dimanche 9 octobre 2016

COMPILATION FRENCH METAL PT.2 - La Porte des Damnés - Juin 2016


      Tentative d'un format ou peut-être simple one-shot pour l'occasion, je ne sais pas encore trop. J'ai tout de même voulu m'essayer à l’exercice de la chronique de compilation "tremplin". C'est donc environ quarante groupes (plutôt vingt ici vu qu'il y deux parties) qui vont passer d'un coup dans nos lignes. Curieux depuis longtemps de ce proposait French Metal dans ses compilation, je me suis décidé à m'en procurer une. Si certains groupes n'apparaissent pas dans l'article, c'est tout simplement qu'il ne m'a pas semblé ni pertinent ni intéressant de les traiter et j'assume l'entière responsabilité de ce choix.




DEMOLISH THE CUTE : On entame avec un quatuor originaire de Dijon qui nous propose sa chanson « Schizo ». Grosse rythmique, gros groove mais pas originale pour un sous malheureusement. Si la chanson est efficace, difficile de ne pas avoir une grosse impression de déjà-vu. Il n'empêche que le mid-tempo couplé au palm mute donnent une bonne lourdeur que la basse, intelligemment mise en avant, vient bien appuyer. Demolish The Cute propose des choses intéressantes et plutôt bonnes au niveau du riffing et de la rythmique, cependant l'aspect redondant et générique de la chanson ne me convint pas, dommage car le morceau est  plutôt bien construit et puissant. 

HELLEFTY : Nouveau quatuor, de Seine-et-Marne cette fois, dans un style plus extrême qui n'est pas sans rappeler Arch Ennemy, surtout dans le timbre de voix. Hellefty officie dans un style Death mené par Tatiana au chant, avec un timbre de voix très similaire à celui d'Angela Gossow. Avec une excellente agressivité au chant, la variété de riff et un jeu de batterie assez divers et plaisant, « Oppression » fait partie des bonnes tracks de cette seconde partie de compilation. La construction est certes classique mais efficace, l'énergie dégagée par Hellefty ainsi que ses bons riffs auront sûrement raison de plusieurs nuques à l'avenir. N'ayant trouvé que deux chansons de la part du groupe, je suis assez curieux de voir ce qu'ils proposeront à l'avenir. 

CHAOS MOTION : Si on parlait juste avant de structure classique, Chaos Motion va radicalement changer la donne avec un Death Technique et Expérimentale. Oppressant, dissonant et orignal, « Unscrupulousness Resolution » est de très loin l'un des meilleurs morceaux de la compilation. Bien évidemment, la chanson nécessite plusieurs écoutes avant de pouvoir être apprivoisée et beaucoup de néophytes pourraient simplement passer leur chemin devant ce Death Metal d'avant-garde et bien mal leur en prendra. Les strasbourgeois jouent hyper technique mais sans toutefois tomber dans une simple démonstration creuse car le feeling est là, à travers toutes structures, notes, blast et growl que Chaos Motion distille avec une folie savante. Les guitares se croisent, se mêlent et s'échappent dans un déluge de notes toujours plus bigarrées. S'étalant sur plusieurs strates rythmiques et sonores, la musique de Chaos Motion est difficile à appréhender mais pas hermétique, à force d'écoute toutes les subtilités du morceau finissent par s'offrir à l'auditeur.  


JESUS' SAUSAGE : Assez gros melting pot que ce groupe venu de Lyon, sorte de Blackened Hardcore teinté de Death gras. Si séparément les riffs sont plutôt pas dégueu, c'est l'ensemble de tout ces derniers qui ne colle pas vraiment. « Our Futur is Unwritten » recèle pourtant plusieurs bonnes idées et des bons passages, c'est simplement que le résultat n'est pas forcément très homogène. La première minute semble tenir du BlackenedHardcore agressif, puis enchaîne sur du Death, avec des riffs thrashy de ci de là pour finir sur une sorte de Death gruik gruik assez générique. Rien de mauvais dans cette chanson mais il manque une cohérence d'écriture et d'exécution pour que Jesus' Sausage crée quelque chose de plus abouti et personnel.

NO GLORY : On sort les biscottos pour No Glory avec son Hardcore, grosse énergie avec ses backing vocals, gros riffs, gros kick que demandez de plus, ils sont là pour ça non ? Certes, « Your Faith » ressemble à pas mal de chanson du même style, mais pour un petit groupe comme celui là, une telle maîtrise est à noter. Le jeu et l'alternance des voix sont très bien rythmés, les breaks sont tous efficaces et le résultat donne envie de rentrer violemment dans des inconnus par pour plaisir. Tout l'EP éponyme est d'ailleurs d'une certaine qualité, rien de transcendant mais une première sortie qui plairait sûrement à de nombreux amateurs du genre.

ASSIGN FATE : Première chanson que je trouve vraiment en deçà par rapport aux autres. Assign Fate vient de Pontarlier et propose avec « This Day » une sorte de MeloDeath teinté d'Heavy.  Si les riffs sont sympathiques, ils ont vite tendance à la redondance et mise à part le solo typé Heavy très réussi, les guitares manquent de puissance et d'un coup d'éclat pour vraiment séduire. Vient ensuite ce qui, pour moi, est le second problème de cette chanson, à savoir le chant. En effet, les deux voix ne sont pas très bien placées, de plus l'une manque pas mal d'énergie et possède un timbre très éraillé, ce qui personnellement me déplaît. La chanson manque de cohérence, d'efficacité, de puissance ce qui la rend très oubliable.

MSSTT : Avec un gros Metal Punk bas du front (mais pas trop), voici MSSTT de Grenoble. Que dire… Premier point, ça chie et ça tape. Sachant que ça à l'air d'être l'objectif, c'est un bon point. La guitare à gros grain sur des riff basiques et un batteur qui martèle sa caisse claire, ça fait toujours son petit effet. Rien que du classique, mise à part cet effet sonore en plein milieu suivi d'un sample qui rajoute un petit plus. Solo surprenant qui possède un je ne sais quoi de Revenge/Conqueror. Sans être mémorable, « Prostitute » déborde d'énergie et doit probablement bien animé le premier rang en live.

L'IMPASSE MEXICAINE : Changement total d'atmosphère avec les gars de L'Impasse Mexicaine et leur Indie/PostRock. L'intensité de la pièce va crescendo, partant d'un intro PostRock très éthéré jusqu'à une sorte d'apothéose très réussie. Une bonne  maîtrise de l'écriture et de la construction de la part des parisiens, sur ce petit interlude. N'étant qu'assez profane dans ce genre là, je peux difficilement juger, cependant l'aspect dynamique et à la fois doux, ces notes aériennes et ce crescendo m'ont séduit. 

