lundi 30 décembre 2013

BEWITCHER - Satanic Panic + Wild Blasphemy

BEWITCHER


SATANIC PANIC



 



Black / speed metal
Date de sortie: 17 septembre 2013
Label: Infernal Kommando Records



Tracklist:
1. Bewitcher
2. Sin Is In Her Blood
3. In The Night (The Cult Will Rise)





WILD BLASPHEMY

 

 

Date de sortie: 25 décembre 2013
Label: Infernal Kommando Records


Tracklist:
1. Wild Blasphemy
2. Rebellion At The Gates Of Heaven
3. Black Speed Delirium
4. Trial Of Swords








Il est toujours délicat de chroniquer un tout nouveau groupe qui débute à peine et qui ne bénéficie pas de l'appui d'une grande maison de disques. Parce que nous ne connaissons pas les musiciens qui le composent, parce qu'il est donc difficile d'obtenir des infos sur leurs éventuels précédents groupes (ou autres groupes toujous actifs), parce que leurs morceaux ne sortent que sur des démos autoproduites et qu'il est donc aussi difficile de savoir de quels moyens ils disposent pour l'enregistrement, le mixage etc... parce que ces mêmes démos ne sortent très souvent que de façon très confidentielle et ne comportent que très peu de morceaux, parce qu'impossible d'établir un véritable pronostic quant à leur futur (des groupes géniaux qui ne dépassent pas la 1ère démo, faute d'une promo désastreuse, d'un public qui ne suit pas ou pour d'autres raisons, ça existe malheureusement). Bref, vous l'aurez compris, il y a beaucoup plus de paramètres à prendre en compte pour chroniquer une simple démo que l'album d'un groupe déjà établi depuis plusieurs années.
J'ai choisi aujourd'hui la difficulté (et oui,le challenge, j'aime ça) et je vous propose la chronique de, non pas une, mais 2 démos, respectivement de 3 et 4 titres et sorties sur un très court intervalle de quelques mois. Et si je peux aider un groupe prometteur qui dépasse à peine les 100 mentions "j'aime" sur Facebook, si un seul de mes lecteurs se donne la peine d'aller écouter ce qu'ils proposent, alors j'ai rempli ma mission et je suis un homme comblé.

On ne laisse que trop peu de place à l'émergence de nouveaux talents. Le métalleux lambda est curieux, va souvent chercher la nouveauté, mais ne se donne que trop rarement les moyens de véritablement supporter la scène underground pour se contenter au final, lors de ses achats (d'albums, de places de concerts etc...) de ce qu'il connait déjà. Scène underground qui a terriblement besoin de tout support possible, en particulier du bouche à oreille. C'est normal, je ne blâme personne. Il est en effet difficile aujourd'hui de risquer quelques dollars sur un groupe dont on ne sait rien.
Pour cela, internet est un instrument formidable. En quelques clics, on accède aujourd'hui à la discographie complète du plus obscur groupe de black metal du Mozambique (si si, ça existe). De longues heures de recherche en perspective pour le passionné que je suis. Et qui dit recherche intensive, dit aussi énormément de déconvenues. Il faut l'avouer, l'amateurisme primaire, bête et méchant est largement sur-représenté. Pour un groupe qui va valoir le détour, il faut en écouter parfois une vingtaine qui n'envoie rien d'autre que du copié-collé sans âme, du réchauffé de formations plus populaires, bref, du sans intérêt total (et très souvent avec un son pourri genre "je passe mon enregistrement au mixeur pour avoir l'air plus trve evil of death"). Mails il arrive parfois que l'on tombe sur la perle rare, et là, ces nuits entières passées à zapper d'une chaine youtube à l'autre avec force café / clopes en renfort prennent tout leur sens. Le 1er réflexe devrait être, pour tout le monde, je partage immédiatement. C'est ce que je vais faire de suite avec Bewitcher.

