crétin. Avec des œillères en plus. Le genre fermé d'esprit dès qu'il voit quelques associations de mots qui ne lui plaisent pas. Par exemple quand je vois le mot "noise" définir un album, je fais l'impasse. Tout ce que ça m'évoque, c'est de la bouillie sonore. D'expérience, c'est souvent le cas mais que cela me serve de leçon, ce n'est pas une généralité. Il aura fallu qu'une personne digne de ma confiance la plus absolue musicalement parlant me conseille de jeter un œil au dernier clip de Plebeian Grandstand pour que je tente l'expérience sans quoi je serais probablement resté dans l'ignorance. Jamais je n'aurais écouté de moi-même et pour être tout à fait honnête, je ne l'aurais sans doute pas fait si j'avais lu la présentation du groupe par le gars en question. Il y a des genres musicaux, même dans le metal, qui ne passent pas chez moi, c'est du moins ce que je croyais.

Ce clip ("Thrvst") m'a tout simplement bluffé, à la fois par la musique mais aussi par le défilement d'images violentes l'accompagnant, défilant à toute vitesse sur l'écran. Plebeian Grandstand est aussi l'expression d'un art visuel. Aussi, renseignements pris, je sais que l'album ne sortira pas avant le 31 mars. Cependant, le label du groupe, Throatruiner Records, le propose gentiment en stream sur sa page bandcamp, ceci expliquant ma chronique avant la sortie officielle.

Plebeian Grandstand est donc un groupe actif depuis près de 10 ans du côté de Toulouse. 2 albums et quelques splits dans la besace mais c'est surtout à ses prestations scéniques que le groupe doit sa notoriété montante, celles-ci étant réputées très énergiques mais revenons en à la cuvée nouvelle si vous le voulez bien (sinon bah... fermez la page!).

"Lowgazers" m'a réconcilié de manière impressionnante avec un genre musical que je laissais de côté. Les premières notes, dissonantes et au son dégueulasse (dans le bon sens du terme) sonnent comme un cri de douleur avant qu'une rage dévastatrice n'explose. Les riffs sont lourds et puissants, la batterie martèle a tout va, le chanteur crache ses tripes dans des hurlements inhumains et tout s'enchaîne rapidement. Il n'y a d'ailleurs pas de véritable pause entre les 3 premiers morceaux, chacun se terminant plutôt par une transition vers le suivant. Je trouve cet aspect vraiment intéressant car cela fait de l'album (du moins une partie) une oeuvre complète, sans coupure, qui demande à être écoutée d'une traite. L'auditeur s'enfonce alors petit à petit dans la folie furieuse des Toulousains. La présentation sur le bandcamp définit d'ailleurs très bien cette impression par une phrase que je me permet de citer: "le quatuor reprend les aspects les plus dissonants et expérimentaux du black metal, du hardcore et du sludge afin de créer un irréel tourbillon de désolation".
Nous somme vraiment à la croisée des genres, ce qui déjà n'est pas pour me déplaire car j'ai toujours apprécié les fusions quand celles-ci sont bien amenées mais le groupe a su tirer le meilleur de chacune de ces influences pour réaliser un album in your face. Un gros coup de poing en pleine gueule donc mais donné par quelqu'un qui se battrait à la dégueulasse. C'est sale et répugnant, le propos tout comme la musique sont extrêmement violents mais travaillés dans les moindres détails. Les sonorités accompagnant la base musicale des Plébéiens, principalement de glauques nappes de clavier, sont choisies avec soin, mixées légèrement en retrait, comme si un vent froid et mordant soufflait constamment sur un paysage de dévastation totale.

Tout n'est pas non plus que pure violence. Certains breaks plus lents coupent certains morceaux comme sur "Svn In Your Head" au visage plus doom ou "Aimless Roaming", mais ce ne sont pour autant pas des moments de tout repos. Plebeian Grandstand en profite alors pour mettre en avant son sens de la dissonance et plombe l'atmosphère un peu plus encore par des arpèges qui font froid dans le dos ou des hurlements à glacer le sang.


Une oeuvre tourmentée et chaotique en tout point additionnée à un concept des plus aboutis. Je m'offrirais le luxe de terminer cette chronique par une autre citation, qui je trouve colle à merveille à la frappe chirurgicale qu'est "Lowgazers" car comme le disait Victor Hugo "la musique, c'est du bruit qui pense".