KAMIZOL-K : Retour dans du plus brutal avec les lyonnais de Kamizol-K et leur titre « Bondage » aux ressentis mitigés. Tout d'abord le chant, le fait d'avoir deux voix apporte certaines alternances et parfois un jeu de réponses assez réussi, mais aussi cela entraîne un chant très compact laissant peu de place aux autres instruments, un placement plus aéré aurait été bienvenue. On laisse de côté la voix masculine assez quelconque pour se concentrer sur la chanteuse car meilleure jeu, meilleur timbre, plus de puissance. Le chant saturé est plutôt bon avec quelques éclats même mais ne fait pas oublier ses passages en chant clair que je trouve plutôt ratés. Les guitares sont assez génériques, alternants entre riffs Death/Thrash et Metalcore, qui sont d'ailleurs les mieux réussis avec quelques breaks bien portés par les voix. Second problème, la batterie. Pas convaincante, pas impactante et surtout un mauvais son, sur la caisse claire j'ai parfois plus l'impression d'entendre des MIDI du premier DOOM (le jeu hein) qu'un instrument. De manière générale, Kamizol-K a quelques points à travailler pour s'améliorer mais possède déjà des bases qu'il faut exploiter.



HEADBLASTER : Depuis quelques années c'est la grosse mode du Southern/Stoner et Headblaster vient s'inscrire dans ce courant, mais pas vraiment pour le meilleur. Proposant une musique comme on en a entendu des centaines de fois, avec comme sujet la classique gueule de bois, le groupe me séduit moyen de base. En effet, Headblaster n'ose ou ne fais vraiment rien de spécial, reste dans le très très classique, on aurait pu espérer une touche plus lourde à la Wo Fat ou une petite tentative psyché à la Sleeping Karma, un truc qui change un peu quoi. La chanson ne marque vraiment pas, malgré un p'tit grain de guitare typé Pantera, due à son manque deux surprises, deux-trois riffs, un break et on est parti. C'est tout de même assez dommage de se limiter comme ça surtout avec un étonnamment bon solo. Mais toutefois, je salue la prestation du chanteur avec une voix vraiment plaisante et sûrement avec du potentiel, à condition que lui aussi comme tout le groupe, ose plus et se lâche un peu.

LAZY HOLLOW : Trio de Heavy avec quelques influences Thrash, Lazy Hollow sent un peu les années 90 avec une énergie bien portée par la bonne chanteuse. Cependant, les guitares gagneraient à se diversifier et la batterie à gagner en puissance. Sans être réellement un bon morceau, « On My Way » dégage un p'tit côté séduisant  d'Old Shcool entraînant qu'auraient dû appuyer des riffs plus percutants. Il en va de même pour la batterie qui, si elle est plus varier, devrait plus marquer les variations et les temps fort de la musique.


- Sarcastique

dimanche 25 septembre 2016

COMPILATION FRENCH METAL PT.1 - La Porte des Damnés - Juin 2016


     Tentative d'un format ou peut-être simple one-shot pour l'occasion, je ne sais pas encore trop. J'ai tout de même voulu m'essayer à l’exercice de la chronique de compilation "tremplin". C'est donc environ quarante groupes (plutôt vingt ici vu qu'il y deux parties) qui vont passer d'un coup dans nos lignes. Curieux depuis longtemps de ce proposait French Metal dans ses compilation, je me suis décidé à m'en procurer une. Si certains groupes n'apparaissent pas dans l'article, c'est tout simplement qu'il ne m'a pas semblé ni pertinent ni intéressant de les traiter et j'assume l'entière responsabilité de ce choix.





S.U.P/SUPURATION : Morceau d'ouverture, avec l'excellente formation française de Metal Avant-gardiste, qui (re)présente une pièce pourtant plus conventionnelle que d'habitude, assez dépouillée de son aspect Death Metal et Expérimental, pourtant les bases de la formation. Si le morceau est posé, bien écrit et maîtrisé, on est assez loin dans ce que peux produire le groupe en terme de qualité d'écriture ou d'ambiance. « Pain Injection », originellement issu d'« Anomaly », n'est pas un morceau que je considère comme mémorable dans la discographie de S.U.P malgré un crescendo bien amené, dommage. 

MORTUARY : Déjà passé dans nos lignes, on sait tout à fait ce que valent les vieux briscards de Mortuary. « Empty », issus de l'excellent « Nothingless Than Nothignless » (chroniqué par le collègue Pestifer ici), est un un condensé du meilleure du Death teinté de Thrash. Niveau énergie et violence, on fait difficilement mieux. Morceau très thrashy, pas forcément représentatif de l'entière discographie du groupe, « Empty » est tout de même écrit avec brio. Rien que pour son solo le morceau vaut le détour. Si ce n'est pas forcément la facette du groupe que je préfère, force est de constater qu'avec ses riffs ultra neck-breaker, son énergie folle et son écriture peaufinée par l'expérience, « Empty » est un morceau d'excellente facture pou un groupe de qualité.

DARKRISE : Avec son morceau tiré de « Fear, Hate & Corruption », voici les suisses de DarkRise. Encore un groupe qui a pas mal roulé sa bosse dans l'underground et il suffit d'entendre « Allegiance » pour leur reconnaître du talent. Avec un Death Metal violent et implacable, les suisses frappent dur. Cependant j'ai toujours eu du mal avec ce groupe dont on m'a pourtant dit tant de bien. DarkRise est super efficace, carré, puissant mais produit un Death qu'on a eu à toutes les sauces. On a l'impression de voir la même pièce en boucle, sans évolution, sans surprise. Ce déchaînement de violence indéniable que DarkRise met en place sur « Allegiance » est malheureusement terni par cet aspect de déjà vu, déjà entendu. Comme sur leurs précédentes sorties, il m'est difficile de nier la qualité du groupe mais il n'arrive jamais à me convaincre pleinement.  

HYSTERIA : Tiré du plutôt bon « Flesh, Humilation and Irreligious Deviance » sorti il y a peu, « Demon From The Past » est une agression directe à base de Death Metal ultra-violent (du moins au début), perverti de quelques touches Black Metal. Un chant de très bonne qualité répand sa haine sur les mélodies acérées des guitares et une batterie qui fait tonner la double pédale. La seconde partie du morceau me séduit beaucoup moins, avec un changement d'atmosphère très brusque et cela malgré une reprise du thème principale. Le morceau perd assez brutalement en énergie sans toutefois regagner quelque chose ailleurs. Les mélodies proposées dans cette seconde partie n'apporte pas grand-chose à la pièce à mon sens, en tout cas pas en cohérence avec ce que pouvait véhiculer le début.


ATLANTIS CHRONICLES : Certainement le groupe le plus connu de cette compilation, les parisiens sont évidemment ultra-carré, possède une grosse qualité d'écriture qu'ils font sentir par la flopée de riff, mélodies, arrangements et j'en passe, qu'ils envoient sur toute la durée. Le groupe évite la simple démonstration technique et porté par le groove issus de leur facette Deathcore, les cassures et plans techniques de leur Death moderne, Atlantis Chronicles livre une pièce variée, très fournie sans perdre en cohérence ou  l'auditeur. La basse est très mise en avant pour des instants de bravoure mais la batterie, malgré son jeu impressionnant, me dérange un peu avec un son hyper triggué. Comme il fallait s'y attendre, gros morceau, peut-être un peu générique malgré un côté épique et grandiloquent appréciable.