Bewitcher est un duo originaire de Portland (un incroyable vivier de formations black metal semble-t-il, dont le fer de lance n'est autre qu'Agalloch), formé tout récemment et auteur donc de 2 démos depuis septembre que je vais chroniquer en une seule fois pour plus de commodité. Je parlais plus haut de réchauffé... Bon, il est clair que Bewitcher n'invente rien puisque la recette est ma foi plutôt simple. On est en terrain connu, celui du black'n'roll, version speed, un style qui aura connu ses heures de gloire dans les années 80 grâce notamment aux pionniers que sont Venom. Il est d'ailleurs assez amusant de constater qu'un autre groupe propose le même type de musique depuis plusieurs années maintenant sous le nom de Bewitched. Clin d'oeil? Hommage? Simple coïncidence? Mystère...
Non, Bewitcher ne sort rien de neuf. Mais bordel, quand la musique est aussi foutrement efficace, où est le putain de problème? La mélodie, bien que très speed, est là. Elle vous rentre dans la tête pour ne plus en sortir, vous entraîne dans un headbanging sauvage, vous pète les cervicales mais vous en redemanderez. Les paroles, satanisme omniprésent (bien qu'il s'agisse plus là d'un gimmick à mon avis), sont envoyées avec conviction. Une voix très "venomienne" mais qui me rappelle parfois celle d'Abbath d'Immortal notamment à l'entame de la 2ème démo. Le rock? Peut-être plus difficile à déceler mais les amateurs de Motörhead sauront le trouver sans difficulté. Un condensé de sauvagerie rock, très punk dans l'esprit, servi à la sauce black metal primitif, des transitions très bien trouvées (ce putain de break sur "In The Night (The Cult Will Rise)" énorme!) le tout à la vitesse de la lumière et sans pause svp. Une musique bestiale, qui donne envie de tout saccager, mais qu'est ce que c'est bon!
Cerise sur le gâteau, ils ont très bien compris les mécanismes d'internet et vous offrent gentiment leurs 2 démos en téléchargements gratuits sur leur bandcamp. Détail amusant, elles sont également disponibles au format cassette. Si le phénomène hipster n'y est pas totalement étranger (le vinyl est revenu depuis longtemps maintenant, pour la cassette, c'est de plus en plus courant et le milieu le plus underground du metal en est friand, j'en reparlerais), voilà en tout cas une autre preuve d'authenticité.

Bewitcher fait parti de ces groupes qui n'innovent pas, mais qui maîtrisent parfaitement leur sujet. Une meilleure production pourrait les emmener bien plus loin. Tout ce qui leur manque aujourd'hui, c'est un contrat discographique qui leur offrirait une plus grande visibilité sur un marché saturé. Une chose est sûre, j'attends de pied ferme de leur nouvelles!



Highlights: "Bewitcher", "In The Night (The Cult Will Rise)"






vendredi 20 décembre 2013

MAEL MORDHA


Damned When Dead






Doom épique
Date de sortie: 19 septembre 2013
Label: Candlelight Records

Tracklist:
1. Laudabiliter
2. King Of The English
3. Dawning Of The Grey
4. All Eire Will Quake
5. Bloody Alice (Of Abergavenny)
6. The Sacking Of Vedrafjord
7. A Dirge
8. Damned When Dead


   








Un nom zarbi qui fleure bon le gaelique, une croix celtique sur la pochette... Voici bien sûr la nouvelle sensation punk / new wave! Evidemment que je déconne... ce qu'ils sont susceptibles... Effectivement une telle présentation ne laisse que peu de place aux doutes, il s'agit de folk, ou de n'importe quel autre sous genre assimilé. Et bien oui mais il faut toujours se méfier des apparences et cet album ne déroge pas à la règle. Les accents celtiques sont bien là, à travers flûtes, guitares acoustiques et mélodies typiques, cependant Mael Mordha a choisi un autre chemin que les Korpiklaani, Fintroll & co.

4ème album (sans compter les 3 EP et le split avec Primordial) pour les Dublinois, peut-être celui d'un succès amplement mérité?



Dès le titre d'ouverture, les riffs sont lourds, puissants, une atmosphère plutôt sombre plane sur un mid tempo qui martèle une marche guerrière. Puis vient le chanteur avec sa voix claire si particulière qui colle parfaitement au doom épique, non sans rappeler leurs compatriotes de Primordial, principale influence du groupe.

Les 2 groupes sont irlandais et se ressemblent énormément mais il serait injuste et très réducteur de qualifier Mael Mordha de simple copie. Le style est similaire, de même que les thèmes abordés mas la démarche est différente. Là où Primordial va se diriger vers une musique assez mélancolique, toute en atmosphères subtiles et parfois carrément désespérées (réécoutez donc "The Coffin Ships"), Mael Mordha préfère de loin affronter ses peines en leur rentrant dans le lard de plein fouet. Pas tellement à la fête, les irlandais! La différence s'entend non seulement sur les mélodies, qui si elles ne sont pas plus joyeuses chez les uns ou les autres, sont beaucoup plus virulentes chez les petits frères, mais surtout au niveau du chant. Même type de voix (et ce n'est pas peu dire sachant que je considère A. A. Nemtheanga de Primordial comme l'un des meilleurs de sa génération), mais bel et bien 2 styles opposés. Là encore, plus direct chez Mael Mordha, dont le vocaliste officie dans un registre mi chanté / mi scandé, tel un chef de guerre motivant ses troupes avant la batailles ("Laudabiliter", "King of the English" notamment), s'offrant parfois le luxe de s'essayer au death metal sur de courts extrais ("Dawning of the Grey").



Dans son ensemble, ce Damned When Dead est typiquement ce que l'on peut attendre d'un album de doom épique, riffs bien costauds, facilement mémorisables, un rythme plutôt lent... mais reste résolument moderne grâce à ces ajouts folkloriques (l'intro de "The Sacking of the Vedrafjord" en est un parfait exemple). Quelques morceaux plus énergiques viennent s'incruster, permettant ainsi à Mael Mordha de ne pas toujours servir la même recette et de gagner en profondeur ("Dawning Of The Grey" encore ou bien "All Eire Will Quake" et son refrain imparable) .