Highlights: "Thrvst" "Aimless Roaming"





Attention, le visionnage de ce clip peut s'avérer dangereux pour les plus sensibles et les épileptiques.





vendredi 7 mars 2014

AENAON - Extance

AENAON


Extance




Black metal avant gardiste
Date de sortie: 20 janvier 2014
Label: Code666 Records


Tracklist:
1. The First Art
2. Deathtrip Chronicle
3. Grau Diva
4. A Treatise On The Madness Of God
5. Der Mude Tod
6. Pornocrates
7. Closer To Scaffold
8. Land Of No Water
9. Algernon's Decadence
10. Funeral Blues
11. Palindrome





Bon sang mais que se passe-t-il en Grèce en ce moment? Je veux dire, la situation politique, économique et tout ce qui va avec joue certainement un rôle sur l'inspiration des compositeurs. Woodstock n'aurait pas été le même sans guerre du Vietnam. La vague punk anglaise des années 70 n'aurait probablement été qu'un feu de paille si une certaine Margaret (Maggie pour les intimes) n'avait pas pointé son nez. Cependant le metal a traversé les âges sans vraiment se soucier de tout ça et est resté, sauf exceptions, un mouvement totalement apolitique. Alors comment expliquer que chaque nouvel album d'un groupe de metal grec, venant dont d'un pays qui connait depuis quelques temps des jours difficiles, soit une véritable bombe? Rotting Christ l'année dernière figurait déjà sur mon top 10 2013. Puis début janvier Suicidal Angels fait comprendre au monde entier qu'ils sont désormais les maîtres incontestés du thrash, digne descendants de Slayer (oui rien que ça). Quelques chros en arrière je vous parlais de Hail Spirit Noir et du potentiel énorme de son dernier rejeton (bien parti pour figurer sur mon top 10 2014 celui-là).
Le même jour, sur le même label, sortait un autre album. "Extance" par Aenaon. Comment ai-je fait pour passer à côté d'un album comme celui-ci? Moi, toujours en quête de nouveautés. Parce que là mes amis, question nouveautés, elles sont là et il va falloir être ouvert d'esprit pour adhérer à toute l'étendue musicale d'Aenaon.

Code666 est en effet un label qui depuis maintenant une quinzaine d'année s'est spécialisé dans tout ce que le metal extrême compte d'OVNI. Et surtout qui aura été le lanceur de quelques groupes les plus acclamés aujourd'hui dans les milieux underground. En vrac Negura Bunget, Manes, Amesœurs... Et c'est donc en Grèce que le petit label italien a vu son futur. M'est avis que c'est une bonne pioche.

Si Aenaon est classé dans l'avant garde ou encore le progressif, cela va encore au delà. Vous en connaissez beaucoup vous, des groupes de black metal qui intègrent dans leurs compositions à la fois symphonies, jazz, blues voire de l'harmonica? Rien n'est cependant dans l'excès. Comme pour leurs compatriotes de Hail Spirit Noir, tout est dans le dosage, savamment orchestré de manière à ce que les plans les plus étrangers au black metal coulent de source au milieu de morceaux brutaux et incisifs. Prenez "Deathtrip Chronicle" par exemple. Ce morceau révèle à lui seul une bonne partie des capacités du groupe prenant à contre-pied son auditoire avec des changements constants dans sa structure métallique, elle même coupée d'une section jazzy où saxophone et clavier psyché s'entremêlent pour finalement laisser la place à d'envoûtantes guitares, ces dernières fournissant le dernier effort par un retour à des riffs psychédéliques complexes, soutenus de nouveau par la section cuivre. Puis le final, retour sur le thème principal avec une facilité déconcertante. Dans le même ordre d'idée, "Land Of No Water" (avec Mirai Kawashima de Sigh en guest vocal) n'est pas en reste. Si vous vous demandiez comment incorporer de l'harmonica sur une pièce de metal extrême, ne cherchez plus: la réponse se trouve ici. De même, "Closer To Scalffold" sonne comme un cri désespéré précédant le naufrage dans la folie la plus totale.