MITHRIDATIC : Un sample, des dissonances et une grosse batterie, les premières secondes d' « I Will Harm » annoncent parfaitement la suite de la pièce. D'un Death/Black dissonant, Mithridatic sème la mort et la terreur. Avec un riffing cauchemardesque et halluciné, qui n'est pas sans rappeler certains plans de Svart Crown ou de Morbid Angel. Le batteur, d'ailleurs membre de Svart Crown, s'en donne a cœur joie sur sa double pédale, à la limite de l'excès. Gros jeu également au niveau du chant, avec une alternance Death classique à un ton plus Black possédé avec toujours le placement juste. La virulence de ce titre se fait grâce aux alternances de jeu, les accélérations après chaque breaks sont des plus brutales. Seul petit reproche pour un blast-beat quasi permanent un peu lassant. Très gros morceau proposé par les stéphanois, issus d'un album de qualité, violent, varié, incisif que j'avais déjà aimé. 


VOLKER : Petite surprise et plutôt bonne que Volker. Totalement inconnu au bataillon pour moi, malgré un line-up avec un certain bagage (Otargos, Regarde les Hommes Tomber, entre autres). On retrouve également Jen Nyx, ancienne chanteuse de Noein, que je découvre dans un autre registre. Mélange de DarkRock, de Doom avec parfois quelques senteurs Black dans les mélodies, Volker séduit. Le timbre de voix, assez particulier, presque en décalage avec la musique, apporte cette  touche provocante, insolente au morceau et qui fait son charme. Le chant est un gros point fort du bien nommé « Bitch », diversifié et accrocheur, il porte vraiment la pièce. La musique autour est quant à elle très catchy, mêlant l'atmosphère DarkRock à un son plus typé extrême, voire à des plans très Black pour un résultat possédant une alchimie et une énergie surprenante. C'est donc une excellente découverte.

POST-MORTEM : Plus classique, Post-Mortem est une formation de Death Metal sur lequel l'influence de Dying Fetus est indéniable. De facto, la chanson est bien lourde, avec un refrain plutôt efficace, ponctuée par ces petits riffs incisifs dont Dying Fetus et consort ont le secret. Cependant, moins technique et plus old-school que son inspiration, Post-Mortem ne s’embarrasse pas sur cette chanson d'un solo parfois inutile et gagne en violence brute. Nous disions donc moins technique que leur inspiration certes, mais presque aussi puissant avec un chanteur moins gruik gruik mais caverneux à souhait. Malgré une influence évidente, les vieux briscards possèdent leur propre patte et maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts. 

RADICAL HERESY : Si le Thrash Old-School avec une touche Cross-over, c'est toujours sympathique il n'empêche qu'on en aura vu passer des groupes et des groupes de ce genre. Les alsaciens de Radical Heresy ont-ils quelques choses en plus ? Pas vraiment, ce qui n'empêche pas « Mother of Destruction » d'être plaisante, de posséder quelques bonnes idées et la pèche authentique du petit groupe, celle qui fera toujours plaisir, particulièrement dans le Thrash. Cependant avec un chanteur parfois un peu décalé, pas toujours assez puissant, beaucoup de choses déjà trop entendues, difficile pour Radical Heresy de vraiment faire forte impression. Plaisant, sûrement encore plus en live, mais pas inoubliable. 

MEZCLA : Avec son morceau « Luciérnaga », Mezcla propose un Death très influencé par le Heavy. Bourré d'énergie, avec quelques riffs old-school plaisants et un solo bien écrit, le groupe accroche. De plus, le chant en espagnol apporte une petite nouveauté bienvenue. Toutefois, en dehors de ces moments d'éclats, le riffing est celui d'un MéloDeath assez convenu, ce qui fait perdre de son attrait à la chanson. Les bonnes phases du morceau ne suffisent à le rendre vraiment intéressant, malgré certains point vraiment réussis. Le groupe montre par certains aspects qu'il est capable d'accomplir de bonnes choses, il ne lui reste qu'à développer une identité et une écriture plus personnel en approfondissant ses points forts. 

KOPPER8 : Après une petite intro qui n'annonce pas vraiment la suite, Kopper8 démarre sur les chapeaux de roues avec un Thrash/Death virulent et direct. Ça joue dans tous les sens, ça break par-ci, ça envoie un solo par là et ça case encore un p'tit chœur thrash dans un coin. Très efficace avec un jeu de batterie bien exploité pour souligner la violence des guitares. Je reste tout de même un peu dubitatif sur ces intro/outro à la guitare classique qui viennent un peu casser le rythme et l'ambiance. Kopper8 à de l'énergie à revendre, riff secoueurs de nuques, batterie rouleau compresseur et autant de passages à reprendre en chœur, « Addiction », comme toute la musique du groupe d’ailleurs, semble taillé pour le live où elle doit probalement prendre son plein potentiel.

ALPHA SPECIMEN : Curieux mélange que celui-ci, à savoir le Death progressif et ce qu'on pourrait appeler, sans mépris, le « Metal à chanteuse ». Il faut bien avouer que la mixture prend, entre ses nappes de claviers et ses structures rythmiques plus progressives, Alpha Specimen arrive à installer son identité et une certaine alchimie. L'écriture et chaque élément sont parfaitement dosé pour former une osmose réussie. Je trouve assez peu de défaut à «  P.H.A.S.M », certes ce n'est pas vraiment le genre que j'apprécie, mais je lui reconnaîs sa qualité, son écriture et certains de ses sonorités intéressantes. 

ASILIAN : Malheureusement, Asilian propose un Death assez moyen, répétitif et manquant cruellement de violence pour convaincre, malgré quelques moments plus marqués mais trop rares. « Éventrée » n'est pas une mauvaise chanson mais pas bonne non plus. Si le chanteur et certains riffs sauvent les meubles, le morceau et particulièrement la batterie sont redondants. De ce fait le peu d'énergie et de violence qu'Asilian parvenait à instaurer se perd en répétition, ce qui rend  « Éventrée » très oubliable. 

DYSSOMNIA : Si « Confrontation » est un peu longue à démarrer, elle se rattrape en proposant un Death aux riffs et breaks thrashy. Encore une fois, rien de bien original mais la chanson, bien construite, est plaisante et plutôt réussie. Le batteur porte bien le morceau avec une grosse caisse savamment dosée. Le problème de ce Death/Thrash un peu moderne, ce que l'on en attend un peu le renouveau. Dyssomnia sait indéniablement y faire et exécute sa musique avec un talent certain, je prend pour exemples les très bons breaks ou deux trois riffs plus éclatants. Mais il n'empêche que je ne suis pas convaincu par « Confrontation » à qui il manque un petit plus de différent, de personnel pour vraiment être bonne.