Mael Mordha réussit l'exploit de sortir un album très porté doom mais terriblement entraînant, donnant envie à quiconque de se ruer à moitié à poil sur un ennemi imaginaire glaive à la main. Un album simple, sans fioriture, mais une belle richesse musicale.



Highlights: "King Of The English" "All Eire Will Quake"





vendredi 13 décembre 2013

LYFTHRASYR - The Engineered Flesh

LYFTHRASYR

The Engineered Flesh





Black / Death indus'
Date de sortie: 29 novembre 2013
Label: Alive Vertrieb

Tracklist:
1. The New Era Of Immortality
2. Soul Transition Interface
3. Technological Singularity
4. Evolution
5. Mind Simulator
6. Preserved Identity
7. Wisdom In The Loop
8. Life Overdose







Originaire de Karlsruhe en Allemagne, Lyfthrasyr poursuit son chemin lentement mais sûrement. Il leur aura fallu en effet 6 longues années pour donner un successeur à "The Recent Foresight". Formé en 2002 sur les cendres du groupe Eternal Darkness, auteur d'une démo en 2004 puis de 2 albums remarqués, le combo teuton sort aujourd'hui son 3ème opus, "The Engineered Flesh". Souvent, un 3ème album marque un tournant dans la discographie d'un groupe, l'album de la maturité entend-on souvent dire. Qu'en est-il quand en plus il s'écoule tant de temps avant ce fameux 3ème? Que les fans des débuts soient rassurés, on en dans le ton d'entrée, quelques sons électroniques en guise de très courte introduction puis l'explosion. Blastbeat impressionnant, guitares massives qui charcutent de gros riffs saccadés le tout soutenu par une production très soignée (Fredrick Nordström et Mika Jussila aux manettes, il n'y a pas de mystère!). "The New Era Of Immortality" est en ce sens une véritable bombe qui vous saute en pleine tronche, morceau idéal pour débuter cet album qui promet donc bien des surprises. Il est difficile en effet d'oublier une telle entrée en matière!  
Les morceaux s'enchainnent avec une intensité folle, une violence de tous les instants, à peine quelques breaks viennent calmer le jeu, entrecoupant les morceaux de passages électros qui peuvent parfois interpeller l'auditeur. En effet, les changements de tempo sont très nets et peuvent parfois dérouter. Si certains de ces breaks sont à mon sens en dessous de la qualité globale de l'album, ce n'est finalement que pour mieux replonger dans le vif quelques instants plus tard. On s'y fait après quelques écoutes et le duo de guitares tout comme le batteur (ex Belphegor, ex Debauchery, ex Fleshcrawl, le CV du monsieur vous convient-il?), incroyablement carrés à une telle vitesse, sont là pour rappeler bien vite à l'ordre les quelques brebis égarées. Car ça joue vite, très vite tout en gardant une technique parfaitement maîtrisée, une précision chirurgicale, que dis-je, diabolique! Les (rares et courts) solos, pour le moins inspirés, le prouvent haut la main. 
Tout n'est cependant pas que brutalité sauvage chez Lyfthrasyr, qui sait également y faire pour jouer la carte des mélodies entêtantes qui ne vous décrochent plus. J'en veux pour preuve "Technological Singularity" qui pourrait presque rappeler In Flames.
On pense parfois à un Fear Factory survitaminé (batterie triggée, riffs découpés à coups de hache, le lien est évident sur le titre "Evolution"), à Covenant à des moments plus black metal avec ces nappes de clavier voire dans une moindre mesure à Ministry version death metal pour les passages les plus brutaux sur lesquels viennent se greffer quelques samples du plus bel effet. Rajoutez à cela quelques orchestrations symphoniques, discrètes mais idéalement placées, un piano qui apporte un peu de douceur tout en subtilité et vous obtiendrez l'un des chefs d'oeuvre de cette fin d'année. 
Tout cela nous donne finalement un album aux morceaux contrastés mais terriblement efficaces. Une homogénéité et une cohérence sans faille. Ou presque, on déplorera juste la toute fin de l'album (parce que c'est passé trop vite oui mais pas que), les derniers morceaux étant un peu plus linéaires. Pas qu'ils soient mauvais, moins inspirés ou que sais-je encore mais j'aurais aimé un peu plus de surprise pour finir en beauté, à l'image du début qui lui est réellement bluffant.

En conclusion, si cet album ne révolutionnera pas le genre, il pourrait bien mettre le coup de pied au cul que la scène "cyber metal" attendait pour redécoller. Une chose est sûre, une telle débauche d'énergie ainsi qu'une telle originalité ne peuvent laisser indifférent et je suis pour le moins curieux de voir ce que ces compos peuvent donner sur scène, endroit où elles risquent fort de prendre réellement tout leur sens.



Highlights: "The New Era Of Immortality", "Technological Singularity"