Aenaon n'en oublie pas pour autant son devoir de nous offrir un album rageur. "Grau Diva" est en ce sens l'un des morceaux les plus accessibles. Plus simple dans ses fondations, cette diva (le morceau est une ode à la dualité et l'état sexuel confus de la condition humaine, tout un programme!) offre des passages mélodiques retentissants d'une rare qualité. Le refrain, dépouillé, est une belle réussite dans le genre "je te rentre dans la tête et n'en sors plus". Les orchestrations sont superbement travaillées de même que les transitions entre la partie acoustique et le reste du morceau. Plus brutal encore, "Der Mude Tod" est une incroyable avalanche de riffs ravageurs, dans la plus pure tradition black mais avec de très belles parties de chant clair (offertes par Sindre Nedland des groupes Funeral et In Vain) et d'hallucinantes envolées de saxophone.

L'album se termine sur 2 longues pièces, chacune apportant son lot de surprises à un album déjà multi-facettes notamment "Funeral Blues" dont la progression lente et psychédélique, magnifiée par la prestation vocale de Tanya Leontiou (Universe127)  en fait l'un des morceaux les plus intéressants de l'album, théâtral tout autant qu'insidieux. 

Les guitares possèdent un son sombre et grandiose, se proposant comme pièces principales ou des ponts entre tous les changements stylistiques . Le mélange efficace de synthés, saxophone , les solos de guitare bluesy et guitare acoustique fait de "Extance" l'un des albums les plus riches qu'il m'ait été donné d'écouter depuis pas mal de temps. Un album complet et complexe, très complexe, mais recelant une multitudes de trésors cachés. Malgré les couches d'instruments et d'effets utilisés, tout apparaît clairement, les transitions sont transparentes et la musique reste très cohérente. Il faut aussi mentionner la performance très ciblée des voix claires et des solos qui parsèment l'album, ça et là avec des interventions toujours intelligemment placées. Rajoutez à cela 2 petits interludes en milieu de parcours qui, même si très courts, donnent des instants de répit bienvenu, faisant respirer un peu le tout. Magistralement exécuté, "Extance", c'est tout simplement de la "schizophrénie musicale organisée".


Highlights: "Deathtrip Chronicle" "Funeral Blues"





samedi 1 mars 2014

ALFAHANNE - Alfapokalyps

ALFAHANNE


Alfapokalyps







Punk extreme metal
Date de sortie: 28 février 2014
Label: Dark Essence Records



Tracklist:
1. Bättre Dar
2. Ormar Av Satan
3. Såld På Mörkret
4. Dödskult
5. Rocken Dör
6. Syndernas Flod
7. Levande Död
8. Indiehora
9. Der Drömmarna Dör
10. Alla Ska Me







Voilà typiquement le genre de groupe dont je ne sais que penser à la première écoute mais qui a ce je ne sais quoi de fascinant, me poussant irrémédiablement à le réécouter, encore et encore. Sans savoir pourquoi, une atmosphère, un son, une mélodie... Je fouille les moindres recoins de l'album sans trouver la véritable raison de cette attirance si particulière. Peu d'albums me font cet effet et c'est pourtant, je pense, un sacré gage de qualité. Non que je m'imagine avoir un don particulier pour savoir ce qui est bien ou pas. Mais cela fait maintenant presque 20 ans que j'écoute du metal et si depuis tout ce temps si peu d'albums m'ont marqué de cette façon étrange et indéfinissable, tous passent encore régulièrement dans mon lecteur. Je n'en ai oublié aucun et tous me fascinent toujours autant. Est-ce un hasard si j'en reviens toujours aux mêmes albums lorsque je parle de metal dans le sens le plus général du terme? Non, pas du tout, et cet "Alfapokalyps" a un énorme potentiel pour rejoindre mes albums "cultes".


Fait tout aussi étrange, ce groupe semble sorti de nulle part. Mes recherches sur les musiciens qui composent le line up ont été totalement infructueuses, seul Niklas Åström, le batteur, semble avoir joué avec le groupe post-rock EF, sans que je parvienne à déterminer s'il s'agit bien de la même personne. Toujours est-il que Alfahanne est donc une entité nouvelle, inconnue, qui sort un album du jour au lendemain mais qui aura néanmoins réussi à s'entourer de guests prestigieux: Niklas Kvarforth (Shining), Hoest (Taake) et Vgandr (Hellheim).