DEADLY WHISPERS : Encore et toujours du Thrash, avec cette fois ci Deadly Whispers qui claque une agressivité et une rapidité plus que plaisante. Mention spéciale au sample de tir, toujours à la jonction parfaite du mauvais goût et du savoureux. Droit au but, avec des riffs ultra prenants les sudistes ont de quoi user des nuques. Si l'on rajoute à cela, un groove endiablé, alors que demande le peuple ? Les guitares se permettent de glisser ici et là quelques harmoniques bien placées pour mon grand plaisir. Le jeu de batterie et son alternance sert à merveille celui des guitares avec une puissance bienvenue. La petite pointe Death vient porter les variations qui évitent à « Merchant of War » de lasser et de perdre en virulence. Commun certes, mais très efficace et réussi, Deadly Whispers propose un morceau détonant, probablement encore meilleur sur scène. 

IN SHADOWS AND DUST : Je prend rarement le temps d'écrire sur ce que je n'aime pas, mais cette fois c'est une exception.  Je suis carrément assez surpris que ceci ce trouve dans la compilation. Je trouve personnellement « Black » particulièrement mauvais. Un Metal vaguement Black/Death, épuré de toute violence, haine, agressivité ou autre chose qui caractériserait normalement ce genre.  Tout paraît mou et fade, le grain de guitare sonne presque Metal Sympho et tout semble horriblement aseptisé. Même le mixage, pourtant probablement refait par French Metal, me semble moche et mou. Je donne sûrement l'impression de m'acharner un peu, mais tout me paraît raté dans ce morceau. Les riffs sont inintéressants ou lassant, la batterie tente parfois des choses mais de façon parfois un peu étrange, seul le chant est correct. A mon sens, « Black » est donc un échec retentissant. 

COLOSSUS FALL : Les suisses de Colossus Fall nous propose un Post Hardcore "viril", un peu fat, proche (trop?) d'un Converge ou  Mastodon. En effet, il est aisé de comparer le groupe à ces deux ténors de la scène sur plusieurs aspects. Si du coup, « Nonversation » est souvent un peu prévisible et réchauffé, il n'empêche que Colossus Fall sait y faire. La rythmique fait plutôt le taff et le chant viriliste et gras assez typique marche toujours sur moi. Toutefois, difficile d'éviter un manque de personnalité dans l'écriture, voire même dans le chant où certains passages m'évoque Mastodon. Le groupe sait y faire mais il lui faudra se trouver et apposer sa marque sur sa propre musique pour devenir vraiment intéressant.

CANCEL THE APOCALYPSE : Petite surprise sur le coup car Cancel the Apocalypse joue une sorte de Metal par le biais d'instruments classiques comme je n'en avais plus vue depuis quelques années. Si l'idée peut-être est bonne, elle est ardue à réaliser je pense. Le résultat prend pas du tout avec moi, j'ai du mal à trouver une cohérence entre les instruments qui pourtant ont souvent des mélodies intéressantes. C'est bien dommage car vraie impression de puissance se dégage parfois, même avec des instruments classiques et la première minute m'avait plutôt plu. Cependant, j'ai le plus souvent l'impression d'entendre un agglomérat de notes que des mélodies cohérentes entre elles sur toute la durée de la chanson.


- Sarcastique

mercredi 3 août 2016

PALE FROM SUNLIGHT - THE FAMILARITY OF LOSS




PALE FROM SUNLIGHT


- The Familarity of Loss






Genre : Depressive / Atmospheric Black Metal
Label : Great Plain Depression Records 
Date : 15 Juillet 2016

Tracklist :
1. The Mourning Rain
2. Dismal Dreaming
3. With Veins of Ice
4. Screaming the Eulogy
5. Hopeless Lament
6. Time Heals Nothing
7. Hope Just To Sin
8. My Light Has Burned Out






  Après un premier pas timide mais enthousiaste, en l’objet de 3 productions au fil de l’année dernière (l’une d’entre elles n’est certes qu’une reprise parue à part, pais il serait injuste au vu de sa qualité de l’exclure au compteur), Pale of Sunlight remet le couvert cet été avec son EP le plus conséquent, « The Familarity of Loss ». Encore une autre étape dans la carrière, discrète mais non moins sincère, de la formation qui place à chaque nouvelle sortie la barre plus haut et ne déçoit en rien; une marche peut être prudente, mais qui du même coup ne s’emballe pas et prend garde à ne pas trébucher. 
  En effet, la composition des morceaux, déjà auparavant astucieuse et bien à côté des clichés surfaits du DSBM coutumier, se fait de plus en plus mature et habile, mesurée et juste, loin de l’exagération d’une déprime plastique aux symptômes usagers que l’on rencontre malheureusement trop souvent dans le genre. Pale of Sunlight a d’original et de talentueux ce à quoi peu peuvent prétendre atteindre. « The Familarity of Loss » est un éclatant exemple d’une synergie parfaite entre guitare, basse, chant, claviers et percussions, chaque instrument offrant le meilleur de son panel de sonorités et d’émotions exprimables tour à tour, dans un ballet virtuose qui ne laisse, les oreilles sinon le coeur de l’auditeur, se reposer à aucun instant. Si les guitares viennent à s’estomper, après les témoignages d’une orageuse dépression commis par un riffing rugueux et grave, dans de discrètes mélodies d’arrière-fond, déjà presque oubliées, le vocaliste ou le batteur sauront s’évertuer à garder l’auditeur en haleine, proposant une tout autre émotion par des hurlements au timbre assez large pour de nouveau occuper le terrain, ou une entrée en jeu du percussioniste décidément habile, qui sait jouer de ses avantages et toutefois rester sagement à sa place de batteur de black metal atmosphérique/depressive. 
  Les musicens sont assez habiles pour se renouveller quasi perpétuellement (à chaque fois qu’une partie est finie, en fait) pour proposer une tout autre construction sonore, l’importance des rôles des différents instruments ne cessant de changer pour approfondir sans cesse l’un ou l’autre aspect de leur entité musicale, Pale of Sunlight, titre d’un DSBM mélancholique, perdu dans les affres d’une douleur acceptée, loin d’un désespoir qui regrette l’aube d’un bonheur passé, mais plutôt soeur d’une tenace lassitude remplacée uniquement par une lancinante souffrance de l’agonie qu’est devenue cette vie résignée.
  En parlant tout à l’heure de coeur, il peut paraître risqué pour la formation d’aborder avec franchise le sujet d’un amour perdu et déséspéré plutôt que d’un misanthropisme bien plus usuel dans le genre, peut paraître risqué pour le groupe (et oui, même ici, on aime souvent jouer les gros durs). Mais détrompez-vous, loin de l’emo/goth de 14 ans et demi déprimé par sa première déception amoureuse, les deux musiciens masqués proposent une approche très mature d’une représentation complète du déséspoir, du dégoût et de la tristesse humaine, comme peut y parvienne, loin de l’idéalisme idyllique généralisé, et tout de même à côté du cynisme dégoûté indécrottable, et très certainement saoulant au bout d’un moment. 
  La pièce est souvent composée d’entrées en matières faites de sonorités naturelles, de la pluie, du vent ou du simple silence peuplé d’interférences sonores à peines perceptibles, qui enflent doucement en de lentes processions de mélodies linéaires noyées de reverb, pour passer plus tard à un dégoût de soi balbutiant de rage, ou tout au contraire perdurer tout le long du titre pour mourir dans le souffle torturé du vocaliste à l’article de la mort. Ce dernier est d’ailleurs à féliciter, sa faculté à camper différentes émotions et les traduire par sa voix est d’une rare efficacité et justesse dans le propos, encore une fois, de concert avec l’oeuvre toute entière, c’est-à-dire mesurée. Capable de s’écorcher les cordes vocales dans un reverb vide et caverneuse à la fin d’un riff en crescendo, autant que de proférer d’infâmes plaintes éraillées, que de lancer des hurlements stridents et aiguisés palpitants de noire tristesse, le dénommé Vemetrith enchaîne une technique à l’autre, s’époumonant dans des cris growl doté d’un coffre surprenant, versant d’amers sanglots teintés d’une inexorable douleur, et lançant des hurlements stridents et aiguisés palpitants de noire tristesse. 
  Si ce sont bien les mêmes thématiques et grosso modo la même atmosphère que nombres des innombrables formations de depressive/atmospheric black metal proposent, elles sont amenées avec bien plus de justesse que la plupart de celles-ci ne le font. Bien à côté des émotifs qui se regardent dans leur douleur (si véridique soit-elle), c’est un travail de véritables virtuoses livré ici, doté de suffisamment de sentiments pour persuader, mais aussi d’assez de maturité, de procédés musicaux et d’orchestration pour convaincre, chose bien plus rare.






- Pestifer






jeudi 21 juillet 2016

COSCRADH - Coscradh



COSCRADH


- Coscradh








Genre :  Black/death
Label : Invictus
Date : 29 Juillet 2016


Tracklist :
1. Buried
2. Lynch
3. Drowned
4. Coscartac






     Après une (très) certaine absence, d’occupations et d’excuses bidons au service de ma flemme indécrottable, je me remets au service, avec un cadeau d’excuse qui n’en est pas des moindres (vous remarquerez ma tentative de rattrapage par la biais d’une sortie sur laquelle je n’ai aucune quelconque influence, mais que serait la tête si elle n’était pas sur le plateau d’argent, hein ?). Bref, voilà Coscradh, formation tout droit venue des terres pluvieuses et froides de l’Irlande, celle où l’on aboye de l’argot gaélique gratifié de crachats glaireux, et où bouillonne dans le coeur des hommes une fureur guerrière, inextricable de rancoeur et et de fougue. 
  Première démo éponyme du groupe, elle ne tergiverse point dans la timidité ou le doute. Toute la pièce est une grande tapisserie représentant un folkore irlandais crasseux et plein de mystères, sur laquelle les musiciens en colère badigeonnent à grands coups rageurs de pinceaux imbibés de sang, pour y peindre d’immondes figures archaïques et y inscire d’infâmes messages de mort à tout prétentieuse tentative de raffinement ou de futile subtilité de la part de l’espèce honnie et absurde des hommes. Face aux faibles innocents qu’ils rêvent de massacrer, pensée largement appuyée par les riffs vociférants et efficaces de guitare, des grognements bruts et gutturaux du chanteur, et de la cacophonie vengeresse de la batterie, pourtant au début de la démo simple cadence martiale ramassée, qui verse de plus en plus dans l’éxutoire incontrôlé, Coscradh se dresse en s’armant d’une toute désignée rancoeur et envie sanglante de massacre arbitraire, tout en fulgurance et en sauvagerie, pour, sans tenter d’expliquer rationnellement cette folie, chanter dans cette ode à la violence la misère des humains, impuissantes victimes de la mort, dans la plus incompréhensible et révélatrice des psychoses humaines. 
  Les artistes se révèlent d’ailleurs audacieux, en sortant des limites du black metal (qui suffirait sans doute à plus d’un) pour faire muter leur oeuvre, à force de houlis dans leurs accords noirs et vindicatifs, à la forme bien plus lourde et pesante du death metal. Procédé qui met d’ailleurs en évidence, sous une lumière très intéressante, le lien logique des thématiques des deux genres, à savoir la violence et la rage, au service de l’ultime absolu de la mort, l’un allant de pair avec l’autre. Sans clamer une originalité folle puisque ce genre de mélange est très (très) largement répandu, les musiciens de Coscradh se dénotent par leur habilité à justifier cet amalgame (plutôt que d’y opter par simple choix artistique un peu hasardeux ou par conformisme des parutions actuelles de ce genres) avec des arguments facilement perceptibles au travers de leur riffing de violence monocorde, ne laissant aucun répit à l’auditeur, aucun silence. Les percussions qui ressemble de près à un tabassage en règle des fûts, le fond presque bruiteux fourni par la guitare rythmique, complexifié par des mélodies tarabiscotées et suraiguës (qui ne sont pas sans rappeler certains solos de Morbid Angel à ses débuts, des titres comme « Chapel of Ghoul » notamment), à la rapidité hallucinante d’une guitare harmonique hyperactive, le tout surplombé par les exhortations guerrières du vocaliste, donnent l’impression d’une plongée toujours plus profonde dans une tornade de violence et de rage. Toute l’oeuvre est construite par échelon de gravité et de violence, formant dans son ensemble une ovation toujours plus grandissante et contagieuse pour pousser son auditeur à la transe guerrière irrésistible, où tout est placé en-dessous du portrait hideux de la mort, sépulcrale et immuable. 
     Si le format est sans doute un peu court pour que la formation se dévoile dans tout son potentiel (et puisse être jugée par la suite), c’est un premier pas déjà très encourageant et mature de la part des musiciens, qui osent et réussissent là où les uns se perdent dans une symétrie insipide et facile des canons du genre, et les autres trébuchent, se perdant dans des concepts qui recherchent tellement l’originalité qu’ils en deviennent farfelus sans justification artistique qui tienne la route derrière. Un coup tout pile à l’endroit où il faut que ça bouge et qui, je dois le reconnaître, conquiert dès la première écoute. 

mardi 12 juillet 2016

INTERVIEW - N.K.R.T





Entrevue avec Frater Stéphane, démiurge de N.K.R.T, cérémonie noire aux multiples facettes, originaire de Rouen. Je suis donc aller quérir des informations sur cette musique obscure, empreinte d'un Black Metal vidé de ses instruments classiques et emplie de spiritualité.


I. Tout d'abord, pourriez vous présenter et décrire l'entité qu'est N.K.R.T ? Quelles sont ses aspirations, ses origines ?