Avec ces invités, on pourrait s'attendre à un album de pur black metal, style all star band qui s'éclaterait à pondre un album hommage en reprenant tout les poncifs du style. Et si l'ensemble des critiques classent effectivement cet album dans le black metal, j'ai préféré le terme plus générique de metal extreme. Déjà rien que pour la pochette. Elle a beau être assez claire sur le contenu de l'album, elle reste pourtant éloignée des clichés habituels, plutôt hardcore dans l'esprit, y compris dans la police d'écriture semblable à celle d'un tatouage. Aussi parce qu'un véritable esprit punk habite les compositions des suédois. Les riffs sont directs, constitués d'accords "in your face", dans leur plus simple appareil mais terriblement efficaces. L'aspect black metal va être apporté par des dissonances ou des arpèges bien précis, des tremolo picking en arrière plan. "Syndarnas Flod" et plus encore"Såld På Mörkret", le titre le plus long, sont d'ailleurs les morceaux les plus représentatifs. Le second, qui voit l'apparition de Hoest en guest vocal, est un des passages les plus épiques mais aussi des plus sombres de l'album. Le reste se veut résolument plus rentre dedans, à l'image des 2 morceaux d'ouverture, beaucoup plus directs, mais paradoxalement plus expérimentaux et alambiqués. C'est assez indéfinissable mais un peu comme si un groupe de post rock actuel avait subitement décidé de se mettre à sortir un album de black metal. 2 influences opposées mais qui, paradoxalement, fonctionnent ici parfaitement.



Mais ce n'est pas tout. Post rock, black metal... tendances dépressives donc. Et bien non. Il y a de véritables notes positives sur cet album. Des mélodies, des ensembles d'accords, certes simples mais entraînants comme sur "Dödskult" dont le refrain ne voudra absolument pas se déloger de votre cervelle. Et ce, malgré les paroles en suédois, langue qui colle étonnement bien à la musique proposée ici. Là encore je ne sais pas pourquoi. Je ne suis évidemment pas familier avec le suédois, mais le même album en anglais, français ou allemand n'aurait pas sonné de la même façon. Le suédois a cette signature particulière qui va à merveille avec les sonorités si spéciales de Alfahanne, ne me demandez pas pourquoi, c'est un fait.

Et puisqu'on parle des paroles, impossible de faire l'impasse sur le chanteur. La langue n'est donc pas un problème. Ce qui risque de rebuter, et je dois dire que c'est ce qui m'a frappé d'abord, c'est la rugosité de la voix de Pehr Skjoldhammer. Et c'est bien cette voix qui m'empêche de cataloguer Alfahanne dans le black metal. Nous sommes ici à mille lieux des cris ou grognements habituels. La tendance est ici clairement punk / hardcore, dans quelque chose de plus brut mais surtout de plus naturel tout en restant résolument harmonisé malgré une rage intrinsèque. Non, sérieusement, je n'avais jamais rien entendu de tel et pourtant, c'est sans fioritures. Que diriez vous si un mec que vous ne connaissez pas, dont vous n'avez jamais entendu parler vous sortait de but en blanc qu'il avait réinventé la côte de porc? Aussi incroyable que cela puisse paraître, Alfahanne est un cas analogue. Des choses simples qui ne demandent pas un niveau ni des connaissances exceptionnelles mais qui mises ensembles sonnent de façon insoupçonnée.
En guise de conclusion, le groupe nous offre un "Alla Ska Me" aux mélodies plus marquées sur une base rythmique galopante qui ne me donne qu'une envie, relancer l'album, brillant. Car il faut dire que les 42 minutes passent vite si tant est que l'on se laisse submergé par un OVNI tel que ce "Alfapokalyps". Personnellement, je reste un peu sur ma faim mais je ne peux m'empêcher de me dire que la forme sublime ici le fond. Plus aurait été trop. Après tout, il vaut mieux attendre désespérément une suite plutôt qu'être lassé avant la fin et n'écouter que les 3 ou 4 premiers morceaux non?


Retenez bien ce nom, Alfahanne va faire couler des litres d'encre dans les années à venir. L'album culte, ils l'ont dès le premier. Les invités de marque aussi. La prod? Idem. Une putain de grosse tournée européenne en première partie de n'importe quel groupe de black metal un minimum populaire et leur destin est tout tracé. Vivement la "betapokalyps"!




Highlights: "Ormar Av Satan" "Såld På Mörkret"









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