Frater Stéphane : J'ai évolué sous les avatars "Nekurat" puis "Frater Stéphane" au sein du milieu Black metal en jouant dans les groupes Alienchrist, Hyadningar et plus tard Sordide. Au fil du temps, il m'a été de plus en plus difficile de trouver l'inspiration par le biais de la formule instrumentale du Black metal, j'étais obsédé par l'envie de prolonger ce style en en matérialisant ma propre vision. J'ai fondé Mhönos - d'abord comme un projet unipersonnel avant de le fusionner en une formation de cinq, six puis sept musiciens - afin de chercher dans des compositions débarrassées de la batterie et des guitares la transe rituelle et noire que je fantasmais. Au bout de plusieurs années, je suis perdu à travers l'organisation fastidieuse et des individualités de la formation. Je n'arrivais plus à créer. J'ai alors tout abandonné pour rejouer seul et retrouver les éléments Black metal et rituels que j'avais perdus mais - chose que je n'avais pas anticipé lorsque Mhönos était un projet solo - en pensant ma musique de façon à pouvoir la jouer seul en concert et en poussant l'épuration instrumentale un peu plus loin.
     Les origines de N.K.R.T sont à chercher dans le Black metal des années 1990, les musiques rituelles tibétaines ou la liturgie grégorienne. L'aspiration de N.K.R.T est donc de proposer un style directement issu du Black metal mais débarrassé des instruments issus du rock tels que la basse, la guitare, la batterie, pour focaliser sur la noirceur et la transe. La musique est majoritairement vocale et accompagnée par des instruments fabriqués à partir d'ossements, de pierres, de bois, d'argile, ainsi que par quelques instruments tibétains. A l'instar de Mhönos, le latin reste l'unique langue utilisée.


II. J'aimerais m'attarder un peu sur l'aspect sacré qui se dégage de la musique de N.K.R.T. Il y a t-il une obédience particulière derrière ou est-ce le fait d'une spiritualité plus personnelle ? Pourquoi l'usage spécifique du latin ? C'est une langue qu'on aurait tendance à associer à une culture plutôt occidentale et pourtant le voila mêlée à des instruments tibétains.

Frater Stéphane Il n'y a pas d'obédience particulière si ce n'est à la solitude et à l'isolement. Les textes sont des incantations appelant à la libération des tentations de l'ego et à l'acceptation de la vacuité en tant que seule vérité acceptable.
     L'usage du latin est motivé par le fait que la musique de N.K.R.T ne relève pas de la "chanson". En premier lieu et bien que les textes soient tous soigneusement écrits, la musique doit primer sur le message. Cet usage est aussi lié à la réserve et à la discrétion qui sont indissociables pour moi de N.K.R.T. L'usage d'une langue morte s'inscrit dans une vision globale qui consiste à jouer dans la quasi pénombre et le visage dissimulé. Le côté extatique de la musique doit primer sur l'individu qui ne doit jamais être mis en avant au risque de détourner le côté transcendantal en l'amenant vers un culte fantasmé de l'ego. Enfin, le latin, bien que langue morte, n'est pas un langage inconnu ou inventé. Les textes sont intelligibles si on passe par la traduction. L'association de cette langue avec les instruments tibétains, aztèques ou fabriqués par mes soins me paraît naturelle car elle véhicule un message universel : Scio me nihil scire « Je sais que je ne sais rien. »


III. N.K.R.T a performé sur scène déjà plusieurs fois, quels sont les retours ? Votre musique s'apparente à une cérémonie, sa vocation est-elle donc d'être jouée sur scène ? D'être vécue ? Le résultat obtenu vous satisfait-il ? J'imagine que cela doit être une musique assez difficile à mettre en place.

Frater Stéphane : Les retours sont très mitigés, allant du très élogieux à l'incompréhension totale. J'ai joué quelquefois parmi des groupes dont le public ne soupçonnait même pas l'existence d'une telle musique et terminé certains concert devant des salles presque vides mais je reste très satisfait car partager un concert avec quelques spectateurs est pour moi une chose formidable tant l'échange est palpable et sincère.
     La musique est en effet construite autour une ossature très rituelle et cérémonielle. Sa vocation est clairement d'être jouée sur scène et les enregistrements se font à la façon d'un concert en solitaire, de façon "live". Lorsque je me plonge dans le rituel de N.K.R.T, je laisse la musique m'envahir et me transporter presque au dessus de mon corps. Le résultat obtenu est une catharsis, une thérapie. Je suis plus que simplement satisfait car cette pratique est devenu au fil du temps nécessaire à on équilibre.
Sa mise en place est en revanche assez aisée en comparaison d'un travail de groupe car sa pratique exclusivement unipersonnelle - en dehors des collaborations occasionnelles - m'a permis de ne plus être tibutaire de l'organisation liée à la pratique collective et n'étant tributaire que de moi-même, de travailler énormément et facilement.



IV. A propos de la construction musicale, je suis  curieux de savoir comment composez vous une telle musique ? Est-ce par exemple une musique écrite au sens classique ? Nous avons déjà abordé  ce qui pourrait être des influences, mais il y a-t-il des sources d'inspirations particulières ?

Frater Stéphane La musique est construite autour d'une trame composée et ordonnée autour du texte chanté. Ensuite, en suivant les rythmes de la psalmodie, de la narration et la durée élastique des quelques parties instrumentales, l'interprétation varie au fil des concerts. Je pense que c'est ainsi que la musique reste vivante.
     Il y a comme pour tout des sources d'inspiration particulières. J'ai été très marqué par un concert d'Attila Csihar avec son projet solo Void Ov Voices et par des concerts des moines tibétains de l'école de Gyutö aux quels j'ai assisté. Les albums Filosofem de Burzum et Pornography de The Cure ont façonné ma personnalité et ressortent forcément _ même de façon infime - à travers la musique de N.K.R.T. J'ai également été très influencé par un groupe de ma ville - Rouen - et que je considère comme l'un des plus brillants qui soient : ROSA CRUX. Ma ville qui est une cité à la fois très gothique et très industrielle exerce aussi une influence considérable sur ma façon de voir les choses. J'ai oublié de citer Abruptum qui est un des groupes qui a pour moi remis beaucoup de choses en question musicalement.


V. A l'heure de la musique numérique, pourquoi ces instruments atypiques tels qu'entre autres les os et les pierres ? Qu'associez vous personnellement à ces instruments organiques, là où bien d'autres se servent de synthétiseurs ?

Frater Stéphane : Jouer de la musique avec des matériaux naturels m'a toujours beaucoup attiré. Je les associe naturellement à la voix qui est l'essence même de la musique organique. Souffler dans des os ou les percuter par exemple, ça a quelque chose de très primitif, presque chamanique. C'est inhérent à la quête de la transe au travers de la pratique de la musique. J'utilise toutefois des pédales d'effets tout en veillant à me limiter à l'analogique.



VI. J'aimerais me pencher un peu plus sur « Niger Ritus », qui est récemment sorti en cassette chez Tour de Garde. Comment pourriez vous le décrire ? Quelles sont les clefs permettant d'appréhender cette œuvre en particulier ? En surface une musique comme la votre peut sembler très opaque et les différences entre les pièces et œuvres peuvent sembler obscures au profane.

Frater Stéphane : Niger Ritus est une captation réalisée dans l'intimité de ce que je propose en concert. Cet enregistrement est construit comme un triptyque qui illustrerait un cheminement de la lumière vers les ténèbres, mis en musique par une progression des chants clairs et psalmodiés vers le chaos des vocaux hurlés, accompagnée par les ajouts successifs des instruments.
     Pour aborder la pièce, je pense qu'il faut laisser de côté toutes les attentes liées aux codes habituels des musiques extrêmes et prendre le temps de l'écouter d'une traite. La progression dans la noirceur peut paraître obscure et chargée compte tenu de la densification des couches vocales et instrumentales. Je pense et j'espère qu'elle mérite plusieurs écoutes pour réussir à s'y immiscer et à s'en imprégner.



VII. Vous l'avez dit, vous avez longtemps été un acteur de la scène Black Metal française (Hyadningar, Alienchrist et Sordide entre autres) mais depuis quelques années, vous semblez vous être tourné d'avantage vers d'autres horizons avec des groupes comme Mhönos ou l'excellent Spleen XXX. N.K.R.T semble faire la jonction de ces deux univers, ce projet est-il une continuité, une évolution de votre Black Metal, de votre musique ? Vous disiez vouloir vous débarrasser des instruments hérités du Rock. Les perceviez-vous comme une limite dans l'expression de votre art ? Comptez-vous tout de même refaire partie d'un projet Black Metal plus classique ?

Frater Stéphane : J'ai retrouvé au travers de N.K.R.T la liberté et l'entrain que je ressentais lorsque j'avais enregistré le premier album de Mhönos, Miserere Nostri. Pour moi, ce projet est la continuité directe de cet album et effectivement une évolution de "mon" Black metal. Les choses sont un peu différentes pour Spleen XXX qui est un duo et qui évolue dans une esthétique complètement cold wave/ post punk.
     Je ne considère pas les instruments traditionnels comme des limites mais j'ai cette velléité peut-être déplacée de ne pas m'inscrire dans un style déjà existant avec N.K.R.T. En 2014, j'avais composé et joué en concert un très long morceau basé sur l'emploi de la guitare, de la voix et d'une boite à rythmes mais je n'en étais pas satisfait. J'ai tout abandonné pour me lancer dans la recherche de nouvelles sonorités.Je pratique toutefois toujours le black metal de façon classique au sein d'un duo très "orthodoxe" qui s'appelle Mythrim et dont Tour de Garde a également sorti un enregistrement mais nous ne comptons pas jouer en concert.


IX. Une question peut-être un peu plus légère. Il y a-t-il des projets/personnes, metal ou non, avec qui vous aimeriez partager une affiche ? Ou une collaboration que vous désireriez ? Je pense par exemple à des unions telles que Sunn et Attila Csihar, que vous avez déjà cité.

Frater Stéphane J'ai très récemment eu le plaisir de collaborer avec une artiste très talentueuse qui habite la même ville que moi dont j'admire le projet "Clairière" que je vous invite à écouter. Cette collaboration a été enregistrée et sortira bientôt sur son propre label, Convulsion Solaire.
J'aimerais aussi collaborer avec des musiciens venant de traditions musicales extra-européennes.
Des collaborations avec des entités ou personnes incroyablement brillantes que Sunn ou Attila Csihar relèvent du rêve pour moi car je m'imagine plutôt comme un spectateur ébahi devant leurs prestations mais effectivement, elles me raviraient.


X. Et pour finir, Qu'envisagez-vous ou qu'espérez vous comme suite et avenir à N.K.R.T ?

Frater Stéphane A l'avenir, j''espère continuer à trouver des endroits et des organisations de concerts qui apprécient N.K.R.T et souhaitent me faire jouer. La suite que j'espère le plus, c'est de continuer à m'épanouir autant au sein de cette pratique musicale



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dimanche 26 juin 2016

EUTHANIZED - EUTHANIZED






Euthanized


Euthanized






Genre : Raw Black Metal
Label : Indépendant
Date de sortie : 1er Juin 2016

Tracklist :
1. Tunica Molesta
2. From Beyond a Shallow Grave
3. Confronting the Absurd
4. Chained to Stone
5. A Troll for the Wretched






Ça faisait quelque temps maintenant que je n'étais pas tombé sur une bonne démo de Raw Black avec un son bien crade. Le plus souvent, c'est simplement juste un artifice cache misère pour des musiciens médiocres et une composition éculée. Si actuellement, il semblerait qu'aimer le low-fi Black fasse passer pour un kéké beauf trvekvlt, il me semble important de rappeler que beaucoup des grand noms ont commencé avec d'excellentes Démo de ce type. Ce qui me permet avec cette habile transition, de parler des ressemblances de ce groupe avec les tout premiers Mayhem et surtout avec Hellhammer, la composition et la malignité dégagée au travers des pièces de Euthanized me rappelle ce qu'on peut entendre dans ces deux formations. Ce trio canadien sort sa première démo, pleine de haine, de rage et de violence. Aux nostalgiques, les débuts du Black ne sont pas loin.

Dès le premier morceau Euthanized pose un groove possédé n'ayant rien à envier aux suisses d'autrefois, la prod' grésille et la batterie claque comme si elle jouait à côté de toi. Blacklung au chant donne tout ce qu'il a dans les tripes et même si ce n'est pas toujours très varié, force est de constater que les tripes sont là, c'est d'ailleurs un commentaire que l'on pourrait appliquer à l'ensemble de cette démo. C'est direct, viscéral et haineux, pas besoin de passer par quatre chemins quand on veut aller directement à l'essentiel. Et ça, les canadiens l'ont bien compris, pas de fioritures, simplement une agressivité musicale primaire mais diablement jouissive. Qui dit Raw Black dit bien souvent une part de Punk derrière et Euthanized ne déroge pas à la règle. Cela induit donc un groove violent et une flopée de riffs ultra neckbreaker sans pour autant tomber dans la redondance, le tout porté par la haine du Black Metal. Avec ses guitares très typées début 90, Euthanized ne tape pas vraiment dans l'originalité mais tape dur, les mélodies sont basiques mais efficaces, il y a de bonnes idées de rythmique prometteuses pour du live, une énergie folle et une agressivité non feinte. Le jeu de batterie y est pour quelque chose, puissant, venant poser un rythme très punk.
Je vais peut-être dire un gros mot, mais cette démo transpire l’authentique, si certes on pourrait lui reprocher sa production et certaines imprécisions, difficile de nier sa sincérité. Cette démo éponyme n'est pas mémorable et ne révolutionne rien, mais elle a une virulence et une énergie sauvage très prenante sur sa vingtaine de minutes. De sa prod' à ses riffs, tout fleure bon le Old School fait maison sans non plus sentir le réchauffé. Contrairement à ce qu'on pourrait attendre après une telle débauche d'énergie et un départ sur les chapeaux de roues, Euthanized ne s'essouffle pas et sait diversifier ses mélodie et son jeu sans perdre en virulence.

Cette première démo éponyme pourrait faire partie de toutes celles que l'on voit passer sans s'en souvenir, pourtant celle-ci se démarque du lot et à su me plaire grâce à sa fougue. C'est vraiment par son côté sincère et sa violence, sublimé par une production bien crade qui fait toujours son p'tit effet, qu'Euthanized fait la différence. Si on rajoute à cela un coté très HellHammer sans tomber dans le pâle copie, le résultat est bon, pas exceptionnel et loin d'être novateur, mais bon et c'est ce qui compte. Typiquement le genre de sortie qui passe inaperçue et qui pourtant est tout à fait capable de trouver son public.

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samedi 4 juin 2016

DØDKVLT - IV: YOU SOUGHT THE TRUTH ONLY TO FIND DEATH




Dødkvlt



 IV: You Sought the Truth Only to Find Death






Genre : Experimental Black Metal
Date de sortie : 14 Mai 2016

Tracklist :
1. Within the Chamber of Unheard Whispers
2. King of a Thousand Suns
3. As the Darkness Descends upon Us
4. Of Dust and Bones
5. Beyond the Halls of the Fleshless
6. This Is the End of All








      Pas facile de distinguer dans toute la bouillie de metal extrême venue de Scandinavie, le bon grain du mauvais tant on voit passer d'albums. La preuve en est qu'il aura fallu attendre le quatrième album de Dødkvlt pour avoir vent de l'existence de ce one-man-band finnois formé par Lord Theynian, également membre de l'excellent Barathrum et de MMD. Une quatrième œuvre complète, expérimentale et aboutie, semblant faire la synthèse des précédents albums. Explorant toutes les possibilités du Black Metal et voire même un peu plus loin, « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » ose et réussit à poser de multiples ambiances toutes plus malignes les unes que les autres pour une heure d'un Black Metal de haute volée. 

      Dødkvlt brasse musicalement large bien que tous ces éléments servent un but commun, cette atmosphère morbide qui suinte de l'album. S'il me semble un peu moins expérimental que le précédent, IV use tout de même de nombreux artifices afin de poser ses ambiances sur toute sa durée. Une flopée de riffs et mélodies sont mises en place sur ces six morceaux parfois mélodiques parfois plus directs, mais aussi disparates soient-elles, chaque pièces s'emboîtent dans une mécanique que Lord Theynian a peaufiné au fur et mesure des albums. A la croisée des chemins entre le rituel, l’agression et le cauchemar, l'album joue sur plusieurs tableaux et ne semble échouer nul part. 
      Dès le premier riff le chaos rampe, l'ambiance de cet album est lourde et une pointe de Death Metal n'est souvent pas loin. La première pièce pose l'ambiance de ce que va être l'album entier, par un mid-tempo oppressant et une ambiance hallucinée qui ira crescendo tout au long de l'opus. Celle-ci est mise en place par les nombreux riffs, arpèges dissonantes, break implacables, tremolos incisifs. Les structures et l'agencement même de ces sonorités sont assez surprenant, les variations de mélodies sont fréquentes et Lord Theynian n'hésite pas à perdre son auditeur en brisant une ambiance pour une autre très différente. C'est la une grande force de l'album, là où d'habitude ces changements sont des erreurs maladroites, ici ils ne sont qu'un moyen maîtrisé de plaquer une ambiance générale sans repère, laissant libre cours à l'art noir et ses possibles. Cet aspect de structuration/destructuration n'est pas sans rappeler ce que peut faire Abigor, où l'auditeur est bringuebalé par le remous musicaux imposés. Adeptes du mono-riff et de l'easy-black, passez votre chemin ! Si je viens de citer Abigor, d'autres noms me viennent en tête à l'écoute de IV, tout d'abord certains riffs très Inquisition sont immanquables, il suffit d'écouter « Within the Chamber of Unheard Whispers » pour en avoir un parfait exemple. L'aspect de rituel sardonique et dissonant, ainsi que d'autres mélodies dégagées ici, sont surtout à rapprocher d'un Dødsengel. Mais au-delà de certaines accointances, Dødkvlt crée par sa richesse musicale son propre univers qui trouve son apogée dans sa fin avec cette pièce exceptionnelle qui vient conclure l'album. « This is the End of All » est un condensé de bonnes choses, ses premières minutes très Deathspell Omegesque, sa grande messe macabre, ses presque transes liturgiques, ses dissonances malignes, son passage progressif, son interlude quasi Jazz et une fin grandiloquente (qui n'est pas sans m'évoquer une BO zimmerienne). Ce dernier morceau est une apothéose, la conclusion parfaite pour cet album, il est l'aboutissement et l'assemblage de chaque élément qui a pu être introduit au sein des précédents morceaux. Un final qui tient en haleine pendant plus de vingt minutes sans jamais ne serait-ce que faire mine de s'essouffler. 
      Si nous avons déjà abordé le riffing, les autres instruments ne sont pas en reste, distillant ça et là de nombreux éléments de second écoute faisant beaucoup pour la qualité de cet album. Impossible de passer à côté de ces soli de basses entre deux riffs ou ces mélodies de second plans. Il en va de même pour la batterie, parfaitement dosée, se posant toujours juste pour sublimer une ambiance et son rythme, tantôt puissante, tantôt feutrée à l'image des ses instants les plus jazzy. Le chant est au même niveau que le reste, déclamant, mugissant ou vociférant. Lord Theynian fait montre d'une intelligence d'écriture et d'une maîtrise de chacun des instruments, aucun n'est laissé de côté. De cette maîtrise naît l'osmose qui permet à l'album ces changements brusques d'atmosphères qui malgré la surprise semble si facile pour Dødkvlt. De là découle l'impression d'avoir affaire non pas à un album découpé en plusieurs pièces mais un monstre à plusieurs visages, chacun ayant sa propre identité mais servant un tout compact plus grand et plus noir encore que lui. 

      Quelle claque ce « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » ! Une heure d'un Black Metal bourré de variations, d'idées, de sous-mélodies au point qu'il faille à la fois le considérer comme un ensemble et à la fois le décortiquer pour en extraire toute sa saveur. Des samples à la guitare, tout est réussit et s'agence parfaitement malgré les structures complexes et différentes que l'album mets en place. Alliant le moderne et l'old school du Black Metal et de nombreux autres styles différents tel que le post-rock ou le jazz, Dødkvlt prend le risque de perdre son auditeur dans ses méandres mais quelle récompense pour le zélote averti. Je ne trouve aucun réel défaut à IV, bien que j'admet que sa complexité puisse en rebuter quelque uns. « IV: You Sought the Truth Only to Find Death » fut un album difficile à appréhender et à chroniquer due à sa flopée d'éléments mais il aurait été insensé de passer à côté car cet album est une pure merveille de Black Metal et de musique en générale. 

- Sarcastique

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